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P I ERRE-JOSEP H P ROU DHON
T H ÉORI E DE LA
P ROP RI ÉT É
BI BEBO O KP I ERRE-JOSEP H P ROU DHON
T H ÉORI E DE LA
P ROP RI ÉT É
1866
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1134-8
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A V ERT ISSEMEN T A U LECT EU R
placé e en tête du liv r e de l’ Art , nous av ons pris
l’ eng ag ement de dir e au public en quel état se tr ouv e le manus-D crit de chacune des œuv r es p osthumes de Pr oudhon.
Celui que nous publions aujourd’hui contenait deux notes ainsi conçues :
I. « A v ertir le le cteur de bien distinguer cee for me de p ossé der ( la
possession ), que tout le monde , savants et ignorants, même des légistes,
confond av e c la P ROP RI ÉT É, donnant le nom de celle-ci à l’autr e . »
I I. « P ROP RI ÉT É. D onner une analy se e x acte et fer me de toutes mes
critiques :
« 1 ᵉʳ Mémoire (1840) ;
« 2 ᵉ (1841) ;
« 3 ᵉ Mémoire (1842) ;
« Création de l’ordre (1843) ;
« Contradictions économiques (1846) ;
« Le Peuple, etc. (1848-1852) ;
« De la Justice (1858) ;
« De l’Impôt (1860) ;
« De la Propriété liéraire (1862). »
Pr oudhon ne v oulait p as fair e p araîtr e s a éorie de la Propriété , bien
qu’ elle fût prête dès 1862, ainsi qu’il l’annonçait dans ses Majorats
lié1é orie de la pr o priété Chapitr e
raires , avant que le pr ogramme tracé dans les deux notes pré cé dentes, et
surtout dans la se conde , fût r empli. L’auteur n’ayant p as eu le temps de
fair e lui-même ce travail, nous av ons cr u, dans l’intérêt de sa mémoir e ,
qu’il nous incombait de le supplé er . Il s’agissait princip alement p our lui
de montr er que ses idé es sur la pr opriété s’étaient dé v elopp é es suivant
une série rationnelle dont le der nier ter me avait toujour s son p oint de
dép art dans le ter me pré cé dent, et que sa conclusion actuelle n’a rien de
contradictoir e av e c ses prémisses.
Ce résumé for me les soix ante-deux pr emièr es p ag es de l’Intr o duction.
Nous y av ons pris la for me Je , comme si Pr oudhon p arlait lui-même : 1º
p ar ce que l’idé e de cee analy se lui app artient ; 2º p ar ce que ce travail
tracé d’avance ne constitue p as de notr e p art une pr o duction p er sonnelle ,
originale ; 3º p ar ce qu’il se comp ose en grande p artie de citations te
xtuelles de l’auteur ; 4º p ar ce que nous y av ons inter calé quelques-unes de
ses notes iné dites ; 5º enfin p ar ce que , dans les der nièr es p ag es du
chapitr e , Pr oudhon pr end la p ar ole comme s’il avait fait lui-même ce résumé .
Le le cteur ainsi av erti, nous n’av ons p as hésité à citer , à l’appui des
idé es de l’auteur , un fait judiciair e qui s’ est p assé depuis sa mort, et qui a
inspiré à M. Eugène Paignon un de ses meilleur s articles ( v oir Intr o
duction, p ag e 10).
D ans le r este de l’ ouv rag e nous n’av ons fait, comme dans le liv r e de
l’ Art , que de l’ag encement, de la mise en ordr e ; choisissant, entr e
plusieur s e xpr essions d’une même idé e , la plus lucide , la plus complète ; r
ep ortant aux chapitr es qu’ elles concer nent les notes ép ar ses,
complémentair es, e xplicativ es, dont la place était natur ellement indiqué e p ar leur
contenu.
Ajoutons enfin que les divisions p ar chapitr es n’étaient p as faites,
mais que les titr es se tr ouv ent tout entier s en for me de sommair e à la
pr emièr e p ag e du manuscrit.
J. A. LANGLOIS. F . G. BERGMAN N.
G. DUCH ÊN E. F . DELHASSE.
n
2Pr emièr e p artie
T H ÉORI E DE LA
P ROP RI ÉT É
3CHAP I T RE I
I N T RODUCT ION
§ 1. – D es div er ses acceptions du mot propriété.
’ 1840, j’ai r enouv elé ma pr omesse en 1846, de donner
une solution du pr oblème de pr opriété ; je tiens p ar ole aujourd’-J hui. A mon tour de la défendr e , cee pr opriété , non contr e les
phalanstériens, les communistes et les p artag eux, qui ne sont plus, mais
contr e ceux qui l’ ont sauvée en juin 1848, en juin 1849, en mai 1850, en
dé cembr e 1851, et qui la p erdent depuis.
La pr opriété , question for midable p ar les intérêts qu’ elle met en jeu,
les conv oitises qu’ elle é v eille , les ter r eur s qu’ elle fait naîtr e . La pr opriété ,
mot ter rible p ar les nombr euses acceptions que notr e langue lui aribue ,
les é quiv o ques qu’il p er met, les amphig ouris qu’il tolèr e . el homme ,
soit ignorance , soit mauvaise foi, m’a jamais suivi sur le ter rain même où
je l’app elais ? e fair e , qu’ esp ér er , lor sque je v ois des juristes, des pr
ofesseur s de dr oit, des lauré ats de l’Institut, confondr e la P ROP RI ÉT É av e c
4é orie de la pr o priété Chapitr e I
toutes les for mes de la possession, lo y er , fer mag e , emphyté ose , usufr uit,
jouissance des choses qui se consomment p ar l’usag e ? ― oi, dit l’un,
je ne serais p as pr opriétair e de mon mobilier , de mon p aletot, de mon
chap e au, que j’ai bien et dûment p ayés ! ― On me contesterait, dit l’autr e , la
pr opriété de mon salair e , que j’ai g agné à la sueur de mon fr ont !
― J’inv ente une machine , crie celui-ci ; j’y ai ai mis vingt ans d’études, de r
echer ches et d’ essais, et l’ on me pr endrait, on me v olerait ma dé couv erte !
― J’ai, r epr end celui-là , pr o duit un liv r e , fr uit de longues et p atientes
méditations ; j’y ai mis mon style , mes idé es, mon âme , ce qu’il y a de plus
p er sonnel dans l’homme , et je n’aurais p as dr oit à une rémunération !
C’ est aux logiciens de cee for ce que , p oussant jusqu’à l’absurde la
confusion des div er s sens du mot propriété, je rép ondais, en 1863, dans
mes Majorats liéraires : « Ce mot est sujet à des acceptions fort
différ entes, et ce serait raisonner d’une manièr e b ouffonne que de p asser , sans
autr e transition, d’une acception à l’autr e , comme s’il s’agissait toujour s
de la même chose . e diriez-v ous d’un phy sicien qui, ayant é crit un
traité sur la lumièr e , étant pr opriétair e p ar consé quent de ce traité ,
prétendrait av oir acquis toutes les pr opriétés de la lumièr e , soutiendrait que
son cor ps d’ op aque est de v enu lumineux, ray onnant, transp ar ent ; qu’il
p ar court soix ante-dix mille lieues p ar se conde et jouit ainsi d’une sorte
d’ubiquité ? . . . A u printemps, les p auv r es p ay sannes v ont au b ois cueillir
des fraises, qu’ elles p ortent ensuite à la ville . Ces fraises sont leur pr o duit,
p ar consé quent, p our p arler comme l’abbé P luquet, leur propriété. Cela
pr ouv e-t-il que ces femmes soient pr opriétair es ? Si on le disait, tout
le monde cr oirait qu’ elles sont pr opriétair es du b ois d’ où viennent les
fraises. Hélas ! c’ est juste le contrair e qui est la v