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Publié par
Nombre de lectures
30
EAN13
9782824712833
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
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9782824712833
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Français
CHARLO T T E BRON T Ë
SH I RLEY
T ome I I
BI BEBO O KCHARLO T T E BRON T Ë
SH I RLEY
T ome I I
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1283-3
BI BEBO OK
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Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE X IX
Le lendemain
filles ne r encontrèr ent âme qui viv e dans leur
r etour à la r e ctor erie . Elles r entrèr ent sans br uit ; elles se glis-L sèr ent à l’étag e sup érieur sans êtr e entendues : le jour naissant
les é clairait suffisamment de ses pr emier s ray ons. Shirle y se dirig e a
immé diatement v er s sa couche ; et, quoique le lieu lui p arût étrang e , car elle
n’avait jamais couché à la r e ctor erie , malgré la scène de ter r eur et d’ e
xcitation à laquelle elle v enait d’assister , elle eut à p eine p osé sa tête sur
l’ or eiller , qu’un rafraîchissant sommeil vint fer mer ses y eux et calmer ses
sens.
Une santé p arfaite était un des bienfaits dont jouissait Shirle y ; elle
avait le cœur chaud et sy mp athique , mais n’était p oint ner v euse . D e
puissantes émotions p ouvaient l’ e x citer et la dominer sans l’abar e : se coué e
et agité e p endant la tempête , elle r etr ouvait après l’ orag e toute sa
fraîcheur et son élasticité habituelles. D e même que chaque jour lui app ortait
ses stimulantes émotions, chaque nuit lui pr o curait un r ep os rép arateur .
1Shirle y I I Chapitr e X IX
Car oline la r eg ardait en ce moment dor mir , et lisait la sérénité de son âme
dans la b e auté et le calme heur eux de son visag e .
ant à elle , étant d’un temp érament tout opp osé , elle ne p ouvait
dor mir . La v ulg air e e x citation du thé et de l’assemblé e des é coles eût suffi
seule p our la tenir é v eillé e toute la nuit : le souv enir du drame ter rible qui
v enait de se jouer sous ses y eux n’était p as de natur e à laisser longtemps
son esprit en r ep os. Ce fut en vain qu’ elle s’ effor ça de r ester couché e : elle
se r ele va bientôt et demeura assise à côté de Shirle y , comptant les minutes
et r eg ardant le soleil de juin montant à l’horizon.
La vie s’épuise vite dans des v eilles semblables à celles aux quelles
Car oline était tr op souv ent soumise depuis quelque temps, v eilles durant
lesquelles l’ esprit, n’ayant aucune nour ritur e agré able p our se r ep aîtr e ,
aucune manne d’ esp érance , aucun ray on de miel de jo y eux souv enir s,
s’ effor ce de viv r e av e c la maigr e chèr e des désir s ; puis, ne tirant de là ni
plaisir ni soutien, et se sentant près de p érir de b esoin, se tour ne v er s la
philosophie , la résolution, la résignation, implor e de tous ses dieux
l’assistance , mais l’implor e vainement, et languit sans se cour s.
Car oline était chrétienne ; dans les moments d’affliction, elle for
mulait de nombr euses prièr es d’après la cr o yance chrétienne , les pr oférait
av e c une fer v ente ardeur , implorait la p atience , la for ce , le se cour s. Mais
ce monde , nous le sav ons tous, est un lieu de souffrances et d’épr euv es ; et
p ar le résultat de ses prièr es il lui semblait qu’ elles n’étaient p oint
entendues. Elle cr o yait quelquefois que Dieu avait détour né d’ elle son visag e .
En certains moments elle était calviniste , et, tombant dans le g ouffr e du
désesp oir r eligieux, elle cr o yait v oir planer sur elle le sce au de la répr
obation.
Combien ont eu ainsi dans leur vie une p ério de où ils ont pu se cr oir e
abandonnés ; où, ayant longtemps esp éré contr e l’ esp érance , et ne v o yant
jamais se ré aliser leur s désir s, ils ont senti leur cœur languir et se
dessécher dans leur p oitrine ! C’ est une heur e ter rible , mais c’ est souv ent le
moment obscur qui pré cède le le v er du jour ; cee p ério de de l’anné e
où le v ent glacé de janvier sonne à la fois le glas de l’hiv er qui e xpir e
et l’avènement du printemps qui commence ; mais, comme les oise aux
qui p érissent ne p euv ent compr endr e que ce v ent qui les tue est
l’avantcour eur des b e aux jour s, de même l’âme qui souffr e ne p eut r e connaîtr e
2Shirle y I I Chapitr e X IX
dans l’ e x cès de son affliction l’aur or e de sa déliv rance . e quiconque
souffr e s’aache cep endant fer mement à l’amour de Dieu et à la foi. Dieu
ne le tr omp era et ne l’abandonnera jamais. « Il châtie celui qu’il aime . »
Ces mots sont v rais ; on ne doit p as les oublier .
La maison s’anima enfin : les ser vantes se le vèr ent ; les v olets du r
ezde-chaussé e fur ent ouv erts. Car oline , en quiant le lit qui avait été p our
elle une couche d’épines, sentit r e viv r e cee vigueur que ramène
toujour s le r etour du jour et l’action chez ceux que le désesp oir et la
souffrance n’ ont p as tués entièr ement : elle s’habilla, comme d’habitude , av e c
soin, et fit tous ses efforts p our que rien dans son e xtérieur ne trahit
l’affliction de son cœur . Elle p ar ut aussi fraîche que Shirle y , lor sque toutes
deux fur ent habillé es, av e c cee différ ence toutefois que les y eux de miss
K e eldar étaient animés, et que ceux de Car oline avaient une e xpr ession
de langueur .
« A ujourd’hui j’aurai b e aucoup de choses à dir e à Mo or e , telles fur ent
les pr emier s mots de Shirle y , et l’ on p ouvait lir e sur son visag e que la vie
était p our elle pleine d’intérêt, d’ esp érance et d’ o ccup ation. Il aura à
soutenir un inter r og atoir e , ajouta-t-elle . Je suis sûr e qu’il s’imagine m’av oir
très habilement dup é e . Et c’ est ainsi qu’agissent les hommes vis-à-vis des
femmes, leur cachant toujour s le dang er , s’imaginant, je supp ose , leur
ép ar gner p ar là de la p eine . Ils ne se doutaient guèr e que nous savions
où ils étaient cee nuit ; nous sav ons qu’ils étaient loin de conje ctur er
où nous étions nous-mêmes. Les hommes, je cr ois, s’imaginent que l’
esprit des femmes r essemble un p eu à celui des enfants. Eh bien ! c’ est une
er r eur . »
Cela fut dit tandis que , deb out de vant la glace , elle ar rang e ait en
b oucles, en les enr oulant sur ses doigts, ses che v eux natur ellement
flottants ; elle p our suivit ce thème encor e cinq minutes, p endant que Car oline
lui aachait sa r ob e et b ouclait sa ceintur e .
« Si les hommes p ouvaient nous v oir telles que nous sommes ré
ellement, ils en seraient un p eu étonnés ; mais les plus r emar quables, les
plus sensés, se font souv ent illusion en ce qui concer ne les femmes : ils
ne les compr ennent ni sous le rapp ort du bien ni sous celui du mal. Leur
b onne femme est un êtr e fantastique , moitié p oup é e , moitié ang e ; leur
mé chante femme est pr esque toujour s un démon. Il faut l