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Publié par
Nombre de lectures
31
EAN13
9782824712604
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
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EAN13
9782824712604
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Français
GEORGES BERNANOS
U N CRIME
BI BEBO O KGEORGES BERNANOS
U N CRIME
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1260-4
BI BEBO OK
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– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1CHAP I T RE I
— i va là ? C’ est toi, P hémie ?
Mais il était p eu pr obable que la sonneuse vînt si tard au pr esb ytèr e .
Sous la fenêtr e , le r eg ard anxieux de la vieille b onne ne p ouvait guèr e
v oir plus loin que le pr emier tour nant de l’allé e ; le p etit jardin se p erdait
au-delà , dans les ténèbr es.
— C’ est-i v ous, P hémie ! r eprit-elle sans conviction, d’une v oix
maintenant tout à fait tr emblante .
Elle n’ osait plus fer mer la fenêtr e , et p ourtant le sourd r oulement du
v ent au fond de la vallé e grandissant de minute en minute comme chaque
soir , ne s’ap aiserait qu’av e c les pr emier s br ouillards de l’aub e . Mais elle
r e doutait plus que la nuit l’ o deur fade de cee maison solitair e pleine
des souv enir s d’un mort. Un long moment, ses deux mains r estèr ent
crisp é es sur le montant de la fenêtr e ; elle dut fair e effort p our les desser r er .
Comme ses doigts s’aardaient encor e sur l’ esp agnolee , elle p oussa un
cri de ter r eur .
2Un crime Chapitr e I
— Dieu ! que v ous m’av ez fait crainte . Par où que v ous êtes monté e ,
sans plus de br uit qu’une b elee , mams’ elle P hémie ?
La fille rép ondit en riant :
— Ben, p ar le lav oir , donc. Drôle de g ardienne que v ous faites, sans
r epr o che , mademoiselle Céleste ! On entr e ici comme dans le moulin du
pèr e Anselme , p ar ole d’honneur .
Sans aendr e la rép onse , elle prit une tasse sur l’étagèr e et se mit
tranquillement en demeur e de la r emplir de g eniè v r e .
— V ous allez tout de même p as me b oir e ma g oue ?
— On v oit bien que v ous r estez là au chaud, mademoiselle Céleste . Le
v ent vient de tour ner du côté des T r ois-Évê ques. Il m’a autant dir e cinglé
les os. Y a p as de fichu qui tienne là contr e !
Elle s’ essuya les lè v r es à son tablier , cracha p oliment dans les cendr es,
et r eprit d’un ton où la vieille femme méfiante cr ut sentir un lég er malaise ,
dont elle ne s’ e xpliqua p as d’ab ord la cause :
— V audrait mieux v ous coucher , mademoiselle Céleste , v otr e curé est
depuis longtemps sous ses draps, v ous p ouv ez me cr oir e . Pensez ! La moto
du messag er vient d’ar riv er chez Merle . Paraît que la br ume descendait
der rièr e lui pr esque aussi vite . . . Il ne p assera plus une v oitur e d’ici demain
p ar les cols.
— Sav oir , ma p etite . Un jeune curé , sa pr emièr e p ar oisse , v o y ez-v ous,
y a p as plus simple , plus naïf. A v e c ça, ces g ens de Gr enoble , ils ne
connaissent rien à nos montagnes. Écoutez. . .
Le ciel v enait de vibr er d’un seul coup , pr esque sans br uit, du moins
p er ceptible à l’ or eille , et p ourtant la ter r e p ar ut en frémir jusque dans ses
pr ofondeur s, comme du baant d’une énor me clo che de br onze .
— Le v ent vient de tour ner encor e un p eu plus au nord, ma fine . Le
v oilà qui p asse entr e les Aiguilles Noir es. Nous aur ons du fr oid.
Elle r emplit sa tasse , la cho qua contr e celle de P hémie et, de sa v oix
toujour s un p eu sifflante , elle r eprit entr e ses dents noir es :
— Ça ne présag e rien de b on.
— Tiens, mademoiselle Céleste , v oilà que v ous fumez la pip e à
ct’heur e ?
— T ouchez p as ! dit la vieille .
3Un crime Chapitr e I
Ses deux mains maigr es et br unies, couleur de chanv r e , aussi agiles
que des mains de sing e , v olèr ent à trav er s la table , et elle rappr o cha d’ elle
l’assiee à fleur s, la tint si ser ré e contr e sa p oitrine que les plis de son
caraco la r e couv rir ent pr esque tout entièr e .
— ’ est-ce qui v ous pr end ? C’ est-i donc sacré , une pip e ?
— C’était la sienne , dit la ser vante . Il l’a p osé e là , telle quelle , deux
heur es avant de finir , juste . V ous allez me cr oir e folle , mams’ elle P hémie ,
mais j’ai p as osé la toucher depuis. T enez : elle est encor e toute b our ré e .
D es fois, aujourd’hui, en cirant les meubles, je me r etour nais, je cr o yais
v oir le plat vide , av e c une de ses gr osses mains dessus, qu’avaient
tellement enflé dans les der nier s jour s. . . Oh ! j’ai p as p eur des morts, non.
Mais notr e ancien curé , v o y ez-v ous, ça ne doit p as êtr e un mort comme
les autr es.
Elle r ep oussa l’assiee au milieu de la table , av e c pré caution, r e vint
s’asse oir sur sa chaise , dans l’ ombr e .
— En v oilà deux, tout de même , deux curés que je v ois mourir ici.
— Baste , le jeune aura bientôt fait de guérir v os humeur s noir es. . .
Est-il v raiment si jeune que ça, mams’ elle Céleste ?
— Oui. . . enfin, du moins je le supp ose . D ans les vingt-cinq ou tr ente ,
p eut-êtr e ? Les g ens prétendent qu’il vient d’ailleur s, très loin, d’un autr e
dio cèse , comme ils disent. Mais p our en sav oir plus, b er nique ! A ucun de
ces messieur s du canton ne le connaît. A v e c eux, ma fine , ça va êtr e dur !
— Vingt-cinq ou tr ente , p ensez ! A -t-il seulement l’idé e d’une espè ce
de p ar oisse p erdue comme v oilà celle-ci à dix lieues de la ville et des
r outes ? Parlez-moi des r outes ! On p our rait y cr e v er sans confession, cinq
mois sur douze . Rapp elez-v ous la mort du fils Dup onchel, et l’auto des
Parisiens qu’a cap oté l’anné e der nièr e . . . Br r . . . Je le plains, moi, ce p auv r e
g ar çon.
— Ce g ar çon, gr ogna la vieille en haussant les ép aules. V o y ez comme
elle a dit ça, l’ effr onté e !
— Ben oui, quoi, un g ar çon ! Et si fiér ot qu’il soit, mademoiselle
Céleste , sûr et certain qu’il n’ en mènera p as lar g e demain, quand il r endra
visite à M. le mair e . Pensez qu’ils ont aendu sur la place deux heur es
durant, et p ar une bise !. . . Et quand la p atache est ar rivé e , p as plus de
curé que sur ma main, c’ est p as cr o yable .
4Un crime Chapitr e I
— Possible qu’il aura été r etenu à Gr enoble . Son bag ag e est déjà là
depuis mar