Sur une mesure d efficience relative dans la thØorie ∗du portefeuille de Markowitz Patrick Roger-Maxime Merli Septembre 2001 Abstract Dans cet article, nous proposons un indice defficience relative des porte- feuilles de titres permettant le classement dun ensemble de portefeuilles en considØrant que lunivers d investissement est rØduit lensemble des titres classer. Cet indice est basØ sur l Øquation de la frontiŁre efficiente des oppor- tunitØs dinvestissement retenues ; il ne nØcessite pas de rØfØrence un taux sans risque ou un benchmark extØrieur. En consØquence, des portefeuilles de nature diffØrente peuvent Œtre classØs ; la principale limite de cet indice est toutefois l impossibilitØ de classer les portefeuilles situØs dans la partie in- fØrieure de la frontiŁre, cest- -dire ceux qui sont dominØs par le portefeuille de variance minimum. 1 Introduction 1Chaque annØe, les professionnels de marchØ, la presse nanciŁre et mŒme gØnØraliste se livrent l exercice pØrilleux consistant opØrer un classement des SICAV et FCP; cette information est essentiellement destinØe aux investisseurs individuels, clients actuels ou potentiels des diffØrents fonds. Pourtant les gØrants de fonds voient dans ces classements la rØcompense de leur travail acharnØ ou la promesse de lendemains qui dØchantent. Il est nØanmoins devenu de plus en plus complexe d opØrer de tels classements et ceux-ci se font gØnØralement par catØgories de fonds. Dans le palmarŁs ∗Nous remercions Laurent Weill, Jacques ...
Sur une mesure de ffi cience relative dans la théorie du portefeuille de Markowitz ∗ Patrick Roger- Maxime Merli Septembre 200 1
Abstract Dans cet article, nous proposons un indice de ffi cience relative des porte-feuilles de titres permettant le classement dun ensemble de portefeuilles en considérant que lunivers dinvestissement est réduit à lensemble des titres à classer. Cet indice est basé sur léquation de la frontière e ffi ciente des oppor-tunités dinvestissement retenues ; il ne nécessite pas de référence à un taux sans risque ou à un benchmark extérieur. En conséquence, des portefeuilles de nature di ff érente peuvent être classés ; la principale limite de cet indice est toutefois limpossibilité de classer les portefeuilles situés dans la partie in-férieure de la frontière, cest-à-dire ceux qui sont dominés par le portefeuille de variance minimum.
1 Introduction Chaque année, les professionnels de marché, la presse Þ nancière et même généraliste 1 se livrent à lexercice périlleux consistant à opérer un classement des SICAV et FCP; cette information est essentiellement destinée aux investisseurs individuels, clients actuels ou potentiels des di ff érents fonds. Pourtant les gérants de fonds voient dans ces classements la récompense de leur travail acharné ou la promesse de lendemains qui déchantent. Il est néanmoins devenu de plus en plus complexe dopérer de tels classements et ceux-ci se font généralement par catégories de fonds. Dans le palmarès ∗ Nous remercions Laurent Weill, Jacques Thépot, Olivier Renault pour leurs commentaires lors de lélaboration de ce travail, ainsi que les participants du séminaire LARGE de Strasbourg et des Journées Internationales de lAFFI, Namur 200 1 . Nous remercions également Vincent Cayrol pour nous avoir signalé une erreur dans une précédente version. Université Louis Pasteur, Strasbourg I : roger@cournot.u-strasbg.fr Université de Franche-Comté : merli@cournot.u-strasbg.fr 1 Le journal Le Monde propose régulièrement un palmarès européen des SICAV, en collaboration avec la société Aptimum (www.aptltd.com), fondé sur lAPT de Ross ( 1 976).
1
du journal Le Monde, par exemple, il existe une centaine de catégories et le classement dun fonds est réalisé à lintérieur de sa catégorie. La raison de cette catégorisation est simple ; une SICAV actions françaises et une SICAV actions allemandes sont évaluées par rapport à deux benchmarks di ff érents et chacune est classée au sein dun groupe relativement homogène. Dans un marché de la zone euro sur lequel les investisseurs ne supportent plus de risque de change, lensemble de portefeuilles accessibles sest considérablement élargi et plusieurs milliers de fonds peuvent être choisis. Il est clair quun investisseur restreindra ses choix à un sous-ensemble mais ce dernier na aucune raison dêtre homogène, au sens précédemment évoqué. La question que nous souhaitons aborder dans ce cadre est celle de la détermi-nation dun indice de performance relatif, dans un sous-ensemble donné de fonds, sachant que dans lensemble des opportunités, il semble di ffi cile de trouver un bench-mark applicable à tous les véhicules dinvestissement considérés. Par ailleurs, la seule information que nous supposons disponible est lhistorique valeurs liquidatives. En dautres termes, compte tenu de lactivité des gérants, il nest en général pas possible de dupliquer cette suite de valeurs liquidatives par un portefeuille statique, quel que soit lensemble des titres individuels considéré. Pourtant, la question de la comparaison dun fonds investi majoritairement en actions et obligations allemandes et dun portefeuille identique mais investi sur le marché espagnol, est tout à fait dactualité. Par contre la connaissance des perfor-mances de ces fonds par rapport aux indices des bourses de Francfort et Madrid nest pas su ffi sante pour opérer un classement. La théorie Þ nancière propose de nombreux indicateurs de performance dont lob-jectif est la prise en compte du trade-o ff entre risque et rentabilité. On peut cependant diviser lensemble de ces indicateurs en deux grandes catégories selon que lévolution de la composition des portefeuilles est supposée connue ou non. Nous allons nous intéresser à cette dernière, en considérant un investisseur qui souhaiterait comparer les performances dun ensemble de véhicules dinvestissement collectif de la zone euro. Les ratios de Sharpe ( 1 966), de Treynor ( 1 965), ou le α de Jensen( 1 968) sont les exemples standards de critères de performance prenant en compte le trade-o ff rentabilité-risque, même si le premier dé Þ nit le risque à partir de lécart-type des rentabilités alors que les deux autres prennent en considération le β du portefeuille analysé. De manière générale, ces indicateurs supposent lexistence dun actif sans risque et/ou celle dun portefeuille de marché (ou dun benchmark commun). Ils reposent en fait sur lidée de diversi Þ cation optimale en référence à la théorie du portefeuille de Markowitz ( 1 952-1 959) ou au MEDAF 2 . Dans le contexte du marché euro, lutilisation dun proxy comme lindice Euro-Stoxx50 est encore plus délicate que la référence au CAC40 pour le marché français et la célèbre critique de Roll ( 1 977) concernant le choix du portefeuille de référence prend 2 Modèle dEquilibre des Actifs Financiers de Sharpe ( 1 964), Lintner ( 1 965) et Mossin ( 1 966).
2
ici tout sons sens. Parailleurs, la plupart des fonds auxquels nous faisons référence sont constitués dactions et dobligations, cest-à-dire dactifs risqués, avec une part très faible réservée au cash, cest-à-dire à linvestissement en actif sans risque. En Þ n, comme nous lavons mentionné plus haut, nous ne connaissons pas la composition des portefeuilles de ces fonds ni lévolution de celle-ci. Compte tenu de ces contraintes, nous proposons dans cet article une mesure def-Þ cience relative des portefeuilles (permettant donc dopérer un classement), le terme relatif signi Þ ant que lunivers des opportunités dinvestissement est réduit à lensem-ble des fonds étudiés. Lindice que nous proposons repose sur le calcul de la frontière e ffi ciente des actifs risqués (Merton, 1 972, Black, 1 972), les actifs étant ici les fonds analysés. Nous mesurons ensuite, pour chacun des portefeuilles considérés une sorte de distance par rapport à cette frontière et ce critère va permettre de classer les portefeuilles 3 . Cetindice présente lavantage de ne pas faire référence au taux sans risque ou à un benchmark prédéterminé ; cependant, le portefeuille de variance min-imum joue un rôle particulier et sert de référence implicite. Toutefois, notre indice de ffi cience relative dépend de lensemble des fonds retenus au départ de lanalyse et que lon cherche à classer. Larticle est organisé de la manière suivante. La section 2 rappelle brièvement les critères classiques de performance et cette section sappuie sur larticle de Grinblatt et Titman ( 1 995). Dans la section 3, nous calculons la frontière e ffi ciente et rappelons les propriétés du portefeuille de variance minimum. La section suivante décrit lindice proposé et établit ses propriétés essentielles. En Þ n, la section 5 développe, par une approche de simulation, une illustration ainsi quune comparaison avec lindice de Sharpe.
2 Les indices classiques de performance Les deux éléments essentiels intervenant dans la formulation dun indice de perfor-mance sont, dune part, lexpression de la rentabilité relativement à une référence prédé Þ nie et, dautre part, lajustement au risque de cette mesure de rentabilité. Les trois critères que nous rappelons brièvement dans cette section sont les ratios de Sharpe ( 1 966) et Treynor ( 1 965) ainsi que le coe ffi cient α de Jensen ( 1 968). Le point commun de ces trois critères est la nécessité de disposer dun taux sans risque de référence. Celui-ciintervient de manière directe dans les deux premiers ratios et de manière implicite dans le α de Jensen. De plus, les deux derniers critères sappuient sur le MEDAF alors que le ratio de Sharpe est fondé sur le risque total du portefeuille mesuré par lécart-type des rentabilités. Cette formulation est toutefois discutable car, comme le remarquent Grinblatt et Titman ( 1 995), elle suppose implicitement 3 Dans lesprit, notre indicateur suit plutôt une démarche analogue à celle que lon trouve dans les méthodes DEA (Data Envelopment Analysis) de Charnes, Cooper et Rhodes ( 1 978). La di ff érence importante est que nous ne pouvons nous restreindre à des combinaisons linéaires de variances car les covariances des rentabilités ne peuvent pas être négligées. 3
que linvestisseur investit dans un seul fonds alors quil peut sans di ffi cultés opérer une diversi Þ cation sur plusieurs portefeuilles. Pour la formulation de ces trois critères nous supposons que le marché Þ nancier comporte N titres, caractérisés par le vecteur des rentabilités r despérance r ∈ R N et une matrice de variance-covariance Σ de dimensions ( N, N ) . Un portefeuille est un vecteur 4 y 0 = ( y 1 , ..., y N ) véri Þ ant y 0 1 =1 où 1 est un vecteur de R N dont toutes les composantes sont égales à 1 . On note R y = y 0 r la rentabilité du portefeuille y et R ¯ y = E ³ R y ´ son espérance. On a de plus σ y 2 = y 0 Σ y qui désigne la variance de rentabilité de y. β y = σσ MeM ´ y est le coe ffi cient β du portefeuille y où σ M y est la covariance de la rentabilité du portefeuille y avec celle du portefeuille de marché R M . En Þ n, r f désigne le taux sans rique. 2.1 Le ratio de Sharpe Il est noté S y pour un portefeuille y et dé Þ ni par : ¯ SR y − r f y = σ y Dans lespace écart-type, espérance (noté ( σ , e ) dans la suite) ce ratio exprime la pente du segment joignant le point A f représentatif de lactif sans risque, de coor-données (0 , r f ) et le point B y de coordonnées ¡ σ y , R ¯ y ¢ représentatif du portefeuille y. Dans cet espace ( σ , e ) , le portefeuille y ∗ qui maximise le ratio de Sharpe est donc celui pour lequel le segment joignant A f et B y ∗ est tangent à la frontière e ffi ciente. Il sagit donc du portefeuille de marché, si lon envisage le contexte du CAPM. 2.2 Le ratio de Treynor Le ratio de Treynor dun portefeuille y est dé Þ ni par : ¯ T = R y β − y r f y Dun point de vue économique, la di ff érence essentielle avec le ratio précédent réside dans la mesure de risque qui normalise lexcès de rentabilité. T y considère explicitement que, comme seul le risque systématique est rémunéré par le marché, cest le coe ffi cient β qui doit servir dunité de risque et la performance dun portefeuille doit être jugée uniquement sur ce critère. La relation caractéristique du CAPM sécrit : R ¯ y − r f = β y ¡ R ¯ M − r f ¢ ( 1 ) 4 y 0 désigne le transposé du vecteur-colonne y
4
Par conséquent, un portefeuille situé sur la droite de marché des capitaux aura ¯ un T y égal à R M − r f . Si un gérant possède une capacité de gestion supérieure à la moyenne, le ratio de Treynor sera supérieur à lexcès de rentabilité du portefeuille de marché. Les avantages de ce critère par rapport au précédent sont clairs et ont déjà été men-tionnés plus haut. Ses inconvénients le sont presque autant par rapport au problème que nous considérons dans cet article. Il est nécessaire de disposer dun portefeuille de marché unique 5 ; il en est de même pour le taux sans risque. De ce fait, ce critère semble di ffi cilement utilisable pour comparer di ff érentes SICAV de la zone euro si lon souhaite pouvoir comparer des fonds essentiellement domestiques constitués par des titres de pays distincts.
2.3 Le α de Jensen Ce coe ffi cient est fondé sur la même idée que le ratio de Treynor tout en ayant une formulation additive alors que la formulation du précédent était multiplicative. Le coe ffi cient α de Jensen est dé Þ ni pour un portefeuille y par : α y = R y − r f − β y ¡ R ¯ M − r f ¢ ¯ Au regard de la relation ( 1 ), linterprétation est immédiate. Un portefeuille pos-sédant un coe ffi cient α y signi Þ cativement positif surperforme car il se situe au dessus de la droite du marché des capitaux. On peut donc classer les portefeuilles par ordre de coe ffi cient α décroissant. Les di ffi cultés sont les mêmes que pour le ratio précédent puisquici encore, la validité du CAPM est requise pour utiliser cette approche. De manière plus générale, lorsque le CAPM est véri Þ é et que le benchmark retenu pour létude empirique est e ffi cient, tout portefeuille passif (répondant à une stratégie ¯ de buy and hold) est e ffi cient et possède un T égal à R M − r f et un α égal à 0. Tous les portefeuilles passifs sont donc équivalents au regard de ces deux critères. A linverse, si le benchmark nest pas e ffi cient, la critique de Roll ( 1 977) prend tout son sens, à savoir que les rangs de deux portefeuilles peuvent être inversés si lon change de benchmark.
3 Frontière e ffi ciente et portefeuille de variance minimum 3.1 Notations et hypothèses Soit un marché Þ nancier comportant N titres caractérisés par le vecteur des es-pérances de rentabilité r et une matrice de variance-covariance Σ ; soit un ensemble 5 Dun point de vue théorique le portefeuille de marché est évidemment unique mais il est clair que les proxys retenus pour lanalyse empirique dépendent le plus souvent de la nature des titres détenus. Sil sagit dactions françaises, on retiendra plus facilement le CAC40 que lEuro-Stoxx50. 5
de portefeuilles (des SICAV par exemple) ¡ x 1 , ..., x K ¢ ∈ ¡ R N ¢ K dont le vecteur des espérances de rentabilité est noté R ∈ R K et la matrice de variance-covariance V de dimensions ( K, K ) . Les lois des rentabilités des titres individuels sont inconnues mais par contre R et V sont supposées connues ou peuvent être estimées à partir des données observées sur la valorisation de ces portefeuilles. Cette hypothèse traduit le fait que le marché des titres individuels est très important et que les gérants de SICAV investissent sur des sous-ensembles de ces N titres. Ce peut être le cas si lon cherche, par exemple, à comparer des véhicules dinvestissement internationaux. Les hypothèses habituelles sur V et R sont les suivantes : H1 : V est dé Þ nie positive H2 : Il existe au moins deux portefeuilles j et k tels que R j 6 = R k . H3 : Le marché est parfait ; il nexiste ni coûts de transaction, ni restrictions sur les ventes à découvert. Si H1 nétait pas véri Þ ée, on pourrait construire un portefeuille sans risque et lon se situe alors dans une problèmatique di ff érente. Si H2 nest pas véri Þ ée, tous les portefeuilles ont même espérance de rentabilité et le problème ne présente aucun intérêt. Lobjectif est ici de déterminer un classement de ces portefeuilles sur la base des couples R k et σ k 2 = V kk , toutefois considérés dans un ensemble de titres déter-miné. Ceci signi Þ e en particulier que lindice de performance doit faire intervenir de manière plus ou moins explicite les autres titres en présence. Il sagit en fait de dé Þ nir une relation de préférence º sur la base des rentabilités espérées et des variances de ces rentabilités. Cette relation de préférence doit au minimum véri-Þ er les critères élémentaires associés au problème doptimisation dun agent dans un espace espérance-variance, à savoir que de deux portefeuilles ayant même variance de rentabilité, celui qui a une espérance de rentabilité supérieure est préféré et si deux portefeuilles générent la même rentabilité espérée, celui qui a la variance de rentabilité la plus faible sera choisi par tout agent. Lintérêt dune relation de préférence générale réside dans la possibilité de classer deux portefeuilles dont les espérances et les variances de rentabilité sont classées dans le même ordre et quil ny a donc pas de relation de dominance évidente entre eux.
3.2 Léquation de la frontière e ffi ciente Nous appelons frontière e ffi ciente, les combinaisons de SICAV y = ( y 1 , ..., y K ) solu-tions du problème classique (Markowitz, 1 952) doptimisation : min y 12 y 0 V y (2)
sous les contraintes :
0 y 1 = 1 6
y 0 R ≥ e où 1 est un vecteur de R K dont toutes les composantes sont égales à 1 et e désigne la rentabilité espérée. Il est utile de remarquer que cette frontière e ffi ciente nest pas celle que lon obtiendrait à partir de lensemble des titres individuels puisque certains portefeuilles ne sont pas accessibles à partir de combinaisons de SICAV. De plus cette frontière est évaluée à laide dune suite de valeurs liquidatives qui résultent de stratégies de portefeuilles dynamiques. Ceci induit une restriction implicite dans lutilisation de cette frontière. En e ff et, si les objectifs du gérant changent de manière notoire, en particulier en termes de risque, le positionnement dans lensemble des portefeuilles considérés pourra se modi Þ er de manière sensible. Posons alors 6 : A = R 0 V − 1 1 B = R 0 V − 1 R C = 1 0 V − 1 1 D = BC − A 2 Comme V est dé Þ nie positive, il en est de même de V − 1 et de ce fait lapplication ( a, b ) → a 0 V − 1 b dé Þ nit un produit scalaire sur R K . Comme de plus, 1 et R ne sont pas colinéaires, linégalité de Cauchy-Schwarz implique que D est strictement positif. Tout portefeuille y, caractérisé par une rentabilité espérée ρ y et une variance de rentabilité σ y 2 , solution du problème (2), véri Þ e : 2 C σ y 2 − CD µ ρ y − AC ¶ 2 = 1 (3) Dans lespace espérance-variance, on retrouve léquation dune parabole dont le sommet a pour coordonnées ¡ CA , C 1 ¢ , ce qui apparait en réécrivant léquation 3 sous la forme : A 2 µ σ y 2 − C 1 ¶ − DC µ ρ y − C ¶ = 0 3.3 Le portefeuille de variance minimum Léquation ci-dessus permet dénoncer les propriétés du portefeuille de variance min-imum correspondant au sommet de la frontière e ffi ciente. Lemma 1 Notons x min ∈ R K le portefeuille de variance minimum caractérisé par sa rentabilité r e min dont les deux premiers moments sont notés ρ min et σ 2 min ; on a alors, 6 Ces notations sont empruntées à Merton ( 1 972) ; voir aussi Huang-Litzenberger ( 1 988).
7
pour tout portefeuille x ∈ R K de rentabilité e r x : A = ρ min C 2 1 σ min = C Cov ( r e min ; r e x ) = σ 2 min On peut alors déduire de ce lemme le corollaire suivant. Corollary 2 Pour tout portefeuille x ∈ R K de rentabilité r e x , on a : σ x 2 − σ 2 min = V ( r e x − r e min ) Démonstration : Ce résultat est immédiat en développant le membre de droite de légalité et en appliquant le dernier résultat du lemme 1 : V ( r e x − r e min ) = σ x 2 + σ 2 min − 2 Cov ( r e min ; r e x ) = σ x 2 − σ 2 min Nous pouvons alors réécrire léquation de la frontière e ffi ciente à partir des carac-téristiques du portefeuille de variance minimum. Proposition 3 Tout portefeuille x de la frontière e ffi ciente véri Þ e : e VE (( rr ee xx −− rr e miinn )) 2 = D (4) m C Démonstration : Léquation de la frontière e ffi ciente sécrit : 1 µ σ 2 − ¶ − DC µ ρ x − CA ¶ 2 = 0 x C ⇔ ¡ σ x 2 − σ 2min ¢ − DC ( ρ x − ρ min ) 2 = 0 Le corollaire 2 implique que : V ( r e x − r e min ) − CD ( ρ x − ρ min ) 2 = 0 Comme E ( r e x − r e min ) = ρ x − ρ min , on obtient immédiatement le résultat voulu.
8
4 Une mesure de ffi cience relative des portefeuilles 4.1 Dé Þ nition Légalité 4 permet de construire une mesure dine ffi cience des portefeuilles à partir des remarques suivantes: -Si x est e ffi cient, tout portefeuille y tel que ρ y < ρ x et σ y = σ x est ine ffi cient et E ( r e y − r e min ))2 < DC . r y − r min V ( e e -Si x est e ffi cient, tout portefeuille y tel que ρ y = ρ x et σ y > σ x est ine ffi cient et E ( e r y − ee r min ) 2 < DC . V ( e r min ) r y − A partir de ces remarques, nous pouvons dé Þ nir un indicateur de ffi cience de la manière suivante. De Þ nition 4 Pour tout portefeuille x tel que ρ x > ρ min , on dé Þ nit lindicateur def-Þ cience I ( σ x , ρ x ) par : I ( σ x , ρ x ) = C E ( r e x − r e min ) 2 D V ( r e x − r e min ) Sauf mention contraire, cet indicateur sera noté I x pour simpli Þ er. Il est toutefois bon de remarquer que deux portefeuilles ayant même espérance et même variance de rentabilité auront le même indice de ffi cience puisque nous nous situons dans lespace ( σ 2 , e ) . Lesecond point important de cette dé Þ nition est quelle est restreinte aux portefeuilles dont lespérance est supérieure à ρ min , cest-à-dire ceux qui sont situés du bon côté de la frontière. Nous avons déjà remarqué que les portefeuilles e ffi cients véri Þ ent I ( x ) = 1 ; de plus les portefeuilles y se situant sur la droite horizontale dordonnée AC (di ff érents du portefeuille de variance minimum) ont un indice de ffi cience I ( y ) égal à 0. Cependant cet indice nest pas dé Þ ni au point ( σ 2min , ρ min ) alors que ce portefeuille se situe sur la frontière e ffi ciente. Ce problème a une interprétation naturelle ; il vient de la forme de la frontière e ffi ciente qui a une pente in Þ nie au point ( σ 2min , ρ min ) . Cest pourquoi nous avons pris la précaution de dé Þ nir I uniquement pour les portefeuilles véri Þ ant ρ x > ρ min .
4.2 Propriétés de lindice I Proposition 5 La fonction I est continue en tout point x tel que ρ x > ρ min . Démonstration : Soient x et y deux portefeuilles et h un réel positif ; nous allons montrer que pour tout portefeuille y on a : lim h → 0 I ((1 − h ) x + hy ) = I ( x ) C E ¡e r e min ¢ 2 − I ((1 − h ) x + hy ) = D V ¡ rr e ((11 −− hh )) xx ++ hhyy r min ¢ e − 9
E ¡ r e (1 − h ) x + hy − r e min ¢ = E ((1 − h ) r e x + hr e y − r e min ) V ¡ r e (1 − h ) x + hy − r e min ¢ = V ((1 − h ) r e x + hr e y − r e min ) = V ((1 − h ) r e x + hr e y ) + σ 2min − 2 cov ((1 − h ) e h e ; r e min ) r x + r y Le lemme 1 implique que le dernier terme du membre de droite est égal à − 2 σ 2min doù lon déduit : V ¡ r e (1 − h ) x + hy − r e min ¢ = V ((1 − h ) r e x + hr e y ) − σ 2min De plus lim h → 0 V ((1 − h ) r e x + hr e y ) = σ x 2 et lim h → 0 E ((1 − h ) r e x + hr e y ) = e x et lon peut à nouveau utiliser la propriété du lemme 1 pour obtenir : lim h → 0 I ((1 − h ) x + hy ) = I ( x )
Dans une économie telle que nous la considérons, cest-à-dire sans actif sans risque, tous les portefeuilles de la frontière e ffi ciente sont équivalents dans le sens où ils min-imisent la variance de rentabilité pour une espérance donnée. Nous nimposons pas de benchmark particulier, comme cela a été mentionné dans lintroduction. La propriété suivante caractérise le portefeuille x ∗ situé sur la frontière e ffi ciente et qui présente la même espérance de rentabilité que le portefeuille x. Ce portefeuille interviendra explicitement dans la caractérisation de lindice I x . Proposition 6 Soit x un portefeuille quelconque et x ∗ le portefeuille de la frontière e ffi ciente tel que ρ x = ρ x ∗ on a 2 x ∗ Cor 2 ( r e x , r e x ∗ ) = y s ∈ u F p Cor 2 ( r e x , r e y ) = σσ x 2 où F est lensemble des portefeuilles de la frontière e ffi ciente et Cor ( r e x , r e y ) est la corrélation des rentabilités des portefeuilles x et y. Démonstration 7 Pour tout portefeuille e ffi cient x ∗ , il existe un portefeuille x c , appelé portefeuille conjugué, tel que cov ( r e x ∗ , r e x c ) = 0 . On sait de plus que lespérance de rentabilité de nimporte quel portefeuille z véri Þ e: E ( r e z ) = β x ∗ z E ( r e x ∗ ) + (1 − β x ∗ z ) E ( r e x c ) e cov ( r e x ∗ ,r z ) avec β x ∗ z = σ 2 . x ∗ Cette relation est vraie, en particulier pour x ; par conséquent : E ( r e x ) = β x ∗ x E ( r e x ∗ ) + (1 − β x ∗ x ) E ( r e x c ) 7 Ce résultat peut-être déduit directement de la proposition 3 de Kandel-Stambaugh ( 1 987). Nous donnons cependant une démonstration par souci dhomogénéité. 1 0
On en déduit alors : 5 cor ( r e x , r e x ∗ ) = σσ xx ∗ ρρ xx ∗ −− ρρ xx cc ( ) en remplaçant β x ∗ x par sa valeur. Dans le cas particulier où ρ x = ρ x ∗ on remarque que : x ∗ cor ( r e x , r e x ∗ ) = σ σ x Pour conclure, il faut utiliser le fait que la tangente à la frontière e ffi ciente, (dans lespace espérance-écart-type) en un portefeuille x ∗ , coupe laxe des ordonnées en un point dont lordonnée 8 est ρ x c . En notant y le portefeuille situé sur cette tangente mais véri Þ ant ρ x = ρ y , on a : E ( r e y ) − E ( r e x c ) E ( r e x ∗ ) − E ( r e x c ) = σ y σ x ∗ ce qui permet de réécrire léquation 5 : cor ( r e x , r e x ∗ ) = σσ yx EE (( rr ee xy )) −− EE (( rr ee xx cc ))= σσ yx Comme par construction, σ y ≤ σ x ∗ , la corrélation maximale est bien obtenue pour ∗ y = x , ce qui achève la démonstration. Nous pouvons maintenant traduire la valeur de I x en termes de distance à la frontière e ffi ciente. Proposition 7 L indice I x sexprime en fonction de σ x 2 ∗ , σ x 2 , σ 2min sous la forme : σ 2 − σ 2min = 2 I x σ xx 2 ∗ − σ min où x ∗ est dé Þ ni comme dans la proposition précédente. Démonstration : ICVE (( rr ee xx −− rr ee mmiinn )) 2 = C (( ρσ xx 2 −− ρσ m 2 miinn )) 2 x = D D ce qui équivaut à : I x ¡ σ x 2 − σ 2 min ¢ − CD ( ρ x − ρ min ) 2 = 0 Comme par ailleurs x ∗ est un portefeuille e ffi cient, on a aussi : 2 σ x 2 ∗ − σ min − DC ( ρ x ∗ − ρ min ) 2 = 0 8 Voir Quittard-Pinon ( 1 998), Théorème 3, p 93. 11