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01 janvier 1997
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86
Langue
Français
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1 Mo
Catherine Villeneuve-Gokalp
Vivre en couple chacun chez soi
In: Population, 52e année, n°5, 1997 pp. 1059-1081.
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Villeneuve-Gokalp Catherine. Vivre en couple chacun chez soi. In: Population, 52e année, n°5, 1997 pp. 1059-1081.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1997_num_52_5_6483Résumé
Villeneuve-Gokalp (Catherine). - Vivre en couple chacun chez soi Au milieu des années 1960, près de
neuf fois sur dix la vie en couple ne précédait pas le mariage ; trente ans plus tard, la situation s'est
totalement inversée, et pour certains couples une cohabitation permanente et un domicile commun ne
sont plus nécessaires. En effet, les enquêtes de Fined, Situations Familiales (1986) et Situations
familiales et emploi (1994), ont mis en évidence une dissociation entre la vie en couple et la
cohabitation. Un même individu peut affirmer, au cours d'un même entretien, qu'il «vit en couple» et qu'il
«n'habite pas avec son conjoint en permanence..., que chacun a toujours conservé sa résidence
personnelle ». Vivre en couple sans perdre son indépendance résidentielle est une situation
relativement fréquente en début d'union, mais peu durable, et plus souvent imposée par des contraintes
extérieures que choisie par les conjoints. En huit ans, cette forme d'union n'a pas progressé. Dans cet
article, on s'est demandé si la conjugalité non cohabitante était une forme de vie conjugale comparable
à la cohabitation sans mariage au moment où celle-ci commençait à se diffuser, ou si elle était
seulement une forme « sérieuse » des relations amoureuses. On a tenté de dégager les
caractéristiques, les choix et les contraintes des personnes qui optent pour ce mode de vie.
Abstract
Villeneuve-Gokalp (Catherine). - Living as a couple but living apart In the mid-1960s, almost nine out of
ten marriages were not preceded by a period of cohabitation; thirty years later the situation has been
completely reversed, and some couples even forgo permanent cohabitation and a shared residence.
The Ined surveys on Family Situations (1986) and the Fertility and Family Survey - FFS, (1994) have
identified a disassociation between living as a couple and actually living together. Thus individuals may
state in the same interview that they 'live in a couple' and that they 'do not live with their partner
permanently ..., that each has kept their own residence'. Living in a couple without abandoning one's
residential independence is a relatively common situation at the beginning of a union, but is one which
does not usually last and is more often the result of external constraints than of a choice by the
partners. This form of union has not increased in the last eight years. This article asks whether non
cohabiting partnership was a way of forming a couple comparable to unmarried cohabitation at the time
the latter first began to spread, or whether it was just a 'serious' form of a loving relationship. An attempt
is made to isolate the characteristics, choices and constraints of those who opt for this way of life.
Resumen
Villeneuve-Gokalp (Catherine). - Vivir en pareja, pero cada uno en su casa A mediados de la década de
los sesenta, en casi nueve de cada diez casos la vida en pareja no precedia al matrimonio; treinta aňos
más tarde las proporciones se han invertido y, para ciertas parejas, una cohabitación permanente y un
domicilio común no son necesa- rios. Las encuestas del Ined Situaciones Familiares (1986) y
Situaciones Familiares y Em- pleo (1994) han puesto en evidencia una disociación entre la vida en
pareja y la cohabitación. Un mismo individuo puede afirmar durante una entrevista que « vive en pareja
» y a la vez que «no convive permanentemente con su pareja..., que cada uno ha conser- vado su
residencia personal ». Vivir en pareja conservando residencias independientes es una situación
relativa- mente frecuente al inicio de una relación; no obstante, es una solución temporal, y más me-
nudo impuesta por circunstancias externas que escogida por la pareja. Durante los ocho aňos que
separan las encuestas, esta forma de union no fue en aumento. En este articulo nos preguntamos si la
conyugalidad sin cohabitación observada ac- tualmente es un fenómeno comparable a la cohabitación
en el momento en que esta se em- pezaba a extender, о si es únicamente una forma « séria » de
relación amorosa. Para responder, hemos estudiado las caracteristicas, opciones y restricciones de las
personas que optan por este modo de vida.ví'
ÍC
VIVRE EN COUPLE
CHACUN CHEZ SOI
du être mari dans mariage ratifiée lesquelles et La femme»; famille avait par les n le bien laissé 'en partenaires maire, finit souvent, la voire pas place cohabitent de d'ailleurs, par aux se le unions transformer. curé. et l'union « consensuelles, Mais vivent finit Le un comme recul noupar
veau type de couple semble être apparu : une union sans
cohabitation permanente, dans laquelle les deux partenair
es gardent deux domiciles distincts, quitte à en partager
un préférentiellement. Les contraintes d'emploi pourraient
y être pour quelque chose : plus encore qu'hier, il est dif
ficile aujourd'hui de trouver deux emplois suffisamment
proches pour s'accommoder d'un seul domicile. Mais au-
delà des contraintes, n'y aurait-il pas une volonté délibérée
de la part des jeunes hommes et femmes de ne pas s'enga
ger trop vite dans une union trop formelle, dont la rupture
éventuelle serait forcément plus difficile ? C'est la question
à laquelle Catherine Villeneuve-Gokalp* tente de répon
dre ici, en s' appuyant sur deux enquêtes de l'Ined.
Au milieu des années 1960, près de neuf fois sur dix la vie en couple
ne précédait pas le mariage; trente ans plus tard, la situation s'est total
ement inversée, et pour certains couples une cohabitation permanente et un
domicile commun ne sont plus nécessaires. Plusieurs enquêtes mettent en
évidence une dissociation entre la vie en couple et la cohabitation. En effet,
un même individu peut affirmer, au cours d'un même entretien, qu'il «vit
en couple» et qu'il «n'habite pas avec son conjoint en permanence... que
chacun a toujours conservé sa résidence personnelle» (enquêtes sur les s
ituations familiales de 1986 et 1994, voir encadré 1 : Les sources). Deux
personnes qui ne résident pas ensemble en permanence peuvent donc consi
dérer qu'elles forment un couple parce qu'elles ont pris des engagements r
éciproques, par mariage ou accord consensuel, et ont intégré ces
dans leur manière de vivre. Deux autres, qui se voient tous les jours, estiment
qu'elles vivent en couple même si chacune dispose d'un logement propre. On
pourra alors parler de semi-cohabitation. Vincent Caradec, qui a étudié les
formes de la vie conjugale des couples constitués après 50 ans, distingue deux
modes de relations chez les avec deux domiciles : une cohabitation
intermittente, lorsque les deux conjoints ne vivent pas constamment ensemble,
* Institut national d'études démographiques, Paris.
Population, 5, 1997, 1059-1082 1060 С. VILLENEUVE-GOKALP
et une cohabitation alternée, lorsque les deux conjoints vivent continûment
ensemble, mais tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre. Les choix des hommes
et des femmes, qui se sont - dans cette étude - rencontrés tard, relèvent en
partie de contraintes spécifiques à ces âges : « présence de grands enfants et
de petits -enfants avec qui l'on souhaite poursuivre de bonnes relations ; pos
session d'un patrimoine, et en particulier d'une maison à laquelle certains
sont particulièrement attachés; existence d'un passé conjugal qu'il ne s'agit
pas d'oublier ou de renier» (V. Caradec, 1996). Mais ces contraintes ne s'im
posent pas encore à ceux qui se mettent en couple pour la première fois. Les
choix et les contraintes qui poussent les plus jeunes à opter pour ce mode
de vie restent à découvrir.
Les conjoints qui n'habitent pas ensemble sont-ils en train d'inventer
un nouveau mode de relations conjugales, fondé ni sur le mariage ni sur
la cohabitation? Les séparations résidentielles"1 sont-elles imposées par des
circonstances extérieures, ou bien les conjoints refusent-ils d'abandonner
leur domicile personnel par prudence, pour échapper à la routine ou plus
simplement pour préserver leur indépendance? Une enquête sur les situa
tions familiales, réalisée par l'Ined en 1986 auprès des personnes de moins
de 45 ans, avait permis une première approche des unions non cohabitant