Les vies parallèles de PlutarqueTome troisième. PompéeTraduction française de Alexis PierronPOMPÉE(De l’an 106 à l’an 48 avant J.-C.)Le peuple romain semble avoir eu, dès l’abord, pour Pompée, les mêmes sentiments que le Prométhée d’Eschyle témoigne en cesmots à Hercule, qui vient de le sauver :[1]Ce fils d’un père que je hais, il m’est bien cher .Jamais, en effet, les Romains ne donnèrent à aucun autre général des preuves d’une haine aussi forte et violente que celle dont ils ontpoursuivi Strabon, père de Pompée. Vivant, sa puissance dans les armes, car il était homme de guerre, le leur avait renduredoutable ; et, quand il fut mort frappé de la foudre, ils arrachèrent le corps du lit funèbre, pendant les obsèques, et lui firent milleoutrages. Or, aucun Romain, plus que Pompée, ne fut, en revanche, l’objet de leur vive affection ; nul ne la vit commencer plus tôt, nipersévérer plus longtemps dans sa prospérité, ni se soutenir avec plus de constance dans ses revers. L’aversion qu’on portait aupère ne venait que. d’une seule cause, son insatiable avarice ; mais il y en eut plusieurs à l’amour qu’inspirait Pompée : satempérance dans la manière de vivre, son adresse aux exercices des armes, son éloquence persuasive, la sincérité de soncaractère, et son affabilité. Il était personne qui fut plus endurant avec les solliciteurs, ni qui obligeât plus volontiers : il donnait sansarrogance, et recevait avec dignité. La douceur de ses traits, qui prévenait en sa ...
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