Les vies parallèles de PlutarqueTome deuxième Paul ÉmileTraduction française de Alexis PierronPAUL ÉMILE.(De l’an 227 à l’an 158 avant J.-C.)Quand je commençai à écrire ces Vies, ce fut pour faire plaisir à d’autres ; c’est pour l’amour de moi-même que je les continueaujourd’hui, et avec une prédilection particulière. L’histoire m’est comme un miroir où je porte les yeux, pour tacher, autant qu’il est enmoi, de régler ma vie et de la former sur les vertus des grands hommes. Rien ne ressemble plus à un commerce familier que la façondont j’en use avec eux ; j’exerce tour à tour envers chacun d’eux une sorte d’hospitalité, en leur donnant place dans ces récits ; je les[1]fixe près de moi, je contemple ce qu’ils ont eu de grand, et ce qu’ils étaient , et je choisis dans leurs belles actions celles quiméritent le plus d’être connues.[2]Grands dieux ! où trouver sujet de plus douces joies , moyen plus efficace pour la réforme des mœurs ? Nous devons prier, ditDémocrite, qu’il se présente à nous des images favorables, et que l’air qui nous environne, nous en porte de convenables à notrenature et de bonnes, plutôt que de sinistres et n’ayant aucun rapport avec nous ; mais il n’a fait qu’introduire par là dans la philosophieune opinion fausse, source intarissable d’erreurs superstitieuses. Pour moi, appliqué à l’étude de l’histoire, occupé de composer cesVies, je m’instruis moi-même en recueillant sans cesse dans mon âme les souvenirs des hommes les plus vertueux ...
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