Les vies parallèles de PlutarqueTome troisième NiciasTraduction française de Alexis PierronNICIAS.(De l’an 465 à l’an 413 avant J.-C.)Comme j’ai cru qu’il n’y avait rien de déraisonnable à mettre en parallèle Nicias et Crassus, les malheurs de celui-ci chez les Parthes,et ceux du premier en Sicile, j’ai besoin d’adresser quelques explications à ceux qui liront cet écrit ; car il ne faut pas qu’on puissecroire qu’en reprenant à mon tour ces récits, dans lesquels Thucydide a déployé plus que jamais un pathétique, une vivacité, une[1]variété inimitables, j’aie voulu rien faire qui ressemble au dessein de Timée . Il espérait surpasser Thucydide par l’éloquence, etprouver que Philistus n’est absolument qu’un rustre et un sot ; et il s’est jeté, dans son histoire, au beau milieu des sujets queThucydide et Philistus ont le mieux traités, combats de terre, batailles navales, harangues publiques. Mais il n’était, par Jupiter ! auprix d’eux, pas mêmeUn homme à pied courant près d’un char lydien,[2]comme dit Pindare ; et il s’est montré, dans cette entre- prise, un véritable apprenti, un enfant sans raison, et, pour me servir des[3]termes de Diphilus ,Un homme épais, et tout bouffi de graisse sicilienne.[4]Souvent aussi il se laisse aller à des inepties dignes de Xénarchus . Par exemple, il dit qu’à son avis c’était un mauvais présage[5]pour les Athéniens, que le général dont le nom était formé du mot victoire , se fût opposé à l’expédition ; que, par la mutilation ...
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