Les Lois Scélérates de 1893-1894Émile Pouget1899L'application des Lois d'exception de 1893-1894.Un léger frisson troubla la quiétude des majorités, d'ordinaire si sereined'inconscience, le jour où les «lois scélérates» furent inscrites dans le Code.Mais bientôt chacun, dans son for intérieur, se morigéna et, afin de n'avoir pas às'indigner de tout l'arbitraire que ces lois nouvelles faisaient prévoir, se fit uneraison :«A quoi bon s'effrayer ? Les lois scélérates étaient un tonnerre de parade. On allaitreléguer ça dans le magasin aux accessoires légaux et elles ne seraient guèrequ'un croquemitaine pour grands enfants... croquemitaine d'apparence rébarbative,mais en réalité bénin, — bonne pâte, carton-pâte.»Les faits ont formellement démenti cet optimisme hypocrite: les lois scélérates ontété appliquées, — le sont encore. Pour l'établir, il me suffira de résumer lescondamnations prononcées depuis quatre ans.On peut lire plus haut l'historique et exposé le mécanisme des Lois scélérates :celle du 12 décembre 1893 contre la presse ; celle du 18 du même mois, sur lesassociations de malfaiteurs, qui atteint l'individu dans ses relations ; celle du 28juillet 1894, sur les menaces anarchistes, qui frappe l'isolé assez imprudent pourrêver tout haut, et qui ajoute la relégation au châtiment principal.L'acte d'Étiévant, directement provoqué par cette loi de relégation, suffirait seul à lacondamner.Étiévant sortait de prison : il écrivit un article, saisi en ...
Voir