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1960
Écrit par
Mattei Dogan
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REVUE_FRANCAISE_DE_SOCIOLOGIE0
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1960
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Publié le
01 janvier 1960
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Français
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M. Dogan
Le vote ouvrier en Europe occidentale
In: Revue française de sociologie. 1960, 1-1. pp. 25-44.
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Dogan M. Le vote ouvrier en Europe occidentale. In: Revue française de sociologie. 1960, 1-1. pp. 25-44.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1960_num_1_1_1734Abstract
How are workers' votes distributed among the different political parties? What are the reasons why
many workers do not vote for the party which claims to be the party of the working-class? The splitting
of the workers' vote is explained by the variety of professional qualifications, by the discrepancy
between the objective social condition and the perception of this condition, by social mobility, by
religious influences, by the traditionalist tendency of women's votes, etc. This analysis is concrete; it is
concerned with eight countries and illustrated by means of numerous statistical tables.
Resumen
iCómo se reparten los votos de los obreros entre los diversos partidos políticos? ¿Por qué razones
muchos obreros no votan por el partido que se arroga principal- mente la representación de la clase
obrera? La diversidad electoral de esta es explicada рог la diversidad de las calificaciones
profesionales, las distorsiones entre la condición social objetiva y la percepción de esta condition, la
mobilidad social, la influencia religiosa, la tendencia tradicionalista del sufragio feminino, etc. Este
análisis, que se refiere a ocho paises, es concreto y esta ilustrado por numerosas tablas estadisticas.
Zusammenfassung
Wie verteilen sich die Arbeiterstimmen auf die verschiedenen politischen Parteien ? Warum wählen
viele Arbeiter nicht fur jene Parteien. die sich hauptsächlich auf die « Arbeiterklasse » berufen ? Der
Verfasser erklärt die Spaltungen im Wahlverhalten dieser Klasse durch die Unterschiede im beruflichen
Befähigungs- niveau, die Verschiebungen zwischen objektiver sozialer Stellung und Wahrnehmung
derselben, die soziale Beweglichkeit, den Einfluss der Religion, die traditionnelle Richtung der
weiblichen Stimmenabgabe, etc. Konkrete Analyse von acht Ländern, mit statistischen Tabellen.
резюме
Жорж Дави : Дюркхейм.
Матвей Доган : Как голосуют рабочие в Западной Европе?
Как распределяются рабочие голоса между различными политическими партиями? Почему
большое число рабочих не голосуют за ту партию, которая себя называет по преимуществу
представительницей рабочего класса? Распределение рабочих голосов объясняется различиями
профессиональной квалификации, расхождением между объективными социальными условиями
и реакцией на них избирателей, неустойчивостью социальных группировок, влиянием религии,
традиционализмом женщин-избирательниц, и т. д. Анализ носит конкретный характер,
распространяется на восемь стран и иллюстрирован многочисленными статистическими
таблицами.R. franc. Social., i960, 1, 25-44
Le vote ouvrier
en Europe occidentale
par Mattei Dogan
Un des problèmes les plus intéressants que l'on puisse se poser
aujourd'hui en sociologie politique est de savoir pour quelles raisons,
dans tous les pays de l'Europe occidentale, une proportion importante
des travailleurs manuels ne vote pas pour les partis qui se réclament
principalement de la «classe ouvrière», c'est-à-dire pour les partis
socialistes et communistes. Il n'est pas nécessaire d'expliquer longuement
le vote des ouvriers en faveur de ces partis. Ce vote est « normal » , et
il a sa logique, bonne ou mauvaise, qu'il ne nous appartient pas d'appréc
ier. Le comportement électoral des ouvriers qui votent pour les partis
démocrates-chrétiens, conservateurs, radicaux, libéraux, est sociologi-
quement plus intéressant à étudier que celui des ouvriers qui votent
socialiste ou communiste.
Une estimation de la répartition des suffrages des ouvriers entre les
divers partis politiques n'est pas aisée, mais elle est possible. L'analyse
écologique des résultats des élections, les enquêtes à base d'échantillon
nage stratifié sur les préférences politiques, la comparaison entre les
résultats des élections politiques et ceux des élections syndicales (pour
les pays où il existe plusieurs organisations syndicales et où, en même
temps, le taux de syndicalisation est élevé), l'examen de la provenance
sociale des adhérents (pour les partis qui comptent beaucoup d'adhér
ents), l'étude des relations entre l'intensité des sentiments religieux et
les tendances politiques, les recherches sur la motivation du vote, ainsi
que la confrontation systématique entre les statistiques électorales et les
statistiques socio-économiques à l'échelon national, régional et local,
utilisés autant que possible conjointement, nous permettent de tracer,
d'une manière approximative bien entendu, les grandes lignes des clivages
socio-politiques.
Les études électorales se cantonnent généralement dans les cadres
nationaux et se proposent d'analyser l'influence des divers facteurs
sociaux sur le comportement électoral. Mais ces facteurs sociaux
interviennent dans tous les pays. Les différences, à l'intérieur de chaque
pays, entre les catégories socio-professionnelles, entre les niveaux de
vie, les horizons psycho-sociaux, sont aussi importantes que les
différences entre les contextes nationaux. La stratification sociale
engendre des types sociaux : il existe autant d'analogies, en ce qui con-
25 Revue française de sociologie
cerne leurs conditions de vie, leur place dans la hiérarchie sociale et la
motivation de leur vote, entre le métallurgiste anglais et le métallurgiste
allemand, entre le petit cultivateur français et le petit cultivateur italien,
entre le docker de Londres et celui de Rotterdam, entre l'avocat suédois
et l'avocat autrichien, qu'entre deux électeurs de même nationalité, mais
qui appartiennent à des catégories sociales opposées. De cette consta
tation, il n'est pas obligatoire de tirer des conclusions idéologiques. S'il
est vrai que le sens du vote n'est pas indépendant des contextes sociaux,
la plupart des mineurs, des cheminots ou des employés devraient se
comporter d'une manière très analogue dans tous les nationaux.
A la place d'études nationales qui portent sur toutes les catégories socio
professionnelles, on peut concevoir des études internationales, limitées,
en revanche, à une seule catégorie sociale. De telles études n'apparaî
traient pas plus complexes que les autres : les variables soumises à
l'analyse ne seraient pas les mêmes, mais leur nombre n'augmenterait
pas nécessairement.
La méthode comparative est applicable aux échantillons nationaux,
même si les structures sociales des pays considérés sont très diffé
rentes les unes des autres. Le fait que le secteur primaire détient en
France une place quatre ou cinq fois plus importante qu'en Grande-
Bretagne, que le niveau de vie est plus élevé en Suède Belgique,
qu'il n'y a pratiquement pas de chômage en Hollande alors qu'il est le
principal problème social de l'Italie, n'est pas une difficulté insurmont
able, car ce qui nous intéresse principalement, dans une étude compar
ative des attitudes politiques, est la relation entre les variables, et pour
atteindre cet objectif nous n'avons pas besoin d'échantillons identiques.
On peut, en effet, analyser comparativement la relation entre la condi
tion ouvrière et le vote socialiste, quelle que soit dans les divers pays
l'importance numérique des ouvriers de l'industrie (ou l'importance
numérique des suffrages socialistes), mais, évidemment, les résultats
devront être interprétés en fonction de la structure sociale de chaque
pays. Rien d'ailleurs ne nous interdit de raisonner sur des échantillons
identiques, en prenant en considération pour tous les pays 1.000 ouvriers
et r.ooo socialistes, et de procéder ensuite à des pondérations et à des
extrapolations en fonction des structures nationales.
En outre, les études effectuées dans plusieurs pays européens sur la
place hiérarchique et le prestige des catégories socio-professionnelles
ont abouti à des échelles hiérarchiques très analogues. On peut parler
à cet égard d'un consensus international.
I. — La répartition des votes des ouvriers.
Avant d'analyser les facteurs qui interviennent dans le comporte
ment électoral des ouvriers, il convient d'établir les clivages électoraux
de ce qu'on appelle « la classe ouvrière » . Il nous semble superflu de
définir ici cette dernière not