La Pentecôte du MalheurOwen WisterThe Pentecost of Calamity, 1915Ever the fiery PentecostGirds with one flame the countless host.Emerson.I.Il est des influences et des forces qui ont le pouvoir d’évoquer le passé d’une façonplus frappante encore que les rêves, par des opérations qui nous paraissent tenirde la magie et rappellent les cercles, les baguettes et les paroles cabalistiques descontes de fées. Sollicités par ces rites mystérieux, des voix se font entendre, desombres et des visages surgissent du néant. De même aussi certaines facultés quin’ont rien de magique projettent dans notre esprit des visions d’autrefois. Qui denous n’en a fait l’expérience ? Quel est l’être humain chez qui une mélodie, unparfum n’évoquent pas des souvenirs lointains ? La musique et les parfums sontparmi les plus puissants de ces agents évocateurs ; mais il en est d’autres : la voix,les sons, l’écriture. C’est ainsi que presque toujours, au nom de la ville de Cologne,m’apparaissent les rives d’or du Rhin allemand se déroulant à mes yeux telles queje les vis pour la première fois, il y a bien longtemps. Du pont d’un bateau à vapeurje les vois encore et j’aperçois, menaçantes et sinistres, vingt et une locomotives,formant un seul train, roulant vers une destination nouvelle. C’était le 19 juillet 1870,et ce jour-là, la France venait de déclarer la guerre à la Prusse. C’était lamobilisation qui commençait et à laquelle j’assistais. J’avais dix ans.Les dates et les ...
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