La démarche du cours

Faculté Administration et échanges internationaux Master 1 AMITer - Administration Publique et Gestion des Collectivités Locales Organisation et gestion des systèmes complexes Polycopie 2011/2012 Jalal BOULARBAH Jalal BOULARBAH Page 1Éthique et impact social des SIContenu du chapitre • Le cadre général de l’éthique • Protection de la vie privée • Les logiciels libres • Qualité des systèmes • Qualité de la vie Jalal BOULARBAH Page 2Éthique et impact social des SILe cadre général de l'éthique – Selon la loi de Moore, la puissance des ordinateurs double tous les 18 mois. – Dans le même temps, le coût global des systèmes diminue, en particulier celui des systèmes de stockage. – De nouveaux algorithmes et de nouvelles technologies de recherche sont mis au point. – Les réseaux, dont Internet, permettent à un plus grand nombre de systèmes de dialoguer entre eux. – Il est donc chaque jour un peu plus facile de gérer des masses d'information croissantes, de les croiser et de les utiliser pour des recherches affinées. • Définition de l'éthique – L'éthique est classiquement considérée comme l'une des trois branches de la philosophie, avec la physique et la logique (par exemple, chez les stoïciens ou chez Kant). – Il s'agit de la connaissance normative du comportement humain. – Les philosophes cherchent à connaître les normes de la nature, c'est-à-dire de la raison (car le monde physique est informé selon ses lois, qui sont l'expression du divin). – Cette connaissance est la sagesse, état de la psyché (âme) qui la rend en quelque sorte invincible. – En ce sens, l'éthique suppose une maîtrise surhumaine des passions, qui, pour les Anciens, rapproche du dieu créateur du monde. Jalal BOULARBAH Page 3Éthique et impact social des SILe cadre général de l'éthique – Le mot « éthique» est construit sur le grec ethos, qui signifie « coutume », « usage », « caractère ». – Le terme latin ethica désigne la philosophie morale, qui relève des sciences sociales, par opposition aux sciences exactes (mathématiques, logique) et empiriques (chimie, physique). – De nos jours, l’« éthique» est un concept relativement galvaudé, un « ensemble de règles décrivant ce qui est bien et ce qui est mal ». – C'est ce qui guide notre comportement et dicte notre conduite. – L'usage moderne de ce mot le rapproche donc de « morale ». – L'éthique se vit d'abord comme une affaire personnelle, la conduite de chacun relevant au final de sa conscience individuelle. – Cependant, l'éthique des uns n'intéresse les autres qu'en raison de l'interaction sociale entre les hommes. – Ainsi, l'éthique est souvent perçue comme un ensemble de règles (par exemple, le code éthique d'une profession obligera ses praticiens à un certain devoir de réserve, voire au secret) et de schémas de coopération. – Le concept est donc sorti du cadre individuel et privé pour s'appliquer à divers milieux professionnels, d'abord sous le vocable de «déontologie professionnelle». – Plusieurs corps de métiers ont défini leurs propres règles: un médecin fera référence à « l'éthique médicale », tandis qu'en entreprise, on parlera d'« éthique managériale ». Jalal BOULARBAH Page 4Éthique et impact social des SILe cadre général de l'éthique • Quelques principes éthiques – Pour illustrer ce concept par des exemples universels, voici quelques principes éthiques et leur explication. – La règle d'or » La règle d'or est une expression très simple, sans doute inspirée par la religion. » Il s'agit de ne pas faire aux autres ce que l'on ne voudrait pas qu'ils nous fassent. – L'impératif catégorique d'Emmanuel Kant » Dans sa théorie de l'impératif catégorique, Kant cherche à formuler le principe suprême de la moralité. » Le respect de la loi est le mobile de l'action morale: il est l'effet de la représentation d'une loi sur nous, ce qui détermine notre volonté. » Cette loi consiste à agir de telle sorte que je puisse vouloir que ma maxime (principe subjectif) devienne une loi universelle (principe objectif) : • « Puisque l'universalité de la loi d'après laquelle des effets se produisent constitue ce qu'on appelle proprement nature dans le sens le plus général (quant à la forme), c'est-à-dire l'existence des objets en tant qu'elle est déterminée selon des lois universelles, /'impératif universel du devoir pourrait encore être énoncé en ces termes: Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en LOI UNIVERSELLE DE LA NATURE. » (Fondements de la métaphysique des mœurs) » L'impératif catégorique peut se résumer ainsi: si une action n'est pas acceptable pour une seule personne, alors elle ne l'est pour personne. Jalal BOULARBAH Page 5Éthique et impact social des SILe cadre général de l'éthique – Loi du changement de Descartes » Si une action ne peut pas être reproduite, alors il n'est pas juste de la mettre en pratique, ne serait- ce qu'une fois. – Le principe utilitaire ou utilitarisme » Cette expression qualifie un système de morale qui remonte à l'Antiquité grecque. » Plus spécialement, elle a désigné, dans l'Angleterre moderne (au XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe siècle), un groupe d'hommes politiques soucieux de posséder une théorie éthique commune, d'appuyer leur programme sur des principes généraux et de le justifier par une méthode abstraite. » C'est la proportion selon laquelle une chose ou un acte donnés peuvent aider à atteindre une fin elle-même déterminée. » Par conséquent, selon cette morale de l'utile, nos actions ou nos tendances à agir devront être appréciées en raison de leur efficacité dans la pour­suite d'un but considéré comme l'utile suprême. – Le principe d'aversion du risque » Il s'agit de toujours prendre la décision qui induise le moins de désagréments ou qui soit la moins coûteuse. – Rien n'est gratuit » Tous les objets, réels ou virtuels, appartiennent à quelqu'un qui souhaite une compensation pour son travail. Jalal BOULARBAH Page 6Éthique et impact social des SIProtection de la vie privée – La protection de la vie privée dans le cadre des systèmes d'information est la combinaison des problèmes engendrés par la constitution de fichiers de données privées et l'utilisation de systèmes automatiques de traitement, ce qui génère deux types de risques liés: » Au traitement lui-même, ce à quoi servent les données. » Aux risques de piratage ou d'erreur de traitement. – De plus, il convient d'aborder ce problème sous deux angles différents: » Celui de l'utilisateur. • Que faisons-nous de nos données privées? • Comment les protégeons-nous des regards indiscrets? • Que risquons-nous de dévoiler à notre insu? » Celui de l'entreprise. • Quels sont sa responsabilité et les risques encourus? – Pour un utilisateur, la protection de la vie privée concerne: » L'utilisation d'un système informatique personnel et les dangers de « fuites» potentielles que celui-ci peut comporter. » Les interactions qu'il peut avoir avec des entreprises utilisatrices d'un système d'information et l'utilisation qu'elles peuvent faire de ses données. – Une entreprise doit avant tout respecter le cadre légal, mais elle souhaite aussi souvent aller bien au-delà, pour donner confiance à ses clients et fournisseurs. Jalal BOULARBAH Page 7Éthique et impact social des SIProtection de la vie privée • Présentation du cadre légal – Les traitements automatisés de données personnelles se rencontrent dans les activités: » De l'entreprise. • L'informatique traditionnelle de gestion a étendu ses traitements aux données personnelles, depuis la simple paye jusqu’à la gestion des compétences et des formations, des congés. » De l'administration. • Le citoyen peut divulguer certaines informations personnelles en payant ses impôts et diverses taxes par des moyens électroniques et en consultant des sites officiels. • Le vote électronique est aussi un domaine qui nécessite un encadrement optimal. » Du citoyen, de l'employé. • Paiement de factures en ligne par carte bleue, utilisation d'un téléphone portable et localisation sont autant d'opérations qui laissent des traces permettant de retracer l'activité et les déplacements d'une personne. – Les applications Internet sont plus récentes, mais leur développement est exponentiel. – Leur utilisation est alternative ou cumulative: création de sites et utilisation du réseau comme moyen de communication. – La création de sites Web connaît un fort engouement, mais les sites personnels contiennent de nombreuses informations qui, une fois sorties du contexte familial, peuvent conduire à des, abus. – Les « blogs », sorte de journaux intimes ouverts à tous, dévoilent souvent les convictions politiques ou religieuses de leurs auteurs. Jalal BOULARBAH Page 8Éthique et impact social des SIProtection de la vie privée – Le site personnel d'un généalogiste permettra d'obtenir de nombreuses informations personnelles sur toute une famille. – Le « nom de jeune fille de votre mère» utilisé pour débloquer les comptes électroniques verrouillés par un mot de passe oublié est aussi lisible par tous. – Le réseau Internet est également utilisé comme instrument de communication, essentiellement grâce aux applications de courrier électronique, ou « courriel », et aux listes de discussions, forums de discussion ou « chats ». – Dans tous les cas, même si les applications clientes qui permettent d'accéder aux messages sont protégées par un mot de passe, les messages eux- mêmes sont transmis en clair. – Plusieurs outils peuvent les crypter, mais ils sont très rarement utilisés car interprétés, à tort, comme une contrainte inutile. – Les messages que nous échangeons sont donc parfaitement lisibles durant leur trajet à travers Internet, à la fois sur les canaux de communication mais aussi sur les nœuds du réseau où ils sont stockés avant d'être routés vers le nœud suivant. – Dans ce contexte global d'expansion des usages de l'informatique et d'Int