L’État et le chemin de ferLéon Walras1875Il est positif que, pour certains économistes, l’économie politique et sociale est unescience qui tient tout entière dans ces quatre mots : Laisser faire, laisser passer.Quelle que soit la question qu’on leur pose, et qu’il s’agisse du travail des enfants etdes femmes dans les manufactures ou du régime des colonies, du commerce desblés ou de l’industrie des transports, ils n’y voient jamais qu’une seule et uniquesolution possible : l’initiative individuelle s’exerçant dans la plénitude de sa liberté.Qu’on parcoure l’article : Chemins de fer, de M. Michel Chevalier, dans leDictionnaire de l’économie politique, article, remarquable à bien des égards, etdemeuré tel quoique écrit depuis près de vingt-cinq ans, on y verra discutéssuccessivement tous les problèmes que soulèvent ces voies de communication,sauf un seul : celui de savoir si ce ne serait point à l’État de les construire et de lesexploiter. L’auteur ne semble pas mettre en doute un seul instant que cette tâchen’incombe à des compagnies privées. À un certain moment, il nous parle del’exploitation des chemins de fer telle qu’elle se faisait en Angleterre, vers 1843 ; ilnous apprend que quelques personnes trouvaient cette exploitation « très peuconforme à l’intérêt public », et demandaient que les chemins de fer anglais« fussent rachetés et exploités par l’État ». Puis il ajoute : « Cette conclusion étaitforcée. Le gouvernement anglais aurait eu tort de ...
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