Olivia GOMOLINSKI Juif et alors… Pour une étude de l’identité « juive-bolchevique ». 1Le cas de Solomon Lozovski (1878-1952) Au lendemain de la révolution d’Octobre, Trotski décline la proposition de Lénine qui souhaitait lui confier la direction de l’Intérieur, motivant son refus par la question des nationalités : « était-il, disais-je, bien utile de donner à nos ennemis cette arme 2supplémentaire, mon origine juive » . Ce curieux scrupule, que lui-même qualifie a posteriori de « calcul politique », souligne cependant avec acuité la complexité de la situation des juifs bolcheviques au sein du nouveau pouvoir, partagés entre intégration manifeste et assimilation contestée. Au-delà de la traditionnelle question des logiques d’adhésion des Juifs aux mouvements 3révolutionnaires , la figure des « juifs bolcheviques » interroge pour au moins deux raisons. La première c’est leur présence notable dans les sphères dirigeantes, même si celle-ci est plus 4visible que réelle . Dans une étude classique, « Makers of the Soviet Union », Werner E. Mosse, à partir des 246 autobiographies et biographies autorisées publiées dans 5l’encyclopédie Granat en 1927 , pour le dixième anniversaire de la révolution d’Octobre, relève que 16,6% des « vieux bolcheviques » sont Juifs alors qu’ils composent moins de 4% 6de la population totale . Cependant, cette sur-représentation — proportionnellement, 1. Cette étude ...
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