Manuscrit auteur, publié dans "Memini. Travaux et documents de la Société des études médiévales du Québec, 4 (2000) 3-43"Memini. Travaux et documents publiés par la Société des études médiévales du Québec, 4 (2000) Texte des pages 3-43 Ce qu’écrire veut dire au Moyen Âge… Observations préliminaires à une étude de la scripturalité médiévale* Joseph MORSEL Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris Université Panthéon-Sorbonne (Paris I) Non potest non fuisse quod scriptum est. (Tertulien, De carne Christi, III, 9) Les sources sont le pain de l’historien. Mais il en va de celles-ci comme de celui-là : bonnes ou trafiquées, florissantes ou rassises, de taille et de composition diverses, quotidiennes ou de fête, elles se suivent et ne se ressemblent pas. Elles ne sont pas tout le travail de l’historien, mais elles en sont le tissu. Et s’il est vrai que de bonnes sources ne font pas nécessairement un bon travail, de mauvaises sources rendent celui-ci aléatoire, capable de géniales intuitions comme des errements les plus fantasques. Du moins ces derniers pourraient-ils être limités si l’on ne considérait pas les sources comme un simple matériau que l’historien se charge de réagencer, un peu comme si l’on ne retenait d’un tableau que le thème représenté. Une source n’est pas seulement un reflet du passé, elle est aussi le miroir qui produit ce reflet, d’où une double 1difficulté : pour se limiter ici, arbitrairement j’en conviens, au ...
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