• Etude critique « On l’a lu, on le lit, ou on le lira », écrivait le critique Edouard Muret dans le numéro du 13 avril 1835 du Courrier français à propos du Père Goriot, prophétisant ainsi l’extraordinaire fortune d’une œuvre appelée à devenir sans doute le roman le plus connu de La Comédie humaine en France comme à 1l’étranger . Il est vrai que ce texte écrit par un auteur parvenu à une pleine et parfaite maîtrise de ses moyens offre un point de départ privilégié pour quiconque veut se lancer dans l’exploration de l’immense massif que constitue l’ensemble de la production du « plus fécond de nos romanciers ». Comme le fait remarquer Gérard Gengembre, « consacré par la tradition, par l’institution scolaire, il contient tout ce qui, dans notre mémoire collective compose la mythologie balzacienne : descriptions, types, jeune héros, belles femmes du monde, bandit, 2argent, drame… » . En raison du caractère rigoureusement concerté du projet, de la fermeté de la démarche, Le Père Goriot apparaît comme une œuvre typique de la « manière » balzacienne. En premier lieu, une grande limpidité dans sa signification la caractérise. Cette clarté de sens est apparue, nous l’avons dit, depuis l’argument consigné dans l’album de projets de son auteur. Les propos tenus à madame Hanska montrent bien que le dessein de Balzac n’a jamais varié. Le roman est donc remarquablement et tragiquement fidèle aux données initiales dont cinq ans plus tard l’écrivain ...
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