Emancipation des esclavesAgénor de GasparinRevue des Deux Mondes T.14, 1838Émancipation des esclavesMon point de départ sera un lieu commun ; et je l’avoue sans honte, car je tiens que les vérités anciennes, claires et incontestées, nesont pas les moins bonnes. Celle que je présente ici, comme la base de tout mon système, peut s’exprimer en ces termes vulgaires :« On ne doit donner la liberté qu’aux hommes qui sont capables d’en user convenablement. »Si cet axiome n’a pas besoin d’être prouvé, il est également vrai que lui-même ne prouve rien, tant qu’on le laisse à l’état de formulegénérale et vague, tant qu’on ne précise pas la nature et l’importance relative des diverses garanties qu’il faut exiger en échange dela liberté.Ces garanties ne peuvent être que de deux sortes, générales ou individuelles ; et il y a cette grande différence entre les premières etles secondes, que les unes sont toujours incertaines, difficiles à constater, tandis que les autres ne laissent prise ni au doute, ni àl’erreur.Comment, en effet, apprécier avec justesse le degré de développement d’un peuple ? Comment reconnaître si le point qu’ont atteintquelques hommes est le niveau commun de la masse ? Comment échapper aux détails pour saisir l’ensemble ? Comment établir,sur des données aussi vagues, une moyenne de quelque valeur ?Qu’il est plus aisé d’avoir à faire à un seul individu, de concentrer sur lui son attention, de chercher dans ses habitudes d’ordre, detravail, dans sa ...
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