Michel BakounineŒuvres - Tome I.Dieu et l’État (Extrait du manuscrit inédit)DIEU ET L'ÉTAT[1]C’est au nom de cette fiction qui s’appelle tantôt l’intérêt collectif, le droit collectif oula volonté et la liberté collectives, que les absolutistes jacobins, les révolutionnairesde l’École de J.J. Rousseau et de Robespierre proclament la théorie menaçante etinhumaine du droit absolu de l’État, tandis que les absolutistes monarchiquesl’appuient avec beaucoup plus de conséquence logique sur la grâce de Dieu. Lesdoctrinaires libéraux, au moins ceux parmi eux qui prennent les théories libérales ausérieux, partent du principe de la liberté individuelle, se posent tout d’abord, commeon sait, en adversaires de celui de l’État. Ce sont eux qui ont dit les premiers que legouvernement, c’est-à-dire le corps des fonctionnaires organisé d’une manière oud’une autre et chargé spécialement d’exercer l’action de l’État, était un malnécessaire, et que toute la civilisation consistait en ceci, d’en diminuer toujoursdavantage les attributs et les droits. Pourtant nous voyons, qu’en pratique, toutes lesfois que l’existence de l’État est mise sérieusement en question, les libérauxdoctrinaires se montrent des partisans non moins fanatiques du droit absolu del’État que les absolutistes, monarchiques et jacobins.Leur culte quand même de l’État, en apparence du moins si complètement opposéà leurs maximes libérales, s’explique de deux manières : d’abord pratiquement parles ...
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