Considérations sur la mesure de la valeur et sur lafonction de métaux precieuxAuguste Walras1836I.INTRODUCTION.Personne n’ignore que les métaux précieux, c’est-à-dire l’or et l’argent, ou , si l’onveut encore, le numéraire, la monnaie, constituent la richesse aux yeux du vulgaire ;et nous pourrions entendre ici par le vulgaire tous ceux qui ne sont pas versés dansles premiers élémens de l’économie politique. Si l’on demande à un homme dupeuple, ou à un homme que son ignorance rapproche du peuple, ce que c’est qued’être riche, il répondra probablement : c’est posséder une somme d’or oud’argent. Cette opinion, fruit d’une illusion grossière, a été long-temps érigée endoctrine par les savans ; elle a servi de fondement au système exclusif oumercantile ; et, pour peu qu’on soit au courant des vérités démontrées par leséconomistes modernes, on sait assez quelles mesures désastreuses elle aproduites, et de combien de malheurs elle a été la source. Mais cette opinion étantgénéralement abandonnée aujourd’hui, et ne pouvant trouver d`asile désormais quedans quelques esprits rétrogrades on arriérés, ce serait perdre un temps précieuxque de s’arrêter à la combattre sérieusement. Il suffit de la signaler et de passeroutre. L’or et l’argent sont des richesses , sans contredit ; ce sont des richessesd’une espèce particulière, comme le blé, comme le vin, comme la laine, etc. ; maisce ne sont pas, à beaucoup près, les seules et uniques richesses qu’il y ait dans ...
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