[1]Balance du commerceFrédéric Bastiat1850La balance du commerce est un article de foi.On sait en quoi elle consiste : un pays importe-t-il plus qu’il n’exporte ; il perd ladifférence. Réciproquement, ses exportations dépassent-elles ses importations ;l’excédant forme son bénéfice. Cela est tenu pour un axiome et on légifère enconséquence.Sur cette donnée, M. Mauguin nous a avertis avant-hier, chiffres en main, que laFrance fait au dehors un commerce dans lequel elle a trouvé le moyen de perdrebénévolement, et sans que rien l’y oblige, 200 millions tous les ans.« Vous avez perdu sur votre commerce, dans onze années, 2 milliards, entendez-vous ! »Puis, appliquant son infaillible règle aux détails, il nous a dit : « En objets fabriqués,vous avez vendu, en 1847, pour 605 millions, et vous n’avez acheté que pour 152millions. Vous avez donc gagné 450 millions. »« En objets naturels, vous avez acheté pour 804 millions, et vous n’avez vendu quepour 114 millions ; vous avez donc perdu 690 millions. »Ce que c’est que de tirer, avec une naïveté intrépide, toutes les conséquences d’unprincipe absurde ! M. Mauguin a trouvé le secret de faire rire, aux dépens de labalance du commerce, jusqu’à MM. Darblay et Lebeuf. C’est un beau succès, et ilm’est permis d’en être jaloux.Permettez-moi d’apprécier le mérite de la règle selon laquelle M. Mauguin et tousles prohibitionistes calculent les profits et les pertes. Je le ferai en racontant deuxopérations commerciales ...
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