Allocution prononcée par Claude Ribbe auSénat lors de l'entrée d'Alexandre Dumas auPanthéonAllocution prononcée au Sénat lors de l'entréed'Alexandre Dumas au PanthéonAnonymeClaude RibbeSénat — 30 novembre 2002 — 15 heuresMonsieur le Président du Sénat, Monsieur le Ministre, Messieurs les Présidents,Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Mesdames, Messieurs,Que dirait notre Alexandre Dumas de ces fastes républicains brusquementdéployés autour de sa dépouille ? Nul ne le sait. Mais ce qui est sûr, c'est que s'iltenait la plume aujourd'hui, on ne se contenterait pas de dire qu'il est un écrivain. Onjugerait utile, pour mieux le qualifier, d'ajouter qu'il est un écrivain « de couleur ». Ceserait un romancier « noir », un auteur « antillais ». On parlerait de sa « créolité »,de son « africanité », de sa « négritude », de son « sang noir ». Bref, il auraitquelque chose de différent, de particulier, que sa couleur de peau désignerait etdont il n'aurait jamais la liberté de se défaire. En cette France du XXIe siècle, yaurait-il donc encore des gens pour croire à la « race », à la « pureté du sang » ?Faut-il attendre de tomber en poussière pour ne plus subir le regard des autres ?Faut-il attendre les honneurs posthumes pour ne plus être insulté ? Insulté, Dumas lefut, de la naissance à la mort. Il essuya, avec la dignité propre aux êtres d'exception,les plus sottes offenses. Et la plus douloureuse de ces offenses fut sans doutel'injustice faite à son père, le ...
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