Anatole France
ALLOCUTION PRONONCÉE LE 4 MARS 1900 A LA FÊTE
INAUGURALE DE L’UNIVERSITÉ POPULAIRE « LE RÉVEIL »
DES 1er ET 2e ARRONDISSEMENTS.
Opinions sociales, tome I
Citoyens,
En poursuivant sa marche lente, à travers les obstacles, vers la conquête des
pouvoirs publics et des forces sociales, le prolétariat a compris la nécessité de
mettre dès à présent la main sur la science et de s’emparer des armes puissantes
de la pensée.
Partout, à Paris et dans les provinces, se fondent et se multiplient ces universités
populaires, destinées à répandre parmi les travailleurs ces richesses intellectuelles
longtemps renfermées dans la classe bourgeoise.
Votre association, le Réveil des 1er et 2e arrondissements, se jette dans cette
grande entreprise avec un élan généreux et une pleine conscience de la réalité.
Vous avez compris qu’on n’agit utilement qu’à la clarté de la science. Et qu’est en
effet la science ? Mécanique, physique, physiologie, biologie, qu’est-ce que tout
cela, sinon la connaissance de la nature et de l’homme, ou plus précisément la
connaissance des rapports de l’homme avec la nature et des conditions mêmes de
la vie ? Vous sentez qu’il nous importe grandement de connaître les conditions de
la vie afin de nous soumettre à celles-là seules qui sont nécessaires, et non point
aux conditions arbitraires, souvent humiliantes ou pénibles, que l’ignorance et
l’erreur nous ont imposées. Les dépendances naturelles qui résultent de la
constitution de la planète et des ...
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