Anatole FranceAllocution prononcée à la fête en l’honneur de Diderot, amidu peupleOpinions sociales, tome ICitoyens,Des maîtres, qui sont nos amis, viennent ici nous parler de Diderot philosophe, etde Diderot savant. Ce n’est pas à moi, c’est à Duclaux de vous montrer en Diderotle précurseur de Lamarck et de Darwin, c’est à Ferdinand Buisson, c’est à GabrielSéailles de vous parler du philosophe qui préféra l’examen utile des faits à la vainerecherche des causes, et enseigna qu’il faut demander à la nature non pas« Pourquoi cela ? » comme font les enfants, mais « Comment cela ? » à la manièredu chimiste et du physicien.Pour moi, je n’ai qu’un mot à dire. Je voudrais vous montrer Diderot, ami du peuple.C’était un homme excellent que le fils du coutelier de Langres. Contemporain deVoltaire et de Rousseau, il fut le meilleur des hommes dans le meilleur des siècles.Il eut la passion des sciences mathématiques, physiques, des arts et métiers.Connaître pour aimer fut l’effort de sa vie entière. Il aimait les hommes, et lesœuvres pacifiques des hommes. Il forma le grand dessein de mettre en honneur lesmétiers manuels, abaissés par les aristocraties militaires, civiles et religieuses.L’ E n c y c l o p é d i e dont il conçut le plan avec génie et dont il poursuivit l’exécution sicourageusement, l’ E n c y c l o p é d i e est le premier grand inventaire du travail fournipar le prolétariat à la société. Et cet inventaire, avec quel zèle, quelle ardeur, ...
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