777Autour des groupes de réflexions Master 2 Mathématiques fondamentalesCours : Michel Broué Université Paris VII Denis DiderotTD : Vincent Beck Année 2005 2006Représentation des groupes finis1 G-moduleDéfinition 1 G-module. Soient k un corps et G un groupe fini. Un G-module est un k-espace vectorielde dimension finie muni d’un morphisme de groupe ρ : G→GL(V). Le morphisme ρ est appelé morphismestructurel ou morphisme associé à la structure de G-module de V. On dit alors que V est une représentationde G. Lorsqu’on a besoin de préciser le corps de base, on note kG-module plutôt que G-module.GDéfinition 2-morphisme. Soient k un corps, G un groupe fini et V ,V deux G-modules. Pour i = 1,2,1 2on note ρ : G→GL(V ) le morphisme structurel. Un G-morphisme (ou morphisme de G-module) f : V →Vi i 1 2est une application k-linéaire telle que f ◦ρ (g) =ρ (g)◦f pour tout g ∈ G. On note Hom (V ,V ) l’espace1 2 G 1 2vectoriel des G-morphismes de V dans V .1 2Définition 3 G-isomorphisme. Soientk un corps,G un groupe fini etV ,V deux G-modules etf :V →V1 2 1 2′ ′ ′un G-morphisme. S’il existe un G-morphismef :V →V tel quef◦f = id etf ◦f =id , on dit quef est2 1 V V2 1un G-isomorphisme. On vérifie aisément qu’un G-morphisme bijectif est un G-isomorphisme. On dit que V et1V sont G-isomorphes (ou plus simplement isomorphe s’il n’y a pas d’ambiguité) s’il existe un G-isomorphisme2G-mod.f :V →V . On note alors V ≃ V .1 2 1 2Définition 4 Sous-G-module. Soient k un corps, G un groupe ...
Autour des groupes de réflexions Cours : Michel Broué TD : Vincent Beck
Master 2Mathématiques fondamentales Université Paris VIIDenis Diderot Année 20052006
Représentation des groupes finis
1Gmodule Définition 1Gmodule.Soientkun corps etGun groupe fini. UnGmodule est unkespace vectoriel de dimension finie muni d’un morphisme de groupeρ: G→GL(V). Le morphismeρest appelé morphisme structurel ou morphisme associé à la structure deGmodule deV. On dit alors queVest une représentation deG. Lorsqu’on a besoin de préciser le corps de base, on notekGmodule plutôt queGmodule. Définition 2Gmorphisme.Soientkun corps,Gun groupe fini etV1,V2deuxGmodules. Pouri= 1,2, on noteρi: G→GL(Vi)le morphisme structurel. UnGmorphisme (ou morphisme deGmodule)f: V1→V2 est une applicationklinéaire telle quef◦ρ1(g) =ρ2(g)◦fpour toutg∈G. On noteHomG(V1,V2)l’espace vectoriel desGmorphismes deV1dansV2. Définition 3Gisomorphisme.Soientkun corps,Gun groupe fini etV1,V2deuxGmodules etf: V1→V2 ′ ′′ unGmorphisme. S’il existe unGmorphismef: V2→V1tel quef◦f= idV2etf◦f= idV1, on dit quefest unGisomorphisme. On vérifie aisément qu’unGmorphisme bijectif est unGisomorphisme. On dit queV1et V2sontGisomorphes (ou plus simplement isomorphe s’il n’y a pas d’ambiguité) s’il existe unGisomorphisme Gmod. f: V1→V2. On note alorsV1≃V2. Définition 4SousGmodule.Soientkun corps,Gun groupe fini,VunGmodule etρ: G→GL(V)le morphisme structurel. Un sousGmodule deVest un sousespace vectoriel stable parρ(g)pour toutg∈G. Soientkun corps,Gun groupe fini etVunGmodule. Pourx∈Vetg∈V, on utilise les notations suivantes pour désignerρ(g)(x): ρ(g)(x) =ρg(x) =ρgx=gx=g∙x=gVx. Définition 5Ginvariants.Soientkun corps,Gun groupe fini etVunGmodule. L’ensemble G V ={x∈V,∀g∈G, gx=x} est un sousGmodule deVappelé l’ensemble des invariants (ou desGinvariants) deV. Exercice 1Construction deGmodules.SoientV,V1,V2etWquatreGmodules dont on note respective mentρV, ρ1, ρ2etρWles morphismes structurels. a)Montrer que l’applicationρ, définie parρ(g) = idkpour toutg∈G, munitkd’une structure deGmodule. b)Déterminer le nombre de classe d’isomorphisme de structure deGmodule surk. ′ ′′ c)SoitVun sousGmodule deV. MunirVetV/Vd’une structure deGmodule. d)Montrer que l’applicationρdéfinie par ( G−→GL(Homk(V1,V2)) ρ: −1 g7−→(f7→ρ2(g)◦f◦ρ1(g)) ∗ munitHomk(V1,V2)d’une structure deGmodule. En déduire une structure deGmodule surV. e)Montrer que l’applicationρdéfinie par ( G−→GL(V1⊕V2) ρ: g−7→ρ1(g)⊕ρ2(g) munitV1⊕V2d’une structure deGmodule. f)Montrer que l’applicationρdéfinie par ( G−→GL(V1⊗V2) ρ: g→7−ρ1(g)⊗ρ2(g) munitV1⊗V2d’une structure deGmodule.
g)Montrer que l’applicationρdéfinie par ( G−→GL(Bil(V1×V2,W)) ρ: −1−1 g→−7B7→(x, y)7→ρW(g)B(ρ1(g)(x), ρ2(g)(y)) munit Bil(V1×V2,W)d’une structure deGmodule. En déduire une structure deGmodule sur Bil(V×V, k). ′ ′′ h)Soitk→kune extension de corps. Munirk⊗Vd’une structure dekGmodule.
Définition 6Représentation unité.La représentation définie à la questionade l’exercice 1 s’appelle la représentation unité ou encore la représentation triviale. Lorsqu’est utilisée une structure deGmodule surk sans précision, il s’agit de la représentation unité.
Exercice 2Morphisme.SoientV,V1,V2,WquatreGmodules. a)Montrer queidV∈EndG(V). b)Soientu∈HomG(V,V1)etv∈HomG(V1,V2). Montrer quev◦u∈HomG(V,V2). G GG G c)Soitf∈HomG(V,W), montrer quef(V )⊂W. Sifest unGisomorphisme, montrer quef(V )= W. d)Soitf∈HomG(V,W), montrer queImfetKerfsont des sousGmodules respectivement deWetV. ′ ′ e)SoitVun sousGmodule deV. Montrer que l’inclusioni: V→Vest un morphisme deGmodule. ′ ′ f)SoitVun sousGmodule deV. Montrer que la surjection canoniqueπ: V→V/Vest un morphisme de Gmodule. Montrer aussi que pour toutf∈HomG(V,W)tel quef◦i= 0, il existe une unique application ′ f∈HomG(V/V,W)telle quef◦π=f. ∗ g)Montrer queV1⊗V2etHomk(V1,V2)sontGisomorphes. ∗ ∗∗ ∗ h)Montrer queV1⊗V2,(V1⊗V2), Bil(V1×V2, k)etHomk(V1,V2)sontGisomorphes. i)Montrer queV⊗k,VetHomk(k,V)sontGisomorphes.
Exercice 3SousGmodule.SoientV,V1,V2,WquatreGmodules. G a)DéterminerHomk(V1,V2). G GG b)Montrer que(V1⊕V2V) =1⊕V2. ∗ c)Montrer que le crochet de la dualitéh∙,∙iV,V∈Bil(V×V, k)estGinvariant. ∗ ∗ ∗ d)Montrer que Sym(V,W)est un sousGmodule de Bil(V×V,W). Déterminer le sousGmodule deV⊗V correspondant à Sym(V, k)via l’isomorphisme de la questionhde l’exercice 1. ∗ ∗ e)Montrer que Alt(V,W)est un sousGmodule de Bil(V×V,W). Déterminer le sousGmodule deV⊗V correspondant à Alt(V, k)via l’isomorphisme de la questionhde l’exercice 1. Pour les questionsfetg, on supposecark6= 2. 2∗ ∗∗ ∗ f)Montrer que Sym(V, k)estGisomorphe àS (V )= (V⊗V )/hx⊗y−y⊗x, x,y∈Vi. 2∗ ∗∗ ∗ g)Montrer que Alt(V, k)estGisomorphe à= (VΛ (V )⊗V )/hx⊗x, x∈Vi.
2 Caractère Définition 7Caractère.SoientVunGmodule etρle morphisme structurel. On appelle caractère de la représentationVet on noteχVla fonction définie par ( G−→k χV: g7−→tr (ρ(g)). On appelle caractère deGune fonctionχ: G→ktelle qu’il existe unGmoduleVtelle queχ=χV.
Exercice 4Caractère.SoientVetWdeuxGmodules. a)Montrer que siVetWsont isomorphes alorsχV=χW. b)CalculerχV(1). c)Calculerχk. d)CalculerχV⊕W,χV,χV⊗WetχHomk(V,W)en fonction deχVetχW. ∗
Exercice 5Fonctions surG.On appelleRla relation d’équivalence de conjugaison surG: −1 gRh⇐⇒ ∃k∈G, g=khk. On noteF(G, k)(resp.F(G/R, k)) lakalgèbre des fonctions deGdansk(resp. deG/Rdansk). La propriété universelle du quotient permet d’identifierF(G/R, k)à la souskalgèbre deF(G, k)des fonctions centrales c’estàdire la souskalgèbre formée des fonctions constantes sur les classes de conjugaison. a)Montrer que la fonction ( F(G, k)−→F(G, k) σ: −1 F7→−(g7→F(g) ). est un automorphisme de l’espace vectorielF(G, k)stabilisant l’espace des fonctions centrales. b)Soit CarGl’espace vectoriel engendré par les caractères. Montrer que CarGforme une souskalgèbre stable parσde l’espaces des fonctions centrales. On suppose pour la questioncquecarkne divise pas|G|. c)Montrer que la fonction F(G, k)×F(G, k)−→k h∙,∙i: 1P1P ′ ′−1′ (F,F )−7→F(g)F (gF() =g)σ(F )(g). |G| |G| g∈Gg∈G est une forme bilinéaire symétrique non dégénérée et que sa restriction à l’espace des fonctions centrales est non dégénérée.
3 Exemple Exercice 6Représentation d’action de groupe.SoitXun ensemble fini sur lequelGagit. On noteF(X, k) lakalgèbre des fonctions deXdansketexla fonction définie parex(y) =δxypoury∈X. a)Montrer que la famille(ex)x∈Xforme une base deF(X, k). b)MunirF(X, k)d’une structure deGmodule. Montrer que pour cette structure, on agex=egx. G c)Montrer quedimkF(X, k) =|X/G|. g g d)Montrer queχF(X,k)(g) =|X|oùX ={x∈X, gx=x}.
Définition 8Représentation régulière.LorsqueGagit sur luimême par multiplication à gauche, la représentation obtenue comme dans l’exercice 6 s’appelle la représentation régulière deG. On noteχregle caractère de la représentation régulière.
Exercice 7Représentation régulière. a)Calculerχreg. Dans la questionb, on suppose quecarkne divise par|G|. b)SoitVunGmodule. Montrer quehχreg, χVi= dimk(V).
4 Semisimplicité
Définition 9Gmodule irréductible.SoitVunGmodule. On dit queVest irréductible (ou simple) si V6= 0et les seuls sousGmodules deVsont{0}etV. Définition 10Caractère irréductible.Soitχun caractère deG. On dit queχest irréductible (ou simple) siχest le caractère d’unGmodule irréductible. Définition 11Gmodule indécomposable.SoitVunGmodule. On dit queVest indécomposable si pour toute décompositionV = V1⊕V2oùV1etV2deux sousGmodules alorsV1= 0ouV2= 0. Définition 12Gmodule semisimple.SoitVunGmodule. On dit queVest semisimple (ou complètement ′ ′′′ réductible) si pour tout sousGmoduleVdeV, il existe un sousGmoduleVdeVsupplémentaire deV.
Exercice 8Lemme de Schur.SoientV,WdeuxGmodules irréductibles. a)Soitf∈HomG(V,W). Montrer quefest nul ou un isomorphisme. b)En déduire queHomG(V,W) = 0ouVetWsont isomorphes. c)Montrer queEndG(V)est unekalgèbre à division. Pour les questionsdete, on suppose quekest algébriquement clos. d)Montrer quef∈EndG(V)est une homothétie. e)En déduire quedimkHomG(V,W) = 1siVetWsont isomorphes etdimkHomG(V,W) = 0sinon.
Pour les exercices 9 et 10, on suppose quecarkne divise pas|G|. Exercice 9Semisimplicité.SoientV,WdeuxGmodules. On noteρle morphisme structurel associé àV. P −1 G a)Montrer quepV=|G|ρ(g)∈EndG(V)est un projecteur d’imageV. g∈G P G−1 b)En déduire quedimk(V )1k=|G|χV(g) =hχV, χki. g∈G c)Montrer quehχV, χWi= dimkHomG(W,V)1k= dimkHomG(V,W)1k. d)Montrer que sidimkV = 1alorshχV, χVi= 1k. ′ ′ e)Théorème de Maschke. SoientVun sousGmodule deVetpun projecteurklinéaire d’imageV. Montrer, ′ à l’aide depEndk(V)(p), queVadmet un sousGmodule supplémentaire. En déduire queVest semisimple. f)Montrer queVest irréductible si et seulement siVest non nul et indécomposable. g)Montrer queVest somme directe de modules irréductibles. h)En déduire que CarGest engendré par les caractères irréductibles. Exercice 10Orthogonalité.SoientV,WdeuxGmodules. On noteρle morphisme structurel associé àV. a)On suppose queVetWsont irréductibles et ne sont pasGisomorphes. Montrer quehχV, χWi= 0. On suppose pour les questionsb,c,d,e,f,g,hetiquecark= 0. b)Montrer quehχV, χWiest un entier naturel. c)On supposeVetWirréductibles. Montrer les équivalences Gmod. hχV, χWi>0⇐⇒ hχV, χWi 6= 0⇐⇒V≃W⇐⇒χV=χW. d)En déduire que le nombre de classes d’isomorphismes de représentations irréductibles est égal au nombre de caractères irréductibles et que ce nombre est inférieur ou égal au nombre de classes de conjugaison deG. On noteχ1, . . . , χsles caractères irréductibles deGetViunGmodule irréductible de caractèreχi. Tout Gmodule irréductible est doncGisomorphe à un et un seul desVi. s e)Montrer qu’il existe une unique famille(d1(V), . . . , ds(V))∈Ntelle queχV=d1(V)χ1+∙ ∙ ∙+ds(V)χs. L’entierdi(V)s’appelle la multiplicité deVi(ou deχi) dansV(ou dansχV). s P 2 f)Montrer les égalitéshχV, χii=di(V)hχi, χiipour touti∈[1, s]ethχV, χVi=di(V)hχi, χii. i=1 Gmod. g)Montrer les équivalencesV≃W⇐⇒χV=χW⇐⇒ ∀i∈[1, s], di(V) =di(W). reg h)On notedila multiplicité deχidansχreg. Montrer que s2 dim VP(dim V) regi i ∀i∈[1, s], di=et|G|=. hχi, χiii=1hχi, χii i)Montrer que sihχV, χVi= 1alorsVest irréductible. Pour les questionsj,k,l,metn, on suppose quecark= 0etkalgébriquement clos. j)Montrer quehχV, χVi= 1si et seulement siVest irréductible. s P reg2 k)Montrer quedi= dim Vipour touti∈[1, s]et|G|V= (dimi). i=1 P −1 Pour les questionsl,metn,fdésigne une fonction centrale. On définit alorsϕV=f(g)ρV(g). g∈G −1 l)On suppose queVest irréductible. Montrer queϕVest une homothétie de rapport(|G|dim(V)hf, χVi).