D roits de l’apprenant, droits de l’enfant Nadia Revaz Nous n’avons pas tous le même rapport au savoir. Une fois conquis, le désir d’apprendre s’entretient tout Apprendre ce devrait d’abord être un désir puis un au long de la vie. Il est bien triste de voir des adultes plaisir. Or certains enfants et adolescents, tout comme qui refusent de s’intéresser à de nouveaux savoirs, certains adultes du reste, ne connaissent pas ce sous prétexte qu’ils ont été à l’école et qu’à leur âge bonheur parce qu’ils sont dans le refus ou la peur de cela ne sert plus à rien d’étudier. Merveilleux espoir, il la connaissance. Il est vrai qu’apprendre implique du n’y a pas d’âge pour apprendre, ainsi que le rappelle courage et exige des efforts. D’aucuns disent qu’il Jacqueline de Romilly dans son livre intitulé Le trésor suffit de créer le désir pour que les mécanismes des savoirs oubliés. Ceux qui ont raté le savoir transmis d’apprentissage se débloquent. Or, il par l’école peuvent avoir la chance de se rattraper semble que la seule motivation ne soit ensuite. Pour s’en convaincre, il suffit de voir avec pas suffisante. De fait, on ne peut quelle joie certains adultes sortent de l’illettrisme et guère étudier sans un minimum découvrent la passion de la lecture. Reste que d’efforts. Reste que l’effort pur est tout plus le mécanisme s’enclenche tardivement, aussi insuffisant, surtout s’il est réalisé sous la plus cela nécessite d’efforts et de contrainte. Autant dire que tout cela est ...
Droits de l apprenant, ’ droits de l’enfant Nadia Revaz
Une fois conquis, le désir d’apprendre s’entretient tout au long de la vie. Il est bien triste de voir des adultes qui refusent de s’intéresser à de nouveaux savoirs, sous prétexte qu’ils ont été à l’école et qu’à leur âge cela ne sert plus à rien d’étudier. Merveilleux espoir, il n’y a pas d’âge pour apprendre, ainsi que le rappelle Jacqueline de Romilly dans son livre intituléLe trésor des savoirs oubliés.Ceux qui ont raté le savoir transmis ar l’école euvent avoir la chance de se rattra er
Pour apprendre comme pour nager, mieux vaut se jeter à l’eau enfant.
So
2mm
Rencontre Education musicale Ecole et musée ACM Littéra-découverte
Exposition Environnement Livres et cédéroms Revue de presse CRPE
aire
18Marilou Délèze ou l’art pour s’exprimer- N. Revaz 20PISA est arrivé-é-é, en plein été-é-é- B. Oberholzer 21De fil en fibre- E. Berthod 22Du nouveau au rayon ACM- S. Coppey Grange 24Concours de contes: dernier délai le 25 novembre- Littéra-découverte
Concours25Concours de dessin: les insectes dans leur milieu- SEV, Jérôme Fournier Sciences26Un ingénieur dans la classe- C. Wannenmacher Sujet d’actualité28Qu’est-ce qui a été plébiscité: la note ou l’évaluation?- P.-P. Bugnard Passage en revues30Les revues du mois- Résonances Les sites du mois31Des pistes bibliographiques- N. Revaz
32La Fondation B.+S. Tissières à Martigny- La Fondation Tissières 33L’aventure du sentier «mille-pattes»- S. Fierz 36La sélection du mois- Résonances 38D’un numéro à l’autre- Résonances 40Lancement dewww.crpe.ch- P. Vernier
Les nouveautés de la rentrée en bref- Résonances Les actions prioritaire du DECS autour de six mots-clés- DECS Séance d’information: l’arithmétique apprivoisée- M. Délitroz Nouveaux moyens de maths au cycle d’orientation- N. Revaz La FED, un centre de ressources à disposition des enseignants- N. Revaz Marches de l’espoir: en marche vers les droits de l’enfant- C. Duc Sécurité routière: prévention et répression- J.-C. Aymon Bourses et prêts d’honneur- Commission cantonale LesdossiersdeRésonances
éRosancnse-eStpmerbe02
41 42 43 44 46 48 50 51 52
30)
Apprendre: une passion, une obligation, un droit et/ou un devoir? Dans l’idéal, apprendre devrait toujours conduire à une certaine satisfaction et à la soif de connaissances nouvelles. La réalité est hélas parfois autre. Le rapport au savoir peut être plus ou moins positif
et passer par toute une gamme de tonalités pour l’apprenant: du refus de l’obstacle à l’effort-plaisir.
Apprendre est un droit, donc l’école est un droit, donc l’école publique (gratuite et garante de la liberté de penser) est un droit. Il apparaît d’autant plus nécessai-re de rappeler ces principes que le mouvement actuel de globalisation néo-libérale encourage les processus de marchandisation du savoir et de privatisation de l’école. Toutefois, ce qui est clair au niveau des prin-cipes apparaît plus complexe à l’analyse. Notons d’abord que l’école gratuite est un droit mais qu’elle est obligatoire. Certes, le droit de l’un crée l’obligation de l’autre, le droit de l’enfant crée une obligation pour le père. Mais ce n’est pas seulement de cela qu’il s’agit: c’est l’enfant lui-même que l’on oblige à aller à l’école et à apprendre. Les jeunes des banlieues parisiennes auprès desquels j’ai réalisé mes recherches sur le rapport à l’école et au savoir, n’adhè-rent pas spontanément à l’idée que aller à l’école et y apprendre ce qu’on y enseigne est un droit. Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit d’une obligation, par-fois insupportable. On peut reconstituer ainsi leur lo-gique: pour avoir une «vie normale» (autre que illéga-le), il faut un emploi; pour avoir un emploi, il faut un diplôme; pour avoir un diplôme, il faut aller à l’école et être un élève au moins moyen; donc l’école est une
Ap B. Charlot
le plaisir d’être
obligation que les adultes imposent aux jeunes pour leur reconnaître le droit de vivre; malheur à celui qui échoue à l’école, il lui est interdit d’avoir une vie nor-male. Dans cette optique, l’école n’est pas un droit, el-le est un devoir ennuyeux pour celui qui y réussit, et une malédiction pour celui qui y échoue. Pour certains, l’école n’est pas un droit, mais un devoir ennuyeux ou, pire, une malédiction. D’un point de vue historique, l’école n’apparaît pas non plus comme cette conquête du peuple que l’on a glorifiée sous le nom «d’école libératrice». En France, au 19esiècle, la bourgeoisie moderniste française (re-présentée par Guizot ou Ferry) entreprend de «mora-liser le peuple par l’éducation», selon ses propres termes. Les socialistes proudhoniens résisteront à l’idée même d’école primaire étatique («triste capuci-nade», «insigne jonglerie», selon Proudhon, qui dé-fend l’éducation à l’atelier) et Marx affirmera que c’est au peuple d’éduquer l’Etat et non à l’Etat d’édu-quer le peuple. L’école primaire apparaît alors comme imposée au peuple. Toutefois, une alliance sera passée entre la bourgeoisie moderniste et le mouvement po-pulaire organisé (partis et syndicats socialistes et com-munistes) qui, d’une certaine façon, a lui aussi besoin de former et de discipliner le peuple: ce sera la grande époque de l’école «libératrice», entre les deux guerres. Dans les années 60 s’opère un nouveau basculement. D’une part, l’école est critiquée comme «capitaliste» (oppression et non plus droit). D’autre part, un lien de plus en plus serré se noue entre le niveau scolaire de l’individu et son niveau d’insertion sur le marché de l’emploi, il devient nécessaire d’avoir un «bon» diplô-me pour avoir un «bon métier» puis, tout simplement, pour trouver un emploi: l’école devient une obliga-tion, voire une malédiction pour les plus faibles. Confusion entre droit à l’école et droit au savoir Cette question de l’école comme droit et comme de-voir est d’autant plus complexe que l’on a longtemps confondu le droit à l’école et le droit au savoir. Certes,
Dossier: pour aller plus loin… Serge Boimare.L’enfant et la peur d’apprendre.Paris: Dunod, 2000. François de Closets.Le bonheur d’apprendre ou com-ment on l’assassine.Paris: Seuil, 1996. Cécile Delannoy.La motiva-tion:désir de savoir, déci-sion d’apprendre.Paris: Ha-chette éducation, 1997. Philippe Meirieu.Appren-dre… oui, mais comment. Paris: ESF, 1993. Jacqueline de Romilly.Le trésor des savoirs oubliés. Paris: Livre de poche, 1998. Georges Schnyders.La joie à l’école.Paris: PUF, 1986.
Nous naissons inachevés et nous ne devenons humains que parce que nous apprenons. La question ici posée est en fait plus radica-le. «Aimer», trouver «intéressant», c’est res-sentir du désir. Le désir vise la jouissance. Comment peut-on espérer une jouissance de l’étude des mathématiques (ou autre matière)? Comment un objet intellectuel peut-il produire du plaisir, une jouissance affective, émotionnelle? Faute de place, je m’en tiendrai ici à quelques indications. Apprendre, c’est être, c’est se faire être, c’est se faire être en s’appropriant de l’humain. C’est quelque chose qui relève du plaisir, de l’excitation, plutôt que du bonheur. Tout rapport au savoir est aussi rapport à soi, rap-port à l’autre, rapport au monde. Etre «fort en maths», c’est jouir de soi comme fort en maths, jouir de partager avec certains autres un monde qui n’est pas donné à tous. Le plaisir d’apprendre est, fondamentalement, un plaisir de soi. Celui qui a un rapport fort, parfois passionné, à un univers de savoir vit un tel plaisir. Mais il en existe des formes plus douces et plus indirectes, liées à un projet de vie, à un projet de soi: le plaisir d’avoir une bonne note, le plaisir de faire plaisir à ses pa-rents, le plaisir de se sentir intelligent, le plaisir de pouvoir espérer faire plus tard le métier qu’on a envie de faire, le plaisir de mieux comprendre la vie, les gens, le sens des choses, tout cela se combine dans une sorte de plaisir de se sentir vivre, aimé, doté d’un avenir. Mes recherches1m’ont montré que les jeunes en échec, avec un rapport né-gatif à l’école, entrent à nouveau dans un processus d’apprentissage lorsqu’ils pensent que celui-ci leur offre une vraie possibilité de «devenir quelqu’un», selon leur expression. Ces jeunes ont compris quelque chose de fondamental: apprendre c’est devenir quel-qu’un, quelqu’un qui vaille la peine.