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Sommaire
Un larsen en plein sermon
Le repas en silence
Une église en semaine
Le technicien
Bernard Pivot au Vatican
L'enfer des litanies
On voudrait parfois lire tranquille
Une paix du Christ mitigée
Vente de gâteaux
Le capharnaüm de la messe de Noël
Jésus dans le métro
Famille chrétienne qui traîne
La file de la communion
Le speech du week-end cul
Les rameaux sous la pluie
Arriver à une retraite
Et les croisades ?
Installer la crèche
Prier en voiture
Le dilemme de la quête
Avant l'homélie du mariage
Après les cendres
Entre les tombes
Le chant de la promesse
Adorer l'ennui
Un long fleuve tranquille
Jeune lecteur
Le bel âge des calvaires
Attendre son tour à confesse
Une heure et des poussières
Foi 2.0
Paysage de montagne
Voyage en cathomobile
La retraite de confirmation
L'étoile et la croix
Un appel en pleine élévation
Page de copyright
Dans la même collection
Un larsen en plein sermon
U N CHANGEMENT D’INTONATION rappelle au monde ; une bribe se laisse capturer au vol. « Car saint Paul ne dit pas autre chose dans la deuxième lecture… »
Bien malin qui saurait dire de quoi il retourne : on écoute distraitement, traversé par des pensées impatientes. Une lézarde court le long d’un pilier et y dessine un profil, comme font certains nuages. En notre for intérieur, c’est tout un amphi étudiant qui somnole.
Là-bas, le prêtre remonte et redescend les marches de l’autel, armé d’un micro sans fil. Toutes les amplitudes de l’aube n’y font rien, ce sont des images sans son. Les idées s’enchaînent, discontinues, happées sans transition.
Quand soudain, un sifflement odieux vibre dans toute l’église. Du grave à l’aigu, perçant.
UuuUiiii !
La faïence qui crisse sous le couteau, les suppliques du tableau noir que la craie meurtrit de calculs : ce cri, on le reconnaît. La vertu du Mal absolu, c’est son unanimité.
Mais un bon prêtre est un homme que les microphones n’effraient pas ; la preuve en est qu’il fut sans sursaut, et reste sans frisson.
À peine se lit dans ses yeux un léger changement de perspective : la dimension inévitablement théâtrale de l’homélie s’efface, et un homme, peut-être bricoleur, peut-être pas, se superpose un court instant au théologien émérite.
L’assemblée s’impose moins de sobriété : des grimaces après-coup, des visages constipés comparent leurs maux. Une petite fille très bien coiffée reste bouche bée, le nez et les sourcils froncés à l’extrême, annulaire dans l’oreille droite : elle aimerait bien que sa maman voie qu’elle a souffert.
Certains hommes jettent un regard médecin à l’enceinte la plus proche : de la camelote.
Frime ou savoir-faire, le prêtre triture le coupable en lançant quelques pointes d’humour ; c’est là son erreur : il tient le micro à l’envers, personne ne l’entend.