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29
EAN13
9782824712901
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
BO Y ER D’ ARGENS
T H ÉRÈSE P H I LOSOP H E
BI BEBO O KBO Y ER D’ ARGENS
T H ÉRÈSE P H I LOSOP H E
1748
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1290-1
BI BEBO OK
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– Gabriel Cab os
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– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
, M, v ous v oulez que j’é criv e mon
histoir e ? V ous v oulez que je v ous r ende compte des scènes my s-Q tiques de Mlle Éradice av e c le très ré vér end Pèr e Dir rag ; que
je v ous infor me des av entur es de Mme C. . . av e c l’ Abbé T . . . ? V ous
demandez d’une fille qui n’a jamais é crit, des détails qui e xig ent de l’ ordr e
dans les matièr es ? V ous désir ez un table au où les scènes dont je v ous
ai entr etenu, ou celles dont nous av ons été acteur s, ne p erdent rien de
leur lasciv eté ; que les raisonnements métaphy siques conser v ent toute
leur éner gie ? En vérité , mon cher Comte , cela me p araît au-dessus de
mes for ces. D’ailleur s, Éradice a été mon amie , le Pèr e Dir rag fut mon
dir e c teur , je dois des sentiments de r e connaissance à Mme C. . . et à l’ Abbé
T . . . T rahirai-je la confiance de g ens à qui j’ai les plus grandes oblig ations,
puisque ce sont les actions des uns et les sag es réfle xions des autr es qui,
p ar gradation, m’ ont dessillé les y eux sur les préjug és de ma jeunesse ?
Mais si l’ e x emple , dites-v ous, et le raisonnement ont fait v otr e b onheur ,
1érèse philosophe Chapitr e I
p our quoi ne p as tâcher de contribuer à celui des autr es p ar les mêmes
v oies, p ar l’ e x emple et p ar le raisonnement ? Pour quoi craindr e d’é crir e
des vérités utiles au bien de la so ciété ? Eh bien ! mon cher bienfaiteur ,
je ne résiste plus : é criv ons. Mon ing énuité me tiendra lieu d’un style
épuré chez les p er sonnes qui p ensent, et je crains p eu les sots. Non, v ous
n’ essuier ez jamais un r efus de v otr e tendr e érèse : v ous v er r ez tous les
r eplis de son cœur dès sa plus tendr e enfance , son âme tout entièr e va
se dé v elopp er dans les détails des p etites av entur es qui l’ ont conduite ,
comme malgré elle , p as à p as, au comble de la v olupté .
Imbé ciles mortels ! V ous cr o y ez êtr e maîtr es d’éteindr e les p assions
que la natur e a mises dans v ous. Elles sont l’ ouv rag e de Dieu. V ous v oulez
les détr uir e , ces p assions, les r estr eindr e à de certaines b or nes. Hommes
insensés ! V ous prétendez donc êtr e de se conds cré ateur s plus puissants
que le pr emier ? Ne v er r ez-v ous jamais que tout est ce qu’il doit êtr e , et
que tout est bien ; que tout est de Dieu, rien de v ous, et qu’il est aussi
difficile de cré er une p ensé e que de cré er un bras ou un œil ?
Le cour s de ma vie est une pr euv e incontestable de ces vérités. Dès
ma plus tendr e enfance , on ne m’a p arlé que d’amour p our la v ertu et
d’hor r eur p our le vice . « V ous ne ser ez heur euse , me disait-on, qu’autant
que v ous pratiquer ez les v ertus chrétiennes et morales. T out ce qui s’ en
éloigne est le vice , et le vice nous air e le mépris, et le mépris eng endr e
la honte et les r emords qui en sont une suite . » Per suadé e de la solidité
de ces le çons, j’ai cher ché de b onne foi, jusqu’à l’âg e de vingt-cinq ans, à
me conduir e d’après ces princip es. Nous allons v oir comment j’ai réussi.
Je suis né e dans la pr o vince de V encer op . Mon pèr e était un b on b
ourg e ois, nég o ciant de . . ., p etite ville jolie , où tout inspir e la joie et le plaisir :
la g alanterie semble y for mer seule tout l’intérêt de la so ciété . On y aime
dès qu’ on p ense , et on n’y p ense que p our se faciliter les mo y ens de g
oûter les douceur s de l’amour . Ma mèr e , qui était de . . ., ajoutait à la vivacité
de l’ esprit des femmes de cee pr o vince , v oisine de celle de V encer op ,
l’heur eux temp érament d’une v oluptueuse v encer op ale . Mon pèr e et ma
mèr e vivaient av e c é conomie d’un r e v enu mo dique et du pr o duit de leur
p etit commer ce . Leur s travaux n’avaient pu chang er l’état de leur fortune .
Mon pèr e p ayait une jeune v euv e , mar chande dans son v oisinag e , sa
maîtr esse ; ma mèr e était p ayé e p ar son amant, g entilhomme fort riche , qui
2érèse philosophe Chapitr e I
avait la b onté d’honor er mon pèr e de son amitié . T out se p assait av e c un
ordr e admirable : on savait à quoi s’ en tenir de p art et d’autr e , et jamais
ménag e ne p ar ut plus uni.
Après dix anné es é coulé es dans un ar rang ement si louable , ma mèr e
de vint enceinte , elle accoucha de moi. Ma naissance lui laissa une
incommo dité qui fut p eut-êtr e plus ter rible p our elle que ne l’ eût été la mort
même . Un effort dans l’accouchement lui causa une r uptur e qui la mit
dans la dur e né cessité de r enoncer p our toujour s aux plaisir s qui
m’avaient donné l’ e xistence .
T out chang e a de face dans la maison p ater nelle . Ma mèr e de vint
dév ote : le Pèr e g ardien des capucins r emplaça les visites assidues de M.
le Mar quis de . . ., qui fut cong é dié . Le fond de tendr esse de ma mèr e ne
fit que chang er d’ objet. Elle donna à Dieu, p ar né cessité , ce qu’ elle avait
donné au Mar quis p ar g oût et p ar temp érament.
Mon pèr e mour ut et me laissa au b er ce au. Ma mèr e , je ne sais p ar
quelle raison, fut s’établir à V olnot, p ort de mer célèbr e . D e la femme la
plus g alante , elle était de v enue la plus sag e , et p eut-êtr e la plus v ertueuse
qui fût jamais.
J’avais à p eine sept ans lor sque cee tendr e mèr e , sans cesse o
ccup é e du soin de ma santé et de mon é ducation, s’ap er çut que je
maigrissais à v ue d’ œil. Un habile mé de cin fut app elé p our êtr e consulté sur ma
maladie : j’avais un app étit dé v orant, p oint de fiè v r e , je ne r essentais
aucune douleur , cep endant ma vivacité se p erdait, mes jamb es p ouvaient à
p e