Léon TolstoïDernières ParolesMercure de France, 1905 (pp. 167-181).SUR LA TOLÉRANCE RELIGIEUSEIEn Russie, il y a des missionnaires qui ont pour tâche de convertir à l’orthodoxietous les non orthodoxes.À la fin de 1901, un Congrès de ces missionnaires eut lieu dans la ville d’Orel, et, àla clôture de la session, le maréchal de la noblesse de la province, M. Stakhovitch,prononça un discours dans lequel il proposait au Congrès de reconnaître l’absolueliberté de conscience, en comprenant, sous ces paroles, non seulement la libertéde croyance, mais aussi la liberté de culte qui renferme en soi la liberté de déserterl’orthodoxie et même de se convertir à une autre religion en désaccord avec celle-ci. M. Stakhovitch estimait que la liberté ainsi entendue et pratiquée ne pourraitqu’aider au triomphe et à la propagation de l’orthodoxie dont il se reconnaît ledisciple. Les membres du Congrès n’étaient pas de l’avis de M. Stakhovitch : ils nediscutèrent pas sa proposition. Il y eut ensuite un échange animé d’opinions et decontroverse sur cette question : l’Église chrétienne doit-elle être ou non tolérante ?Les uns, — la majorité des orthodoxes, prêtres et laïques — dans les journaux etrevues, se montraient opposés à la tolérance religieuse et, pour telle ou telle raison,admettaient l’impossibilité de cesser les mesures d’oppression contre ceux qui sedétachent de l’Église. Les autres — la minorité — se ralliaient à l’opinion de M.Stakhovitch, l’approuvaient ...
Voir