Léon TolstoïDernières ParolesMercure de France, 1905 (pp. 159-166).SUR L’ORTHODOXIEDEUX LETTRESIJe trouve que vos doutes sont parfaitement fondés, mais que le moyen que vousproposez pour les résoudre ne peut atteindre ce but.Toutes les Églises (et de ce nombre l’Église russo-grecque appelée orthodoxe)savent depuis longtemps que leurs dogmes et leurs écrits, qu’ils tiennent poursacrés, non seulement ne sont pas sacrés, mais sont plein d’insanités et d’erreursqui ne supportent pas la critique. C’est pourquoi la seule possibilité pour lesÉglises de conserver leur situation — et les hommes qui forment l’Église, sesserviteurs, y tiennent beaucoup — consiste à éviter toute discussion des dogmes etdes écrits et à ne se baser que sur la tradition. C’est ce qu’elles font. L’humanité chrétienne suit depuis longtemps déjà cette religion de l’Église que,pendant tant de siècles, on donna pour chrétienne, de sorte que, maintenant,chaque examen sérieux des bases de cette religion pousse inévitablement à sachute ; ainsi l’arbre pourri qui reste encore debout comme un arbre vivant, maisvienne une seule secousse et il tombe en poussière.Si même l’on réunissait un concile, il serait aussi imposteur et violent que le futauparavant le concile œcuménique.Et le vrai concile œcuménique existe déjà depuis longtemps, il travaille sansrelâche et fait connaître les résultats de ses travaux. Ce concile est formé de tousles hommes qui, au nom du Dieu de vérité, étudient les ...
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