Protectionisme et communismeFrédéric Bastiat1849À MONSIEUR THIERS.Monsieur,Ne soyez point ingrat envers la révolution de Février. Elle vous a surpris, froissépeut-être ; mais aussi elle vous a préparé, comme auteur, comme orateur, comme[1]conseiller intime , des triomphes inattendus. Parmi ces succès, il en est unassurément fort extraordinaire. Ces jours derniers on lisait dans la Presse :« L’association pour la défense du travail national (l’ancien comité Mimerel) vientd’adresser à tous ses correspondants une circulaire, pour leur annoncer qu’unesouscription est ouverte à l’effet de concourir à la propagation dans les ateliers dulivre de M. Thiers sur la Propriété. L’association souscrit elle-même pour 5,000exemplaires. »J’aurais voulu être présent quand cette flatteuse annonce est tombée sous vosyeux. Elle a dû y faire briller un éclair de joie railleuse. On a bien raison de le dire : les voies de Dieu sont aussi infailliblesqu’impénétrables. Car si vous voulez bien m’accorder pour un instant (ce quej’essaierai bientôt de démontrer) que le Protectionisme, en se généralisant, devientCommunisme, comme un carpillon devient carpe, pourvu que Dieu lui prête vie, ilest déjà assez singulier que ce soit un champion du Protectionisme qui se posecomme le pourfendeur du Communisme ; mais ce qui est plus extraordinaire et plusconsolant encore, c’est qu’une puissante association, qui s’était formée pourpropager théoriquement et pratiquement le principe ...
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