Sénèque[1]Petites pièces de versTraduction : Joseph BaillardI. À la Corse.Corse, antique Cyrnos, que jadis cultivaDes Phocéens errants la peuplade intrépide ;Moindre que la Sardaigne et plus grande qu'Ilva,Corse, riche en poissons, riche en cours d'eau limpide ;[2]Corse, climat terrible, aux étés dévorants ,Où, lorsque Sirius ouvre ses yeux ardents,Sous un ciel sans pitié l'homme épuisé succombe,Épargne des bannis : car l'exil, c'est la tombe ;Que ton sol soit léger à tous ces morts-vivants.II. Sur la même.Une enceinte de rocs tout abrupte et sauvage ;Au pied d'âpres coteaux de longs déserts mauditsOù ne rit au printemps nul gazon, nul ombrage ;Des étés sans moissons, des automnes sans fruits !Jamais, quand les frimas viennent blanchir ces plaines,La liqueur de Pallas sous mon toit n'a brûlé ;Ni pain, ni douce flamme au foyer, ni fontaines :Qu'y trouver ? un exil ; qu'y voir ? un exilé.III. Plainte.Quand d'un homme égorgé tu fouilles la blessure,Ami, tu ne crois pas assez grand son malheur !Laisse en paix le vaincu : quelquefois sous l'injureUn bras mort se ranime et perce le vainqueur.IV. Autre plainte.Cruel !... (dois-je nommer ? la douleur fait tout dire) ;Toi qui foules encor ma cendre en ennemi,Que ma chute n'a pu contenter qu'à demi,Acharné sur un mort, ton poignard le déchire.Crois-moi : contre quiconque ose les outragerLes mânes ont des droits ; et des traits de l'envieUne ombre en son tombeau sait encor se venger.Entends les ...
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