Métaphysique et MoraleFélix RavaissonRevue de métaphysique et de morale, 1893, tome I, p. 6-25Une opinion tend à s'établir, au moins chez un grand nombre, favorisée par lesprogrès, si considérables en ces derniers siècles, des connaissancesmathématiques, physiques et historiques, d'après laquelle la philosophie, resserréedans des bornes de plus en plus étroites, doit enfin disparaître. C'est ce que soutinten particulier, surtout à ses débuts, l'auteur du système qu'il appelait le Positivisme.Il n'y avait, pensait-il, de positif, c'est-à-dire d'avéré, que ce qui tombe sous les sensphysiques, et dont il ne s'agissait que de connaître les rapports constants desimultanéité ou de succession pour en tirer parti dans la conduite de la vie. Le restese réduisait à des imaginations qui avaient fait leur temps. Ce reste, c'était d'aborddes êtres surnaturels ou dieux dont l'humanité enfant avait fait les auteurs plus oumoins capricieux de tout ce qui l'entourait ; c'était ensuite des entités abstraites parlesquelles, dans une seconde époque, les métaphysiciens avaient remplacé cesdieux. La tâche d'une troisième époque, l'époque moderne, devait être d'écarter lesfantômes de la seconde comme de la première, et de mettre fin ainsi au règne dela métaphysique comme à celui de la religion.Déjà, peu avant l'apparition du Positivisme, l'auteur du Criticisme avait cherché àdémontrer le néant de la métaphysique, et réduit la philosophie théorique à uneanalyse des facultés ...
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