Loi et éthique chez Kant et Lacan - article ; n°83 ; vol.89, pg 450-468

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Revue Philosophique de Louvain - Année 1991 - Volume 89 - Numéro 83 - Pages 450-468
II existe des analogies surprenantes entre l'éthique lacanienne du désir et ce qu'on a appelé «le rigorisme» de la morale kantienne. De part et d'autre il s'agit de la conduite juste d'un sujet qui se rapporte à une loi transcendante et qui s'en trouve divisé ou «clivé». En cherchant le bien dans la soumission à la loi, le sujet se situe au delà du principe de plaisir. Il reste cependant une différence importante entre une loi qui, chez Kant, parle au nom de la raison et la loi selon Lacan qui est la raison de la parole et le principe du désir symbolique. Chercher le bien revient pour Lacan à bien désirer, c'est-à-dire à assumer la perte symbolique constitutive du désir. Lacan finit aussi par prendre ses distances par rapport à Kant en insistant sur le fait que le manque inscrit dans le sujet par la loi compromet en même temps la possibilité d'un bon rapport du sujet à cette loi. L'éthique de la psychanalyse cherche ainsi à rendre compte de la possibilité de la transgression de la loi. A l'opposé de Kant, elle ne reste pas insensible non plus à des conduites et des sentiments éthiques qui ne sont plus directement inspirés par le simple respect de la loi.
There are some surprising analogies between Lacan's ethics of desire and what has been called «the rigour» of Kant's ethics. In both cases we are dealing with the correct behaviour of a subject in reference to a transcendant law, who finds himself divided or «split» by it. By seeking the good in submission to the law, the subject situates himself beyond the principle of pleasure. However, there is an important difference between a law which, in Kant's eyes, speaks in the name of reason and the law, which in Lacan's view is the reason for speech and the principle of symbolic desire. Acting well for Lacan means desiring well, i.e. means assuming the symbolic loss which constitutes desire. Thus Lacan concludes by distancing himself from Kant by insisting on the fact that the lack marked on the individual by the law at the same time compromises the possibility of a subject having a good relationship to this law. The ethics of psychoanalysis thus seeks to explain the possibility of transgressing the law. Unlike Kant, it is also sensitive to patterns of behaviour and ethical feelings that are no longer inspired directly by simple respect for the law. (Transl. by J. Dudley).
19 pages
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Publié le

01 janvier 1991

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

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