LETTRE À M. ARNAULD, DOCTEUR ENSORBONNE, OÙ IL LUI EXPOSE SES SENTIMENTSPARTICULIERS SUR LA MÉTAPHYSIQUE ET LAPHYSIQUEGottfried Wilhelm LeibnizMonsieur,Je suis maintenant sur le point de retourner chez moi après un grand voyageentrepris par ordre de mon prince, servant pour des recherches historiques où j’aitrouvé des diplômes, titres et preuves indubitables, propres à justifier la communeorigine des sérénissimes maisons de Brunswick et d’Este que MM. Justel, duCange et autres avaient grande raison de révoquer en doute, parce qu’il y avait descontradictions et faussetés dans les historiens d’Este à cet égard avec une entièreconfusion des temps et des personnes. A présent, je pense à me remettre et àreprendre le premier train; et vous ayant écrit il y a deux ans, un peu avant mondépart, je prends cette même liberté pour m’informer de votre santé et pour vousfaire connaître combien les idées de votre mérite éminent me sont toujoursprésentes dans l’esprit. Quand j’étais à Rome, je vis la dénonciation d’une nouvellelettre qu’on attribuait à vous ou à vos amis. Et depuis, je vis la lettre du R. P.Mabillon à un de mes amis, où il y avait que l’Apologie du R. P. Le Tellier pour lesmissionnaires contre La Morale Pratique des Jésuites avait donné à plusieurs desimpressions favorables à ces Pères, mais qu’il avait entendu que vous y aviezrépliqué, et qu’on disait que vous y aviez annihilé géométriquement les raisons dece Père. Tout cela m’a fait juger que ...
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