Livre de Rudolf Steiner Traduit de l’allemand par Jules Sauerwein. Celui qui écrit un ouvrage comme celui-ci doit savoir s'imaginer sans émoi tous les jugements que ses travaux peuvent provoquer de la part de ses contemporains. Il est parfaitement possible qu'en étudiant dans ce livre l'exposé de telle ou telle question, un lecteur nourri de la culture scientifique en arrive à se dire : « Il est inouï qu'à notre époque, on puisse avancer de telles choses. L'auteur se moque des idées scientifiques d'une telle manière, qu'il en ignore évidemment les premiers éléments. Il traite des concepts comme celui de la « chaleur » à un point de vue qui prouve que toute la physique contemporaine a passé sur lui sans laisser de trace. Il suffirait de connaître les rudiments de cette science pour lui démontrer que tout ce qu'il raconte ne mérite même pas le nom de dilettantisme, et ne peut être qualifié que d'ignorance crasse... » Et l'on pourrait développer encore ce jugement très vraisemblable. La conclusion en serait à peu près la suivante : « Après avoir lu quelques pages de ce livre, on le mettra de côté avec un sourire ou un sentiment de révolte suivant le tempérament de chacun, et l'on se dira qu'il est étrange de constater les excès auxquels peut aboutir à notre époque une pensée faussée dans son principe. Il faudra ranger ces considérations au nombre des curiosités que l'on est exposé à rencontrer. » Que dira l'auteur de cet ouvrage, en présence de tels jugements ? Est-ce qu'en se plaçant à son propre point de vue, il ne devra pas regarder son critique comme un lecteur dépourvu de jugement, ou manquant de la bonne volonté nécessaire pour s'en former un suffisamment fondé ?
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