La Pensée et le mouvantHenri BergsonIntroduction à la métaphysiqueSi l'on compare entre elles les définitions de la métaphysique et les conceptions del'absolu, on s'aperçoit que les philosophes s'accordent, en dépit de leursdivergences apparentes, à distinguer deux manières profondément différentes deconnaître une chose. La première implique qu'on tourne autour de cette chose ; laseconde, qu'on entre en elle. La première dépend du point de vue où l'on se placeet des symboles par lesquels on s'exprime. La seconde ne se prend d'aucun pointde vue et ne s'appuie sur aucun symbole. De la première connaissance on diraqu'elle s'arrête au relatif; de la seconde, là où elle est possible, qu'elle atteintl'absolu.Soit, par exemple, le mouvement d'un objet dans l'espace. Je le perçoisdifféremment selon le point de vue, mobile ou immobile, d'où je le regarde. Jel'exprime différemment, selon le système d'axes ou de points de repère auquel je lerapporte, c'est-à-dire selon les symboles par lesquels je le traduis. Et je l'appellerelatif pour cette double raison : dans un cas comme dans l'autre, je me place endehors de l'objet lui-même. Quand je parle d'un mouvement absolu, c'est quej'attribue au mobile un intérieur et comme des états d'âme, c'est aussi que jesympathise avec les états et que je m'insère en eux par un effort d'imagination.Alors, selon que l'objet sera mobile ou immobile, selon qu'il adoptera unmouvement ou un autre mouvement, je n'éprouverai pas la ...
Voir