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01 janvier 1999
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Français
Poids de l'ouvrage
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Laura Rizzerio
Dialectique et art dans la République et le Sophiste de Platon
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 97, N°2, 1999. pp. 231-252.
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Rizzerio Laura. Dialectique et art dans la République et le Sophiste de Platon. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième
série, Tome 97, N°2, 1999. pp. 231-252.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1999_num_97_2_7148Abstract
In this article the relationship that Plato establishes between beauty, measure and artistic production is
examined in order to prove that the Athenian philosopher is not a true «enemy» of the arts, at least that
he cannot be considered an enemy of the beauty of «sensible» works, whether natural or produced by
man. Thanks to an analysis of some extracts from the Sophist and the Republic it is aimed to show that
the division of the art of imitation into two different «sections», the «art of the copy» and the «art of the
illusion», as found in the Sophist, is not simply an expedient to which the Athenian philoso- pher had
recourse in order to perfect his diaireseis and «capture» the definition so much sought after. The
justification for the distinction is to be found in the important role attributed by Plato to «measure» in
grasping the beautiful. It is with the aid of this notion of «measure» that he effectively comes to reject a
type of art of imitation, the «art of illusion», and to accept another, the «art of the copy», by comparing
the latter with the work of the dialectician. Now it is very likely that Plato pronounced his judgement on
the art of imitation bearing in mind the artistic production of his time. That which was condemned
appears then to be art based on the techniques of illusion and of deceptive appearance, a type of art
which had succeeded in imposing itself on its era thanks to the use of proportions capable of
reproducing reality in a convincing manner, but which only brought about illusion, was far from the truth
and showed itself to be incapable of grasping the beautiful. Artistic production recognized as
respectable and even useful for the acquisition of science is held to be the type of art that had
developed on the basis of the rule of Polyclitus whose productions were based on the absolute respect
of an objective «measure» and rigorous proportions that could be represented in mathematical terms.
(Transl. by J. Dudley).
Résumé
Cet article étudie le rapport que Platon établit entre la beauté, la mesure, et la production artistique aux
fins de prouver que le philosophe athénien n'est pas un véritable «ennemi» des arts, à tout le moins
qu'il ne peut être considéré comme un ennemi de la beauté des œuvres «sensibles», qu'elles soient
naturelles ou produites par l'homme. Grâce à l'analyse de quelques extraits du Sophiste et de la
République, cette étude veut montrer que la distinction de l'art d'imitation en deux «sections»
différentes, «art de la copie» et «art de l'illusion», proposée par Platon dans le Sophiste, n'est pas
simplement un expédient auquel le philosophe athénien a recours pour parfaire ses diaireseis et
«capturer» la définition tant recherchée. Cette distinction trouve sa justification dans le rôle important
que Platon confie à la «mesure» là où il s'agit de la saisie du beau. C'est par cette notion de «mesure»
qu'il en vient effectivement à rejeter un type d'art d'imitation, «l'art d'illusion», et à en accepter un autre,
«l'art de la copie», en comparant ce dernier au travail du dialecticien. Or, il est fort probable que Platon
prononce son jugement sur l'art d'imitation en ayant présente à l'esprit la production artistique de son
temps. Soumis à condamnation serait alors l'art basé sur les techniques de l'illusion et du trompe-l'oeil,
un art qui en était venu à s'imposer à son époque grâce à l'utilisation d'une proportionnalité capable de
reproduire la réalité d'une manière vraisemblable, mais qui ne fabriquait qu'illusion, était loin de la vérité
et se révélait incapable de saisir le beau. La production artistique reconnue comme respectable, voire
utile à l'acquisition de la science, serait au contraire l'art qui s'était développé autour du canon de
Polyclète dont les productions étaient fondées sur le respect absolu d'une «mesure» objective et d'une
proportionnalité rigoureuse, mathématiquement représentables.et art dans la République et le Sophiste Dialectique
de Platon
Cette étude se propose de réfléchir sur le rapport que Platon établit
entre la beauté, la mesure, et la production artistique, et ce en vue de
prouver que le philosophe athénien n'est pas un véritable «ennemi» des
arts, à tout le moins qu'il ne peut être considéré comme un ennemi de la
beauté des œuvres «sensibles», qu'elles soient naturelles ou produites
par l'homme. Et si en effet il condamne de manière radicale un certain
type d'art, sans doute l'art basé sur les techniques de l'illusion et du
trompe-l'œil qui se développait rapidement à son époque, il en valorise
pleinement un autre, au point d'en user comme de «l'analogue» de la
philosophie1. Grâce à l'analyse de quelques extraits du Sophiste et de la
République, cette étude se propose de montrer que Platon considère un
certain type de travail artistique comme l'analogue du travail du «dia
lecticien» et donc comme absolument respectable et même utile à
l'acquisition de la science.
Dans le Sophiste, cherchant à «capturer» la définition du sophiste
et découvrant progressivement celui-ci comme un individu défini par sa
capacité de proposer des «faux discours» et de créer des illusions, Pla
ton établit une importante comparaison entre ce personnage et le peintre
ou l'artiste en général. Les deux passages en question se trouvent re
spectivement en 233 e- 234 c et en 235 b- 236 c (avec l'achèvement de la
comparaison en 236 e- 237 a): nous les reproduisons en note2.
1 À propos de l'attitude de Platon vis-à-vis de l'art se développant à son époque, cf.
M. Villela-Petit, «La question de l'image artistique dans le Sophiste», in P. Aubenque,
M. Narcy (éds.), Études sur le 'Sophiste' de Platon, Naples, Bibliopolis, 1991, pp. 53-
90, et spec. pp. 67 ss.; J.M. Schuhl, Platon et l'art de son temps, Paris, 19522; E. Keuls,
Plato and Greek Painting, Leiden, Brill, 1978; E. H. Gombrich, L'art et l'illusion. Psy
chologie de la représentation picturale (tr. G. Durand), Paris, Gallimard, 1987, spec, cha
pitre IV: «Réflexions à propos de la révolution de l'art grec», pp. 155-192. En ce qui
concerne la notion d' «image», cf. S. Rosen, Plato's Sophist. The drame of original and
image, New Haven/Londres, Yale University Press, 1883, spec. pp. 147-169.
2 Nous suivons ici la traduction de N. L. Cordero (GF-Flammarion, 1993) avec
quelques modifications. À propos de cette traduction, il nous semble important de signaler
que les deux expressions centrales des passages que nous citons ici posent problème, à
savoir eïicacmKfi téxvt| et (pavxao~ciKr|. Cordero choisit de les rendre respectivement par 232 Laura Rizzerio-Devis
Pour mieux saisir la valeur de ces deux extraits et leur exacte signifi
cation, il est intéressant de les situer dans le contexte global du dialogue. Le
art de la copie et par art de l'illusion et nous l'avons suivi dans son choix, dont il
s'explique aux notes 111-113 de sa traduction (p. 228), et qui nous semble judicieux. En ce
qui concerne le choix du terme «copie» pour eIkôç, il est dû à la nécessité de réserver le
terme «image» au grec sïôoX,ov, sans confondre les deux vocables, même si Platon les uti
lise souvent comme synonymes. Le choix de Cordero nous semble d'autant plus acceptable
que, pour Platon, la elicacmKri xéxvri semble produire effectivement des «copies
conformes» au modèle, des copies qui veulent imiter celui-ci en suivant exactement ses
proportions et ses couleurs. Elles sont donc plus des copies que des images. En ce qui
concerne le choix d'«illusion» pour (pâvxaaua, (pavTaaTiicf|, il est justifié par le fait que
ce terme grec signifie, chez Platon, le type d'imitation la plus éloignée du modèle, qui est
caractéristique d'hommes incapables de bien voir la réalité et que Platon définit aussi
com