Des suprêmes biens et des suprêmes mauxCicéronTRADUIT PAR M. GUYAU (deux premiers livres), 1875LIVRE PREMIEREXPOSITION DE LA MORALE ÉPICURIENNECHAPITRE PREMIER. Préambule.Je n'ignorais pas, Brutus, en confiant à la langue latine des sujets déjà traités engrec par des philosophes d'un grand génie et d'un profond savoir, que mon travailallait encourir des reproches divers. Les uns, sans être absolument dépourvusd'instruction, ne peuvent souffrir qu'on s'applique à la philosophie. Les autres ne ladésapprouvent pas à ce point, pourvu qu'on s'en occupe avec modération ; mais ilsvoudraient qu'on y consacrât un peu moins d'étude et de peine. Il y en aura d'autresqui, sachant le grec et méprisant leur propre langue, diront qu'ils aiment mieuxprendre la peine de lire les grecs. Enfin, je n'en doute point, quelques-uns merappelleront à d'autres études : ce genre d'écrire, diront-ils, quel qu'en soit lecharme, ne convient pas assez à votre rang et à votre caractère.Il ne sera pas inutile, je crois, de répondre à chacun d'eux en particulier. Il est vraique j'ai déjà suffisamment répondu aux ennemis de la philosophie dans ce livre oùje l'ai défendue hautement contre les reproches et les accusations d’Hortensius.Mon livre ayant eu votre approbation et celle des personnes que j'ai crues pouvoiren juger, j'ai entrepris de continuer, de peur de paraître exciter seulement lacuriosité des hommes, sans être capable de la retenir. Quant à ceux qui permettentde s'adonner ...
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