Consolation à PolybiusSénèqueTraduction M. Charpentier - F. Lemaistre, 1860.[0,0] A Polybe.[1,1] --- Ces grands ouvrages, comparés au corps humain, semblent solides:considérés selon les lois de cette nature qui détruit, qui rappelle toutes choses aunéant dont elle les a tirées, ils sont bien frêles. Comment rien d'immortel eût-il pusortir de nos mortelles mains ? Les sept fameuses merveilles du monde, et ce qu'apu bâtir de plus prodigieux encore la vanité des âges suivants, tout cela un jour onle verra couché au niveau du sol. Oui, rien n'est fait pour durer toujours, presque rienpour durer longtemps; chaque chose a son côté fragile, et si le mode de destructionvarie, au demeurant tout ce qui commence doit finir.[1,2] L'univers aussi, selon quelques-uns, est condamné à périr; et ce bel ensemblequi embrasse tout ce qui est dieu comme tout ce qui est homme, un jour, s'il estpermis de le croire, un jour fatal le viendra dissoudre et replonger dans la nuit dupremier chaos. Osons maintenant nous lamenter sur des morts individuelles ; osonsgémir sur la cendre de Carthage, de Numance, de Corinthe, de toute villeprécipitée encore de plus haut, s'il se peut, quand l'univers, qui n'a pas où tomber,doit périr comme elles ! Osons nous plaindre que les destins, qui consommerontcette ruine dont la pensée fait frémir, ne nous aient pas seuls épargnés![1,3] Quel être assez superbe, assez effréné dans ses prétentions, voudrait, sousl'empire de cette loi de la nature, ...
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