Consolation à MarciaSénèqueTraduction M. Charpentier - F. Lemaistre, 1860.[1,0] CONSOLATION À MARCIA.[1,1] Si je ne vous savais, Marcia, aussi éloignée de la pusillanimité de votre sexeque des autres faiblesses de l'humanité; si votre caractère n'était admiré comme unmodèle des mœurs antiques, je n'oserais m'opposer à une douleur comme la vôtre,douleur à laquelle des hommes mêmes s'abandonnent sans pouvoir s'en arracher.Je ne me serais pas flatté, dans un moment si défavorable, près d'un juge siprévenu et pour une cause si désespérée, de réussir à vous faire absoudre lafortune. J'ai été rassuré par votre vigueur d'âme bien connue, et par ce couragedont vous avez donné une éclatante preuve.[1,2] On n'ignore pas quel fut votre dévouement à la personne d'un père pour lequelvotre tendresse fit les mêmes vœux que pour vos enfants, sauf celui de le laisseraprès vous, et ce vœu même peut-être encore l'avez-vous formé: car les grandesaffections se permettent bien des choses au-delà des sentiments les plus légitimes.Quand votre père, Cremutius Cordus, résolut de mourir, vous vous opposâtes detoutes vos forces à son projet; dès qu'il vous eut prouvé que c'était l'unique moyend'échapper aux satellites de Séjan et à la servitude, sans approuver sadétermination, vous y prêtâtes une adhésion forcée, vos larmes coulèrentpubliquement; vous étouffâtes vos gémissements, il est vrai, mais ce ne fut passous un front joyeux, et cela dans un temps où c'était une grande ...
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