Consolation à HelvieSénèqueTraduction M. Charpentier - F. Lemaistre, 1860.[0,0] Consolation à HELVIE.[1,1] Souvent, ô la meilleure des mères, j'ai été tenté d'adoucir vos peines, souventj'ai retenu l'élan qui m'y portait. Plusieurs motifs m'encourageaient à l'entreprendre.D'abord il me semblait que, suspendre au moins un instant vos larmes, s'il nem'était permis d'en arrêter le cours, c'était me décharger du poids de toutes mesinfortunes; ensuite je n'ignorais pas que j'aurais plus d'empire pour ranimer votrecourage, si je sortais le premier de mon abattement; enfin, j'appréhendais qu'enlaissant la victoire à la fortune, elle ne triomphât de quelqu'un des miens. Jem'efforçais donc de me traîner, la main appuyée sur ma blessure, pour mettre unappareil sur la vôtre.[1,2] Mais d'autres motifs retardaient l'exécution de mon dessein. Je savais qu'il nefallait pas heurter de front votre douleur, dans toute la vivacité de son premieraccès: les consolations n'auraient servi qu'à l'irriter et à l'aigrir. Dans les maladiesmême du corps, rien de plus dangereux que des remèdes précipités. J'attendaisdonc que votre douleur épuisât ses forces d'elle-même, et que, disposée par letemps à supporter les consolations, elle devînt plus docile et plus traitable.D'ailleurs, en parcourant les monuments des génies les plus célèbres sur lesmoyens d'adoucir et de calmer les chagrins, je n'y trouvais pas l'exemple d'unhomme qui eût consolé sa famille, lorsque lui- même était ...
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