[1]Capital et RenteFrédéric Bastiat1849IntroductionDans cet écrit, j’essaie de pénétrer la nature intime de ce qu’on nomme l’Intérêtdes capitaux, afin d’en prouver la légitimité et d’en expliquer la perpétuité.Ceci paraîtra bizarre ; mais il est certain que ce que je redoute, ce n’est pas d’êtreobscur, mais d’être trop clair. Je crains que le lecteur ne se laisse rebuter par unesérie de véritables Truismes. Comment éviter un tel écueil quand on n’a às’occuper que de faits connus de chacun par une expérience personnelle, familière,quotidienne ?Alors, me dira-t-on, à quoi bon cet écrit ? Que sert d’expliquer ce que tout le mondesait ?Distinguons, s’il vous plaît. Une fois l’explication donnée, plus elle est claire etsimple, plus elle semble superflue. Chacun est porté à s’écrier : « Je n’avais pasbesoin qu’on résolût pour moi le problème. » C’est l’œuf de Colomb.Mais ce problème si simple le paraîtrait peut-être beaucoup moins, si on se bornaità le poser.Je l’établis en ces termes : « Mondor prête aujourd’hui un instrument de travail quisera anéanti dans quelques jours. Le capital n’en produira pas moins intérêt àMondor ou à ses héritiers pendant l’éternité tout entière. » Lecteur, la main sur laconscience, sentez-vous la solution au bord de vos lèvres ?Je n’ai pas le temps de recourir aux économistes. Autant que je puis le savoir, ils nese sont guère occupés de scruter l’Intérêt jusque dans sa raison d’être. On ne peutles en blâmer. À l’époque où ...
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