Baccalauréat et socialismeFrédéric Bastiat1848Citoyens représentants,J’ai soumis à l’Assemblée un amendement qui a pour objet la suppression desgrades universitaires. Ma santé ne me permet pas de le développer à la tribune.[1]Permettez-moi d’avoir recours à la plume .La question est extrêmement grave. Quelque défectueuse que soit la loi qui a étéélaborée par votre commission, je crois qu’elle marquerait un progrès signalé surl’état actuel de l’instruction publique, si elle était amendée ainsi que je le propose.Les grades universitaires ont le triple inconvénient d’uniformiser l’enseignement(l’uniformité n’est pas l’unité) et de l’immobiliser après lui avoir imprimé la directionla plus funeste.S’il y a quelque chose au monde qui soit progressif par nature, c’estl’enseignement. Qu’est-ce, en effet, sinon la transmission, de génération engénération, des connaissances acquises par la société, c’est-à-dire d’un trésor quis’épure et s’accroît tous les jours ?Comment est-il arrivé que l’enseignement, en France, soit demeuré uniforme etstationnaire, à partir des ténèbres du moyen âge ? Parce qu’il a été monopolisé etrenfermé, par les grades universitaires, dans un cercle infranchissable.Il fut un temps où, pour arriver à quelque connaissance que ce soit, il était aussinécessaire d’apprendre le latin et le grec, qu’il était indispensable aux Basques etaux Bas-Bretons de commencer par apprendre le français. Les langues vivantesn’étaient pas fixées ; ...
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