AU DELA DU BIEN ET DU MALDeux extraitsFriedrich Nietzschetraduction Daniel Halévy et Fernand Gregh, précédée de« Frédéric Nietzsche »Le banquet, Année 1, Paris, 1892, no. 1, pp. 36-40Les deux extraits qui suivent, tirés de Jenseits von Gut und Bose (Au-delà du bienet du mal, Introduction à une philosophie de l'avenir) et traduits pour la première foisen français, donnent une idée assez juste de deux thèses fondamentales deNietzsche, concernant l'une la Morale, l'autre la Religion. D. H. et F. G.I. LES DEUX MORALESEn me promenant à travers les nombreuses morales, délicates ou grossières, quiont régné ou régnent encore en ce monde, j'ai rencontré certains traits quiapparaissent constamment liés les uns aux autres ; peu à peu deux types essentielsse sont révélés à moi, d'où a surgi une distinction fondamentale. Il y a la Morale desMaîtres et la Morale des Esclaves. Un abîme sépare les deux conceptions que sesont faites de la valeur morale : d'une part, une race dominatrice qui avaitsuperbement conscience de sa supériorité ; d'autre part, une race assujettie, unerace d'esclaves et des valets de tout rang. Dans le premier cas, quand ce sont lesMaîtres qui ont défini la notion « Bien », ce sont les facultés élevées et fières del'âme qui sont conçues comme les critères du bien et les fondements de toutehiérarchie. L'homme supérieur éloigne de lui les êtres en qui il constate le contrairede ces facultés élevées et fières : il les méprise. On remarque que ...
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