Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2003 - Volume 91 - Numéro 338 - Pages 239-250Deux objectifs étaient assignés à cette étude consacrée à la prescription médicinale des épices durant la période de l'Empire Romain : analyser la pharmacopée romaine et présenter les premiers éléments d'une «archéopharmacologie». Un bref rappel est présenté du «monde romain des épices» : les substances aromatiques de toute provenance y tenaient une place importante, comparable, par bien des égards, à celle du pétrole dans notre société. Un total de 2500 citations ont été analysées sur support informatique dans ce travail résumant l'oeuvre de douze auteurs, en particulier Celse, Dioscoride, Scribonius Largus, Marcellus, Pline l'Ancien, Galien, et portant sur plus de trente épices en provenance de contrées exotique (Orient, Inde, Chine et Sud-Est asiatique), en particulier : férules, poivre, encens, myrrhe, safran et cannelle. Les indications données à ces épices médicinales (en particulier en ce qui concerne la pneumologie, la dermatologie, la pathologie ORL et gastro-entérologique) ne diffèrent pas notablement de ce qui est assigné aux autres plantes aromatiques : plus que la provenance, le critère des choix paraît se situer dans le «profil thérapeutique» donné par la tradition à chacune des substances. Les arguments ne manquent pas pour reprendre l'exploration d'un vaste savoir que le «scientisme» des siècles précédents avait ignoré. Parmi bien d'autres arguments, l'apparition de nouvelles disciplines telles l'ethno-botanique et l'ethno-pharmacologie ainsi que des nouvelles techniques d'analyse des textes anciens font envisager l'émergence prochaine d'une nouvelle discipline consacrée à la recherche de nouveaux médicaments orientée par les textes de l'Antiquité.
Use of Ancient texts in modern therapeutic research.
Two main purposes were assigned to this study of medicinal prescription of spices at the time of the Roman Empire : analyze Roman pharmacopoeia of spices in reference to modern criteria and assess a new discipline, close to «ethno-botany» and «ethno-pharmacology», aiming to a new approach of drug research : «archeopharmacology». A brief overview is given of the Roman world of spices : all aromatic substances from Orient, India and Far-East held a major place which can only be compared to the role of petroleum in our modern times. The study is conducted on a thesaurus of 2500 quotations from twelve authors : Apicius, Caelius Aurelianus, Cassius Felix, Celsus, Dioscorides, Galen, Marcellus, (Anonymous) Mulomedicina, Pelagonius, Pliny the Elder, Serenus Sammonicus and Scribonius Largus and a set of 33 medicinal spices among which : cyperus, ferulas (Asa foetida), frankincense, pepper, myrrh and saffron. Medicinal use of spices (mainly for pneumology, dermatology and gastroenterology) do not differ notably from the rest of Roman pharmacopoeia : the main criteria for prescription of spices is not their place of origin but a «therapeutic profile» which is clearly assigned to each substance by tradition. During the last decades, new methods of therapeutic research : ethno-botany and ethno-pharmacology have been used extensively to explore traditional medicines. A new discipline is ready to emerge : «archeo-pharmacology», aiming towards a drug research based on Ancient texts.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.
Voir