Mémoire professionnel IUFM centre de Caen Mouton Laurent PLC2 Lettres Modernes Les modalités d’étude d’une oeuvre cinématographique en tant qu’oeuvre intégrale au lycée : Exemple : Etude de Shining de Stanley Kubrick Directeur de mémoire : M. Tenret Année universitaire 1998-1999 Table des matièresPrésentation de la classe au sein de l’établissement : p1 I ) Le choix et les objectifs de la séquence : p 4 A ) Pourquoi étudier une oeuvre cinématographique ? p 4 B ) Les objectifs de la séquence : p 7 II ) Descriptif et analyse de la séquence d’enseignement : p 10 A ) Les différentes étapes de l’analyse : p10 La séquence au sein de l’année scolaire : p10 Moyens et outils mis à disposition : p 11 B ) Présentation de la séquence : p 12 Etape préliminaire : prolégomènes à une étude de la grammaire de l’image : p 12 Etude de l’oeuvre cinématographique : problématique envisagée et thèmes étudiées : p 15 Les différents extraits d’oeuvres étudiés : p 27 C ) les applications : p 29 Exercices proposés : p 29 L’évaluation : les devoirs mis en place : p 32 III ) Les apports d’une telle séquence : p 35 A ) Bilan critique de la séquence par rapport aux objectifs : p 35 Les objectifs atteints : p 35 Aspects négatifs de la séquence et principes à modifier : p 36 B ) les prolongements : p 37 C ) les leçons retirées : p 39Présentation de la classe au sein de l’établissement : Notre classe de seconde générale, au sein du lycée Augustin Fresnel à Caen, se compose de 33 élèves, dont l’âge ...
IUFM centre de CaenMouton LaurentPLC2 Lettres ModernesMémoire professionnelLes modalités détude dune oeuvre cinématographique en tant quoeuvreintégrale au lycée :Exemple : Etude de Shining de Stanley KubrickDirecteur de mémoire : M. TenretTable des matièresAnnée universitaire 1998-1999
Présentation de la classe au sein de létablissement :I ) Le choix et les objectifs de la séquence :A ) Pourquoi étudier une oeuvre cinématographique ?B ) Les objectifs de la séquence :II ) Descriptif et analyse de la séquence denseignement :A ) Les différentes étapes de lanalyse :La séquence au sein de lannée scolaire :Moyens et outils mis à disposition :B ) Présentation de la séquence :Etape préliminaire : prolégomènes à une étude de la grammaire de limage :Etude de loeuvre cinématographique : problématique envisagéeet thèmes étudiées : Les différents extraits doeuvres étudiés :C ) les applications :Exercices proposés :Lévaluation : les devoirs mis en place :III ) Les apports dune telle séquence :A ) Bilan critique de la séquence par rapport aux objectifs :Les objectifs atteints :Aspects négatifs de la séquence et principes à modifier :B ) les prolongements :C ) les leçons retirées :1pp4p4p7p0101ppp1110p211p2pp1257p92p32p295p3p35p36p3573pp39
Présentation de la classe au sein de létablissement :Notre classe de seconde générale, au sein du lycée Augustin Fresnel à Caen, se composede 33 élèves, dont lâge varie de quatorze à dix-huit ans, dun niveau de français moyen. Laclasse comporte huit redoublants, les options pratiquées sont anglais en première langue etespagnol en seconde langue, sciences économiques et sociales, et quinze élèves ont choisi desinitier en plus à linformatique et pratiquent cette option, par plaisir ou en vue duneorientation en série STT. Lorientation souhaitée se répartissait, en fin de second trimestre, dela manière suivante : 15 élèves envisageaient une première ES, 11 une première STT, 6 unepremière S, et une élève seulement songeait à une série littéraire. Cinq élèves demandaient leredoublement si leurs choix nétaient pas retenus. Le conseil de classe du second trimestre aenvisagé cinq redoublements possibles si les résultats au dernier trimestre ne présentaient pasune évolution significative.La classe, dun effectif aux deux-tiers féminin, présente au niveau des résultats scolairesun profil assez hétérogène : au second trimestre, trimestre meilleur que le premier, deuxélèves ont respectivement 17 et 16 de moyenne générale, résultats idéalement scolaires, huitont une moyenne générale inférieure à 10 sur 20, quatre élèves présentant de sérieuses lacuneset un retard scolaire inquiétant. La moyenne en classe de français est de 11,25 sur les deuxtrimestres, deuxième meilleure moyenne de la classe après celle dhistoire-géographie : leniveau dans la matière littéraire est donc acceptable, même si chez certains la maîtrise de lalangue fait encore gravement défaut ou sencombre derreurs grossières. La grande lacuneobservée unanimement se situe surtout au niveau méthodologique : se servir de manièrepertinente des outils danalyse à disposition ou appris en cours, structurer sa pensée de façonorganisée sont les deux écueils les plus fréquemment rencontrés. Létude du cinéma, et doncde nouveaux outils danalyse spécifiques à limage en mouvement, permettra, comme nouspourrons lobserver, par lutilisation dun médium neuf à leurs yeux comme sujet détude, dereprendre à sa source les mécanismes de linterprétation.Néanmoins le niveau scolaire acceptable de la classe (la moyenne toute matièreconfondue sur les deux premiers trimestres est de 10,13) saccompagne, de lavis desenseignants de cette seconde, dune attention fluctuante accompagnée de bavardagesintempestifs et dun comportement inconstant de certains élèves, minant le travail en classe, letout accompagné dune fâcheuse tendance générale à travailler essentiellement « pour lanote ».
Un dernier point concernant la classe confiée dans la pratique du stage en responsabilitémérite dêtre soulevé, car il détermine en partie notre sujet détude : il est important deprendre en compte lorigine géographique et sociale des élèves au sein de létablissement etles incidences culturelles qui en découlent.Tout dabord, les élèves du lycée A. Fresnel sont issus essentiellement de 76 communessituées autour de Caen (115 sur 414 élèves de seconde proviennent de Caen et Ifs). Il sagit dezones rurales dont les communications avec Caen ne sont pas toujours aisées, ni fréquentes.Le temps de parcours est donc long : une enquête faisait état dune moyenne dheure et dixminutes de transport par élève par jour. Les contraintes sont donc lourdes pour les élèves dansla gestion de leur temps : temps de transport, de travail au lycée, de travail à la maison.Léloignement induit de plus une fréquentation restreinte des centres culturels, théâtre,expositions, musées, mais aussi cinéma : la distance existante entre les zones rurales ou semi-rurales et Caen, ville où les salles dexploitation sont présentes et proposent un choiximposant de films1, amenuise la fréquentation des salles obscures (après sondage dans notreclasse, moins dune fois par mois, dans des salles ne proposant pas la classification art etessai) et impose le film dans la petite lucarne du support audiovisuel.En outre, les élèves du lycée Fresnel appartiennent à des milieux sensiblement plusdéfavorisés que la moyenne académique ou nationale (37,8 % de jeunes issus de milieuxdéfavorisés au sein de létablissement, contre 33,4 % dans lAcadémie et 30,2 % en France).La part de ces milieux est donc importante, sans cependant être prédominante pour lensembledes familles. Ceci doit être pris en compte au niveau des difficultés financières possibles etréelles des familles pour tout projet éducatif (ne serait-ce que lachat dun livre étudié enclasse) et sobserve aussi dans le choix et le rythme des loisirs exercés. Cet état de fait induitun nouvel obstacle à la connaissance du cinéma : outre léloignement des lieux de diffusion,la faible fréquentation des salles sexplique aussi pour certains par linvestissement nécessité.En conséquence, le lycée constitue la source essentielle de lapprentissage culturel pour laplupart des élèves; doù lintérêt, en ce qui concerne létude dune oeuvre cinématographique,de proposer à ces adolescents un cinéma autre, différent de leurs habitudes cinéphiliques, etainsi de permettre à la majoroité dentre eux daccéder à une conception nouvelle du cinéma :un cinéma sécartant de la sphère connue du loisir et du consumérisme pour atteindre celle deloeuvre dart, donc dobjet détude et de plaisir enrichi.1 Caen est une des villes de France qui dispose, depuis louverture dun complex de salles, du nombre le plusimportant de salles de cinéma par habitant.
I ) Le choix et les objectifs de la séquence :A ) Pourquoi étudier une oeuvre cinématographique ?Nous avions fait part de notre souhait, en début dannée scolaire, de participer avecdautres collègues de létablissement à lopération « Lycéens au cinéma », notre tuteur etladministration étant favorable à lidée. Nous avons donc demandé à la classe si elle désiraitparticiper à cette opération et sinitier à létude filmique. La réponse étant positive, nous noussommes inscrit au projet. Mais les journées de formation concernant cette opération sedéroulaient sur quatre mercredi, jour aussi de formation à lIUFM. Il nous a donc été refusé departiciper à cette opération.Pour ne pas décevoir lattente des élèves, nous avons donc proposé à la classe létudedune oeuvre cinématographique comme oeuvre intégrale. Cette initiative était légitimée parlofficialisation de létude cinématographique en classe de français au lycée : leBulletinOfficiel n° 47 du 17 décembre 1998 portant sur « Loeuvre cinématographique inscrite auprogramme de lenseignement des lettres en lycée » confirmait qu« une oeuvrecinématographique, La Règle du jeu de Jean Renoir est inscrite au programme delenseignement de lettres pour lépreuve correspondante du baccalauréat général (B.O. n° 29du 16 juillet 1998) ». Il était en outre stipulé que « létude dune oeuvre cinématographiqueinscrite au programme de lenseignement des lettres dans les classes terminales (séries L etES) représente laboutissement dune initiation à la réception, lanalyse et linterprétation delimage, commencée dès le début de scolarité de collège. La maîtrise du mode dexpression etde communication que constituent les discours dont limage est le support essentiel est lundes objectifs généraux de lenseignement du français. Limage nest pas tenue pour uneillustration accessoire, mais pour un objet danalyse, dont létude permet, sur le planpédagogique, déduquer le regard, denrichir la sensibilité, de stimuler limagination,déveiller lesprit critique et de développer lexpression, en même temps quelle amène àdécouvrir un aspect important du patrimoine culturel. Le professeur fait progressivementprendre conscience à ses élèves des ressources dont dispose le réalisateur de cinéma ou detélévision pour raconter une histoire, pour créer la tonalité dun film, pour préciser lapsychologie des personnages, pour marquer les rapports entre eux et pour suggérer sa visionde la société et du monde. »« Laboutissement », « commencée dès le début de collège », « le professeur faitprogressivement prendre conscience à ses élèves » : laspect graduel de létude dune oeuvre
cinématographique présentée dans les Instructions Officielles motivait donc notre projet deséquence, dautant plus quaprès vérification, aucun des élèves navait véritablement étudié aucollège le cinéma en tant que forme distincte doeuvre dart.Ce désir denseigner une oeuvre cinématographique en tant quoeuvre intégrale est doncau départ un souhait des élèves. Le choix du genre étudié fut de même confié au libre arbitredes élèves : un court débat sest imposé au sein de la classe, et après délibération, le westernfut abandonné au profit du fantastique (de plus il nous a été salutaire détablir que le filmdaction nétait pas un genre en soi, laction pouvant sorchestrer dans le western ou lacomédie). En revanche, le choix du support fut décidé par lenseignant, en loccurrenceShining de Stanley Kubrick, choix gouverné, dans la profusion de films possibles, par affinitépersonnelle et par le caractère récent de la réalisation. Ce choix du genre par les élèves avaitpour fonction de révéler que lintérêt dun film nest pas une question de genre : le fantastiquenimplique pas ouvertement le simple divertissement ou le pur délassement, et inversement,un film qualifié dauteur ou présenté comme ayant une force artistique nest pas synonymedennui, de déplaisir ou de morne intellectualité.Dautre part, jeter son dévolu sur létude cinématographique permettait dexplorer lestatut de limage et sa représentation par les élèves. Il est communément rappelé que limageest régulièrement fréquentée par les adolescents, quelle fait partie de leur « culture », quelirruption dun monde dimages se répondant et entrant en connexion les unes avec les autres,labondance et la diversité accrue des flux dimages (images publicitaires, télévisuelles,virtuelles...) bouleversent les pratiques socio-culturelles et les comportements des individus àappréhender le monde. Cette doxa est dautant plus pernicieuse quelle établit comme objet deculture des supports qui nen sont pas. Comme « le double état de la parole, brut ou immédiatici, là essentiel » où « parler na trait à la réalité des choses que commercialement » défini parMallarmé, limage elle aussi revêt deux usages : limage de communication et limageartistique. Et les images côtoyées par les élèves sont avant tout de ce premier ordre, et neforment donc pas une culture, cest-à-dire un ensemble de connaissances acquises quipermettent de développer le sens critique, le goût et le jugement. Limage artistique, quellesoit fixe ou en mouvement, est donc pour beaucoup dadolescents une terre inconnue : notrepublic délèves, de par son milieu socio-familial, na pas une pratique intériorisée de limageplastique. Notre intention consistait donc initialement à les placer dans une posture de« découvreurs » : leur donner ainsi les véritables outils pour se forger une culture avérée delimage; être capable de différencier limage de communication, stérile, et limage artistique,enrichissante. Et cest à lécole daffirmer la nécessité dun enseignement de limage, mais
dune image digne détude. Il sera toujours temps danalyser, après lenseignement de limageartistique, limage de communication et ses facultés retorses de persuasion, deconditionnement, et dillusion, voire même dendoctrinement.Le choix détudier une oeuvre cinématographique dans son intégralité partait aussi dudésir de vivre une première expérience, jamais connue dans notre propre scolarité : analyserun support distinct des objets détudes canoniques, avec ce que cela entraîne dans la réceptiondes élèves : à la différence du livre, le cinéma nest pas considéré par eux comme faisantpartie de la culture scolaire. Cet état de fait postulait donc dans notre imagination deuxreprésentations opposées : lavantage probable dun intérêt plus prégnant concernant lesupport; linconvénient possible du statut de limage, non considérée de prime abord commesupport détude, mais comme amusement, distraction, nimpliquant pas la dimensioninterprétative du travail danalyse. On espérait donc, par le biais de lanalyse filmique et delétude du médium cinématographique, transmettre lidée que manier des notions formelles envue dune interprétation pouvait susciter du plaisir : létude dune oeuvre cinématographiquepouvait permettre ainsi dendiguer lidée reçue de la passivité liée à la réception de limage,de comprendre que lapproche critique dun film demande autant deffort que létude dunlivre, le processus de pensée fondé sur linterprétation étant le même.Enfin, analyser un film en classe nous permettait dexpérimenter la pratique dunepassion personnelle en objet détude dans sa pratique professionnelle, et ainsi de relayer uneinterrogation individuelle en recherche collective.B ) Les objectifs de la séquence :Certains objectifs étaient présupposés dans la création de la séquence. Dautres sontapparus en cours de réalisation, voire même une fois la séquence achevée dans les résultatsatteints et non attendus par lenseignant. Les objectifs initiaux de la séquence se résumaient àces quelques points :- refuser en classe de français létude du cinéma comme caution littéraire. Nous avonsrejeté dès le départ une conception utilitariste du cinéma dans lenseignement, telle quellepeut être pratiquée en classe de lettres par le biais de ladaptation littéraire (et son corollaire,la question de la « fidélité »2), ou en cours de langues comme support purement narratif.2 La question de ladaptation littéraire, et lidée de fidélité (de type Autant-Lara) ou de libre adaptation (Oliveiraou Godard) entraînent linterrogation sur les différences de structures esthétiques entre le cinéma et la littératurela même question se pose entre le théâtre et le cinéma). Posons lidée que ladaptation la plus fidèle possible nerend du livre que la trame, lintrigue, mais perd ce quil y a peut-être dessentiel à loeuvre : le style propre delauteur, qui donne à lintrigue sa cohésion, son univers. LeMadame Bovary de Chabrol est le plus fidèle
Exclure le problème de ladaptation revenait à défendre lidée détudier un film comme unefin en soi, et non comme un moyen : analyser le cinéma comme un art à part entière, unlangage autre, différent de la littérature. Cet objectif était dautant plus crucial que le filmchoisi, Shining, est librement adapté dun roman de Stephen King, auteur très lu par lesadolescents (et qui a très souvent, par sa médiocre qualité littéraire, été le prétexte à de trèsbons films : pensons à John Carpenter (Christine), Rob Reiner, (Misery et Stand by me), Briande Palma (Carrie)...). Le problème se pose aussi avec lensemble de loeuvre de Kubrick :Barry Lyndon, 2001, Orange mécanique, Full metal jackett, Lolita, (et Eyes wide shut, le filmposthume), sont des adaptations littéraires, et ne sont des grands films que parce quils ne sontpas extraits de grands romans.- initier les élèves à la « grammaire » de limage et à lunivers du cinéma. Parlacquisition des notions élémentaires requises pour lanalyse filmique, nous souhaitions faireprendre conscience aux élèves que les outils techniques et les formes cinématographiquesnont dintérêt que lorsquelles sont prises en charge dans lélaboration dun sens. Cettedémarche avait pour but, par le biais du cinéma, dintégrer que linterprétation est létapeultérieure indispensable à lobservation et au simple relevé formel des figures considérées.- par cette démarche, témoigner aux élèves que létude dun film met en scène lesmêmes procédés danalyse que létude dun livre. Ce quexprimeB luelletin Officiel : « Lesméthodes danalyse narratologique et sémiologique que requiert létude des oeuvres littérairessappliquent en effet avec la même pertinence à celle des oeuvres cinématographiques. »Nous espérions, par le biais de lanalyse filmique, une approche moins redoutée de létudelittéraire.- casser chez les élèves la représentation de lobjectivité des images. Lanalyse duneoeuvre cinématographique met de fait en évidence que limage nest pas le réel, mais commetoute forme artistique, une représentation sélective du réel, une parcelle choisie,volontairement ou non, du monde. Limage nest pas neutre, et si elle fait office de témoin, ilfaut toujours sinterroger sur la validité et les présupposés quelle entraîne. Etudier un filmnécessitait donc dexaminer avec les élèves le pouvoir insidieux de limage.- apprendre, par le biais du cinéma, des notions existantes ou applicables en littérature(notion de stéréotype, de focalisation, dincipit...)possible au roman, mais est-il fidèle à lécriture de Flaubert, à ce qui fait sa singularité et sa valeur artistique ?Que reste-t-il du livre dans La Nuit du chasseur ? Il y a ici deux structures esthétiques différentes, et rendre lunpar lautre nécessite la perte dans chaque cas de ce qui le caractérise en propre. Imaginons un instant le processusinverse, adapter littérairement La rue sans joie ou Pierrot le fou, et le résultat nous paraîtrait inévitablementappauvrissant.
- par létude du film choisi, exposer aux élèves la notion de cinéma dauteur, de cinémadart, établir la fonction primordiale dans le processus créatif du metteur en scène /réalisateur. Il était pour nous essentiel, par lapproche de lhomme Kubrick et de son oeuvre,de mettre en évidence, sans discours culpabilisateur, la dimension artistique du 7ème art,supplantant le simple caractère commercial ou divertissant de lindustrie cinématographique.Ainsi nous voulions démontrer que le plaisir de vision du film (lefficacité de Shining estindéniable) nentrait pas en concurrence avec la dimension esthétique et réflexive de loeuvre,mais bien au contraire sajoutait à celle-ci pour créer un contentement encore supérieur. Etque ce processus de satisfaction accrue était vécu dans toute entreprise danalyse,cinématographique ou littéraire. Notre maigre ambition était donc de donner aux élèves lesoutils permettant de passer au sujet dun film dun jugement indistinct au jugementdiacritique, avec quelques pistes dinterprétation vers le jugement axiomatiqu3e.- lier cette séquence à une autre, largumentation, pour rendre cette dernière plusattractive ou plus digeste.3LArt du cinémavoirenannexeletextedAlainBadiou,«Peut-onparlerdunfilm?»,dans,oùcescatégoriessont explicitées.
II ) Descriptif et analyse de la séquence denseignementA ) Les différentes étapes de lanalyse :La séquence au sein de lannée scolaire :La séquence détude de loeuvre cinématographique sest écoulée de la mi-décembre au12 février, date des vacances dhiver. Elle sest déroulée en parallèle à une séquence surlargumentation, le cinéma ayant servi de support initial à la réflexion argumentative(rédaction de critique cinématographique, devoir argumentatif portant sur le cinéma). Deuxheures sur les quatre denseignement étaient consacrées au projet, lheure de module servantprincipalement durant cette période à lanalyse de séquences du film ou dautres oeuvres. Lerythme de la séquence a donc été assez soutenu, sans pour autant accaparer la totalité de lamasse horaire impartie.Létude dune oeuvre intégraleL, e Chef-doeuvre inconnude Balzac et Le Portraitovale dE. Poe, avait précédé cette analyse de limage en mouvement commencée en fin depremier trimestre : le fait de sêtre exercé avec les élèves à lexamen de ce que lon nommedes « classiques » légitimait notre choix à ce stade de lannée de pouvoir aborder un domainemoins canonique ou qui pourrait être qualifié par linstitution (formateur ou collègues) ou pardes possibles réactions de parents délèves, de moins « scolaire ». De même, la volonté demettre en place une autre séquence en parallèle qui soit en relation directe avec lesprogrammes et attentes de lenseignement du français, notamment par sa qualité dépreuve duBaccalauréat, a facilité notre démarche. De plus, les oeuvres étudiées au premier trimestreayant engagé entre autre une réflexion sur limage fixe et le domaine pictural, figuratif etabstrait, lanalyse de limage en mouvement sintégrait donc parfaitement dans uneprogressive.Lenseignement de largumentation sest poursuivi au-delà de la séquence détudefilmique, et a succédé à un travail danalyse littéraire portant sur linitiation au commentairecomposé, axée sur lanalyse dun groupement de textes de poèmes de Rimbaud, choix ànouveau scolairement canonique et traditionnellement recevable au sein dun cours defrançais.Moyens et outils mis à disposition :
Le film étudié ou les extraits doeuvres présentés provenaient de notre proprevidéothèque. Néanmoins, le CDI du lycée dispose dun fond important de films en cassettesvidéo, notamment de films étrangers en version originale : cela a permis, pour lanalysedextraits de Citizen Kane de Welles par exemple, de disposer, en plus de notre copiepersonnelle, dautres copies du même film, afin de caler les séquences étudiées et ne pasperdre de temps à sélectionner sur une seule bobine la séquence recherchée.Lorganisation matérielle des projections est au lycée idéale : presque toutes les sallesde classe disposent dun téléviseur et dun magnétoscope sur chariot, matériels indispensablespour concevoir cette entreprise. Lanalyse de séquences na donc par chance jamais ététributaire dun manque de moyens ni assujetti à un quelconque problème technique. Desurcroît, le lycée dispose dun amphithéâtre équipé dun système de projection sur grandécran, faisant ainsi bénéficier aux élèves des mêmes conditions de vision quen salle.Un bref questionnaire (présenté en annexe) concernant le film avait été distribué à laclasse avant la projection, avec pour exigence dy répondre le soir même pour le lendemain,afin de ne pas laisser le temps morceler ou effacer le souvenir de loeuvre vue. Cettedémarche avait pour but de restreindre la possible attitude passive des élèves face à la visiondu film (savoir que cette projection du film allait demander une production écrite contrôléeinduisait une attention accrue), sans interrompre le plaisir de la réception par une prise denotes pendant la projection. Cette solution bâtarde entre la prise de notes simultanée à laprojection et la simple vision du film pour une analyse ultérieure est celle qui nous a paru laplus homogène entre lagrément et la volonté danalyse, sachant que le film sera ensuiteétudié de manière plus détaillée par séquences.B ) Présentation de la séquence :Etape préliminaire : prolégomènes à une étude de la grammaire de limage :Un des objectifs de la séquence était de tenter de mettre en évidence certainescaractéristiques esthétiques du cinéma, les moyens dont il dispose et les effets quil crée sur lespectateur. Cette amorce dinitiation à lanalyse de limage et du cinéma a donc toutnaturellement débuté par ce questionnement présenté à la classe : pourquoi faire de lanalysede film ?