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UNIVERSITE PARIS EST – VAL DE MARNE
Institut de Recherche en Gestion
ENTRE IDEES ET PROJETS D’INNOVATION :
APPROCHE SOCIOCOGNITIVE & PERSPECTIVE STRATEGIQUE
THESE
Pour l’obtention du titre de
DOCTEUR ES SCIENCES DE GESTION
Soutenue publiquement le 22 février 2008
par Hai Chau TRAN épouse COURNEDE
JURY
Directeur de thèse
Thomas DURAND, Professeur, Ecole Centrale Paris
Rapporteurs
Stéphanie DAMERON, Professeur, IAE de Rouen
Albert DAVID, Professeur, Ecole Normale Supérieure de Cachan
Suffragants
Gille GAREL, Professeur, Ecole Polytechnique & Université Paris Est
– Marne la Vallée
Thierry GAUDIN, Prospectiviste, 2100
Gérard KOENIG, Professeur, Université Paris Est – Val de Marne
Jean-Yves THONNELIER, Directeur Scientifique, Groupe Air Liquide
A mes parents, ma petite famille,
et à tous ceux qui veulent vivre et revivre
l’expérience fondamentale de l’état naissant.
3Remerciements
Je tiens à remercier mon directeur de thèse, professeur Thomas Durand pour son écoute
attentive, sa vision pertinente et sa confiance sans faille le long de ce parcours pour la
connaissance.
Mes remerciements vont également à Madame Susanne Pontier, à l’Institut de
Recherche en Gestion de l’Université Paris 12 – Val de Marne, et particulièrement au pôle de
Management, qui m’ont apporté des soutiens indispensables pour la réalisation de cette thèse.
Je voudrais saluer les membres de l’association des doctorants de Paris 12 avec qui j’ai
passé des moments intenses intellectuellement et culturellement.
Je tiens à exprimer également ici mon immense gratitude pour l’aide précieuse du
laboratoire Stratégie & Technologie de l’Ecole Centrale Paris, tant au niveau de
l’encadrement scientifique qu’au niveau de l’intégration sociale. C’est dans l’échange
quotidien avec ses membres que mes questionnements se sont affinés et que ma culture s’est
enrichie.
Au Groupe Air Liquide, je tiens à remercier chaleureusement Jean-Yves Thonnelier,
directeur scientifique du Groupe et expert – innovateur passionné, qui m’a donné l’accès à un
terrain empirique d’une richesse extraordinaire. J’adresse mes reconnaissances aux
innovateurs et aux managers qui m’ont confié leur mémoire et leur vision, m’offrant ainsi la
matière pour cette recherche. Mes remerciements vont également à la Direction du Centre de
Recherche Claude – Delorme, à Wanda Kurcharzick et Régine Boitel pour leur aide
précieuse.
La rencontre heureuse avec Marie-Ange Cotteret et Thierry Gaudin a orienté
considérablement mes recherches. Je tiens à leur témoigner ici toutes mon estime et ma
reconnaissance.
Je pense enfin à mes parents, ma petite famille, Paul-Henry et Amélia-Linh. Leur
présence est pour moi tout simplement le bonheur et me donne la force d’exploration.
Ce manuscrit est le fruit de tous leurs efforts. Il est authentique et riche de reconnaissance.
4Résumé
Comment les innovations naissent-elles ? Les scénarios varient d’une histoire à l’autre.
Ce qui demeure inchangé, c’est la présence d’un ensemble d’individus, impliqués de près ou
de loin, qui s’engagent dans un mouvement de transformation des idées abstraites en éléments
de plus en plus concrets. Les idées abstraites de solution correspondent à ce que la sociologie
de l’innovation appelle l’invention. L’invention ne se transforme en innovation que quand les
acteurs parviennent à donner un sens à l’invention initiale et se mobilisent dans sa
concrétisation.
Quelles sont les dynamiques de construction de sens dans l’émergence de
l’innovation ? A travers cette problématique de recherche, notre thèse vise à relever trois
défis théoriques :
(1) Décrire le processus d’émergence de l’innovation sous l’angle de la construction de
sens.
(2) Expliquer les phénomènes caractéristiques du processus d’innovation en termes de
dynamiques de construction de sens.
(3) Identifier des conditions organisationnelles et culturelles favorisant l’émergence de
l’innovation.
Aborder le phénomène d’émergence de l’innovation sous l’angle de la construction de
sens inscrit notre thèse dans une approche sociocognitive. Ceci nous conduit, dans une
première phase de construction théorique, à revisiter les champs théoriques de l’innovation
avec une grille de lecture particulière. Cette grille s’élabore en combinant notamment les
travaux sur la construction collective de sens (« organizational sensemaking ») de Karl Weick,
la sociologie de traduction de Michel Callon et Bruno Latour, et l’analyse processuelle
d’Andrew Pettigrew. Elle mobilise en outre certains travaux moins répandus jusqu’à
maintenant dans le management de l’innovation, à savoir les travaux en noologie d’Edgar
Morin, ceux en philosophie de la technique de Gilbert Simondon et ceux en ethno-technologie
de Thierry Gaudin.
Cette grille de lecture nous a servi de cadre d’observation et d’analyse dans notre
investigation empirique. Cette deuxième phase consiste en l’étude d’un cas de processus
d’innovation concret. Il s’agit du cas de l’entreprise Air Liquide avec l’histoire d’une
5innovation technologique majeure, celle du développement de la structure des garnissages
dans les unités de distillation cryogénique des gaz. La phase d’émergence de la technologie
des garnissages à Air Liquide a duré une dizaine d’années depuis l’apparition de l’idée
originale jusqu’au démarrage de l’industrialisation de la nouvelle technologie. Notre
recherche empirique se base sur l’intégralité des archives techniques conservées par
l’entreprise, sur le témoignage des principaux acteurs impliqués, et sur les observations issues
d’une immersion dans l’entreprise pendant une période de 18 mois.
Cette phase de recherche empirique nous a permis de conforter la pertinence de
l’approche par la construction de sens dans l’appréhension et la compréhension des
phénomènes qui se produisent tout au long du processus d’émergence d’une innovation. Nous
avons notamment approfondi, à travers les dynamiques de construction de sens, le concept de
paradigme technologique dans ses ancrages au sein de l’organisation et dans sa résistance à
l’émergence des technologies alternatives. Le passage par les aspects de la construction de
sens permet un phasage du processus d’émergence d’une innovation. Tout particulièrement,
l’étude empirique nous a permis d’articuler deux dynamiques complémentaires qui sont
structurantes dans le processus d’émergence de l’innovation : traduction et reconnaissance. La
première est issue essentiellement de la sociologie de traduction de Callon et Latour. La
deuxième, moins connue, est issue de la théorie de l’état naissant de Francesco Alberoni.
L’essence d’un processus d’innovation n’est pas seulement une conquête d’alliés par
intéressement et controverse. C’est aussi une quête de valeur, d’estime et de réalisation de soi
dans et par le collectif à travers la dynamique de « Re-co-naissance ».
Le concept théorique de Re-co-naissance, dynamique de renaître en collectif, est lui-
même en phase d’émergence mais son potentiel pour l’étude de l’innovation nous semble
particulièrement prometteur. Ceci nous a conduit, dans une troisième phase, à une
reconstruction théorique qui consiste à articuler les termes de cette dynamique dans une
complémentarité avec la dynamique de la traduction pour l’analyse de l’innovation. Cette
articulation s’appuie notamment sur les travaux théoriques de Thomas Kuhn, Karl Weick,
Francesco Alberoni et Paul Ricœur.
Cette thèse est une exploration théorique enracinée dans l’analyse empirique d’un
processus concret d’innovation. C’est un travail d’instauration de sens (Alain Souriau) à partir
d’observations empiriques qui ne sont que les traces d’actualisation contextuelles d’un
6processus concret. Notre travail d’instauration de sens ne porte pas tant sur la restitution des
événements passés à partir de ces traces observées (posture interprétativiste) que sur la
recherche des dynamiques profondes capables de générer ces types d’occurrence. C’est
précisément en cela que notre posture est constructiviste. Notre projet de connaissance, à
travers l’analyse des dynamiques de construction de sens, répond à une intention profonde du
chercheur, à savoir la recherche de nouvelles sources de compétences pour favoriser
l’innovation. Nous nous appuyons sur la plausibilité comme critère de validation int