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UNIVERSITÉ VICTOR SEGALEN BORDEAUX 2
École Doctorale des Sciences Humaines et Sociales
U.F.R. des sciences de l'Homme
Doctorat de Psychologie
thèse n° 1649
DYNAMIQUES IDENTITAIRES AU COURS DE
L'ACCOMPAGNEMENT VERS L'EMPLOI :
ENTRE RÉACTIONS AU STIGMATE
ET STRATÉGIES D'AUTO-HANDICAP
Djamshid Abdi SABÉRAN
(né le 8 avril 1970 à Paris)
15 décembre 2009
Membres du Jury :
- Denis CASTRA, Professeur à l'Université de Bordeaux 2, Directeur de thèse
- Ginette HERMAN, Professeur à l'Université Catholique de Louvain, Présidente du Jury
- André LECIGNE, Maître de Conférences HDR à l'Université de Bordeaux 2
- Claude LEMOINE, Professeur à l'Université de Lille 3, rapporteur
- Anne-Marie VONTHRON, Professeur à l'Université de Paris X, rapporteur
remerciements
Puisque la tradition m'en donne ici l'occasion, qu'il me soit permis de remercier tous
ceux qui m'ont permis de mener ce travail jusqu'à son terme.
Il y a d'abord ceux qui m'ont permis de le commencer : Jean-Léon Beauvois fut le
premier à m'encourager en me prodiguant ses conseils. Merci à lui d'avoir rendu ce
travail possible.
Denis Castra, mon directeur de toujours, accepta ensuite de me guider dans ce qui
apparaissait comme un quête incertaine. La liberté – de ton et de réflexion – qu'il m'a
permis d'adopter a donné à ce projet une saveur sans laquelle je n'aurais pu aller au
bout. Merci à lui d'avoir rendu ce travail faisable.
Il y a ensuite mes chefs et amis du CREDER, Catherine Dupin, Eric Fruchard et Jean-
Pierre Beaumont, dont l'ouverture d'esprit a permis une souplesse dans la mise en œuvre
du travail. Merci à eux d'avoir rendu ce travail organisable.
Merci à David Capes, mentor malgré tout, de m'avoir dit ce qu'il pensait même quand je
ne le lui demandais pas. Merci à lui d'avoir rendu ce travail utilisable.
Merci à tous mes collègues et confrères, du CREDER ou d'Espace Projet, qui ont accepté
de prendre de leur temps pour passer à la question, avec, pour ceux qui ont participé,
dans l'ordre de leur implication : Danièle Etchart, Valérie Lambert, Chantal Sigrist,
Sonia Bousquet, Anne-Cécile Cesbron, Fabienne Petrykowski, Cécile Roland, Catherine
Lanussé, Valérie Grenier, Hervé Masanet, Elisabeth Laffond, Annaïck Feigné, Hélène
Chaumet, Alexandra Herpin et Mirella Pino. Merci à eux d'avoir rendu leur travail
exploitable.
Merci aussi à 269 chômeurs, d'avoir rendu leur demande de travail étudiable.
Et il y a enfin, pour ne pas dire surtout, celles pour qui ce travail est allé à son terme,
celles qui ont accepté de laisser la porte fermée, qui sont restées sages,
et celle grâce à qui ce travail est allé à son terme, qui a géré la porte fermée, qui est resté
confiante,
merci à elles, Emma, Ellie et Valérie, d'avoir rendu ce travail … terminé.
2 INTRODUCTION
Il n'est plus aujourd'hui de moment particulier ou difficile d'une vie qui n'ait la possibilité
d'être facilité par un accompagnement.
Qu'il soit à la naissance, à la parentalité, à la scolarité, éducatif, à la création d'entreprise,
vers l'emploi, à la vie sociale, à la personne ou de fin de vie, l'accompagnement doit
pouvoir permettre à celui qui en bénéficie de surmonter ses difficultés.
L'accompagnement peut aussi s'appeler éducation, formation, initiation, conseil, guidage,
orientation, aide, assistance, secours, protection, counseling, parrainage, sponsoring,
tutorat, coaching, compagnonnage, mentoring…
Le recours aussi développé à l'accompagnement est relativement récent, ce qui interroge
sur les logiques de fond qui sous-tendent ce développement.
Deux façons d'esquisser des réponses sont possibles ici.
La première voit la bouteille à moitié pleine : dans une société solidaire,
l'accompagnement constitue une manifestation nouvelle et concrète de l'État providence,
qui tisse un filet de sécurité pour les plus en difficulté afin de leur permettre de résoudre
leurs difficultés, en bénéficiant de l'appui de personnes compétentes et dévouées.
La seconde regarde à peine la bouteille : dans une société complexe, changeante et
traversée par des enjeux de communication, il faut pouvoir apporter des réponses simples
à comprendre et à mettre en œuvre.
Simples à comprendre afin d'illustrer un engagement politique et convaincre de l'utilité de
l'action conduite.
Simples à mettre en œuvre parce chaque difficulté trouve son origine dans une
multiplicité de facteurs qui rendent toute solution structurante difficilement applicable.
Ainsi, l'accompagnement ne traite pas des causes, il permet de gérer leurs effets. On parle
d'ailleurs de "mesures d'accompagnement", lorsqu'une réforme engendre des
bouleversements trop brutaux.
En outre, l'accompagnement est prescriptif : non seulement il fait ou il aide, mais surtout
il aide à faire, initiant ainsi une dynamique qui pourra perdurer lorsqu'il aura cessé. Ses
bienfaits sont donc multiples : il oriente vers un but et montre comment l'atteindre, y
compris seul.
Prenons l'exemple de l'accompagnement vers l'emploi.
3 Si le développement de ce type de dispositif s'est considérablement accéléré au cours de
cette décennie, c'est précisément parce qu'il permet d'agir concrètement sur le chômage
quand cela devient particulièrement complexe à mettre en œuvre.
Dans un contexte de mondialisation, de réduction des marges de manœuvre budgétaires et
de "déstabilisation des stables" (Castel, 1995) qui apparaît de plus en plus comme
durable, l'accompagnement vers l'emploi permet d'aider ceux qui éprouvent le plus de
difficultés à retrouver un travail, à défaut de créer de l'emploi. Il contribue ainsi à lutter
contre le chômage de longue durée en modifiant la "file d'attente" (Garonna, 1992 ;
Jugnot, Renard et Traversier, 2006), maintenant actives les capacités professionnelles de
ceux qui retrouvent un emploi.
Ce développement n'est pas spécifique à la France : il concerne l'ensemble des pays
industrialisés, à des degrés divers et sous des formes que leurs traditions en matière de
régulation du marché du travail ont façonnées. Il est à relier à d'autres mesures ou
orientations, comme l'activation des dépenses publiques, le profilage, ou la flexi-sécurité.
L'idée qui sous-tend le développement de l'accompagnement vers l'emploi est finalement
très simple et opère en trois temps :
1- le prolongement du chômage provoque un découragement qui rend d'autant plus
difficile de "sortir" du chômage, au regard du fonctionnement du marché du travail ;
2- or, le chômage de longue durée a un coût – notamment psychologique – pour ceux qui
le vivent, mais aussi pour l'ensemble de la société ;
3- donc, il est nécessaire d'aider les chômeurs à retrouver du travail : c'est le rôle de
l'accompagnement vers l'emploi.
Réponse quasi idéale à la question du chômage, le développement de l'accompagnement
vers l'emploi suscite cependant au moins deux interrogations.
En gérant les conséquences du chômage de longue durée, l'accompagnement ne risque-t-
il pas d'induire une confusion dommageable entre les effets et les causes ? En d'autres
termes, on peut se demander où l'accompagnement place la responsabilité du chômage :
sans que le chômeur accompagné soit à l'origine de sa situation (ce n'est pas lui qui
décide des changements technologiques, du fonctionnement du système éducatif, du
mode de recrutement des entreprises, de l'histoire sociale et du cadre juridique des
relations de travail), c'est pourtant à lui qu'incombe la responsabilité d'en sortir. De cette
confusion de la causalité, on peut légitimement s'interroger sur ses conséquences,
4 notamment psychologiques, que le chômeur accompagné ait trouvé une solution ou pas.
Comment un chômeur qui ne trouverait pas d'emploi durable à l'issue de