Jean MacéS a i n t - E v r e m o n dRevue des Deux Mondes, Période initiale, 4eme série, tome 29, 1842 (pp. 243-281).Il y a des fortunes de renommée bizarres, des noms populaires auxquels il ne serattache aucun souvenir, ou peu s’en faut; des hommes célèbres à tout prendre,puisque tout le monde les connaît, mais dont personne ne connaît rien. A ceux-là, ilsemble que la postérité n’ait fait les honneurs d’une autre vie que pour la forme ellea conservé l’étiquette, sans se soucier de ce qui était dessous. Ces réflexions mevenaient l’autre jour en me rencontrant par hasard avec un de ces hommes dont iln’est resté que le nom. Je parcourais de l’oeil les rayons d’une de ces respectablesbibliothèques, vieux meubles de famille, où tant de livres oubliés dorment en paixsous leur reliure rouge, l’uniforme littéraire des deux derniers siècles, quand jetombai sur une rangée de douze petits volumes in dix-huit, intitulés : Oeuvres deSaint-Évremond. Le faites-nous du Saint-Évremond m’avait toujours intrigué. Jefus curieux d’avoir enfin le mot de cette littérature de gentilhomme si chère à Barbin,près de laquelle le XVIIIe siècle avait passé en l’honorant, comme par grace, d’unregard distrait, et dont le nôtre ne s’occupait déjà plus. Il faut le dire, le goût un peususpect du grand siècle en matière de petites productions, et l’admiration tropfacile de la cour de Louis XIV, en extase devant les sonnets de M. de Benserade,m’avaient tenu jusqu’alors en garde contre ...
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