Aux origines des monnayages armoricains : les quarts de statère d'or dits « au pontife forgeron » - article ; n°158 ; vol.6, pg 15-36
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01 janvier 2002
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Français
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.
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Gérard Aubin
Jean Hiernard
Aux origines des monnayages armoricains : les quarts de
statère d'or dits « au pontife forgeron »
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 158, année 2002 pp. 15-36.
Abstract
Abstract. — The so-called « pontiff-smith » quarter staters - from their apparent link with the metalliferous area of the Mauges
(southern Anjou) - seem to date from the beginning of the Armorican coinages (third or early second century ВС?). They are very
rare (13 known specimens) and very heavy (average weight: 2.0 g), of pure gold (ca. 90 %). They were discovered along the
Loire in Anjou, between the regions of Craon and Cholet. The typology on the obverse is inspired by Hellenic coinage (though
with degenerate designs), but the reverses present two riddles: on the one hand a little man with strange attributes, without
equivalent in the Mediterranean or European Celtic world; on the other hand symbols in the field (at present three in number)
possibly borrowed from the Iberian script. They were connected - perhaps wrongly - with the Corbilo emporium mentioned by
Polybius via Strabo. Critical survey of all known examples. Analyses by activation. Synthesis of the bibliography.
Résumé
11 12 13 14
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Aubin Gérard, Hiernard Jean. Aux origines des monnayages armoricains : les quarts de statère d'or dits « au pontife forgeron ».
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 158, année 2002 pp. 15-36.
doi : 10.3406/numi.2002.1434
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_2002_num_6_158_1434Aubin* et Jean Hiernard** Gérard
Aux origines des monnayages armoricains :
les quarts de statère d'or dits « au pontife forgeron »
(PL I-III)
Résumé. — Les quarts de statère dits « au pontife forgeron », à cause de leur lien apparent
avec la région métallifère des Mauges (Sud-Anjou), semblent se situer aux origines des mon
nayages armoricains (IIIe siècle ou début IIe siècle av. J.-C. ?), car il s'agit de monnaies très rares
(13 exemplaires connus), lourdes (moy. 2 g) et d'un or très pur (ca. 90 %). Elles ont été découv
ertes autour de la Loire angevine, entre Craonnais et Chol étais. Leur typologie, d'inspiration
hellénique pour les droits (sauf cas de motifs dégénérés), offre aux revers deux énigmes : un petit
personnage aux attributs étranges et sans équivalent, tant dans le monde méditerranéen qu'en
Europe celtique ; et des symboles dans le champ (trois connus actuellement) qui pourraient être
empruntés à l'écriture ibérique et ont été rapprochés - peut-être à tort - de Yemporion de Kor-
bilôn cité par Polybe via Strabon. Inventaire critique de l'ensemble de l'échantillon connu. Anal
yses par activation. Synthèse de la bibliographie du sujet.
Abstract. — The so-called « pontiff-smith » quarter staters - from their apparent link with
the metalliferous area of the Mauges (southern Anjou) - seem to date from the beginning of the
Armorican coinages (third or early second century ВС?). They are very rare (13 known speci
mens) and very heavy (average weight: 2.0 g), of pure gold (ca. 90 %). They were discovered
along the Loire in Anjou, between the regions of Craon and Cholet. The typology on the obverse
is inspired by Hellenic coinage (though with degenerate designs), but the reverses present two
riddles: on the one hand a little man with strange attributes, without equivalent in the Mediter
ranean or European Celtic world; on the other hand symbols in the field (at present three in numb
er) possibly borrowed from the Iberian script. They were connected - perhaps wrongly - with
the Corbilo emporium mentioned by Polybius via Strabo. Critical survey of all known examples.
Analyses by activation. Synthesis of the bibliography.
L'infinie variété des monnayages d'or du monde celtique résulte, on le sait,
de l'imitation de quelques modèles grecs seulement, importés de Méditerranée
orientale, parmi lesquels le type du statère de Philippe II de Macédoine, usité
longtemps encore après sa mort, tient, de l'avis des spécialistes, une place de
choix. Cette opinion, répandue depuis Adrien Blanchet au moins, mériterait
* Conservateur général du Patrimoine. Ministère de la Culture et de la Communication.
1, rue Stanislas Baudry 44035 Nantes Cedex 1.
** Université de Poitiers, Institut d'histoire, Hôtel Fumé, 8 rue René Descartes 86002
Poitiers Cedex.
RM 2002, p. 15-36 6 Gérard Aubin, Jean Hiernard 1
d'être sérieusement nuancée, et la recherche des modèles réserve bien des sur
prises, d'autant plus que la typologie des monnaies macédoniennes avait elle-
même inspiré d'autres monnayages hellénistiques comme celui de Tarente. Il
n'en demeure pas moins que l'association « tête d'Apollon / cheval androcé-
phale issu de la ré-interprétation du bige macédonien » a profondément mar
qué les séries émises par les peuples de l'Ouest gaulois.
Il existe cependant en Gaule, et plus précisément en Armorique, quelques
rares séries qui, au moins pour les revers, n'ont pas suivi ce modèle et présen
tent une typologie totalement originale et difficile à interpréter. Il s'agit, en
général, de petites dénominations, quarts de statère ou hémistatères, connues
(et frappées ?) en quantités apparemment très réduites. Elles semblent en outre
n'avoir circulé que dans quelques régions bien délimitées, sur le cours inférieur
de la Loire et en basse Normandie entre autres.
C'est l'une de ces séries, dite autrefois « au pontife forgeron » (BnF 6721-
6722) qui a retenu notre attention à la suite de la découverte par Guy Collin de
deux nouveaux exemplaires, dont une variété totalement inédite, ce qui porte
l'échantillon actuellement connu à treize individus1. Il s'agit de quarts de sta
tère de poids élevé et de bon or présentant, au droit, diverses variétés d'une tête
bouclée de type apollinien, en général sans couronne de laurier (ou leurs dégé
nérescences), et, au revers, un curieux petit personnage marchant à gauche,
accompagné de divers symboles.
Provenances
On trouvera in fine un catalogue des exemplaires connus. Nous avons fait
porter notre effort sur la détermination des individus existants ou ayant existé
réellement, et sur l'identification des lieux et dates de découverte, tous él
éments qui ont été singulièrement compliqués depuis un siècle et demi, en par
ticulier par les publication brouillonnes d'Alfred Poilane. Sur treize individus
repérés, nous connaissons neuf provenances précises ou approximatives
(fig- 1) :
1 .-2. « chez un orfèvre d'Ancenis » (n° 1 et 3) ;
(n° 4) ; 3. Cholet, ou la Séguinière, près de Cholet (Maine-et-Loire)
4. Andrezé (Maine-et-Loire) (n° 7) ;
5. Beaufort-en- Vallée (Maine-et-Loire) (n° 8) ;
1 Nos remerciements s'adressent aux directeurs et conservateurs du Cabinet des Médailles
de la Bibliothèque nationale de France (Michel Amandry et Michel Dhénin) et des musées de
Nantes (Jacques Santrot) et de Niort (Christian Gendron) qui nous ont permis d'étudier les monn
aies confiées à leur garde, ainsi qu'à Jean-Noël Barrandon, directeur de recherche au C.N.R.S.,
qui a procédé à leur analyse par activation protonique au Centre Ernest-Babelon (Orléans-La
Source) et nous a autorisés à en publier les résultats. Nous remercions également Guy Collin et
J.-Cl. Meuret de nous avoir signalé des découvertes récentes en Maine-et Loire et en Mayenne.
RN2002,p. 15-36 Les quarts de statère d'or dits « au pontife forgeron » 17
Fig. 1. Circulation des quarts de statère d'or dits « au pontife forgeron ».
Les ronds blancs désignent des provenances approximatives.
(n° 10) ; 6. Le Pin-en-Mauges (Maine-et-Loire)
7.-8. Athée (les Provenchères) (Mayenne) ou autour de Craon (Mayenne)
(n°9etll);
9. La Tessoualle, près de Cholet (Maine-et-Loire) (n° 13).
Même s'il convient d'être prudent, comme y invitait déjà Poilane lui-même
en 19282, sur la provenance des deux exemplaires achetés « chez des orfèvres
ď Ancenis », les foires ď Ancenis étant au XIXe siècle régulièrement suivies par
les cultivateurs du canton de Montrevault, la circulation de ces monnaies paraît
limitée à une très petite région, de part et d'autre de la Loire ange
